Trop tard

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− C'était intéressant. Qu'est-ce que t'en dis ? osa demander Tristan à Kyle.

− Tu parles ! Parler de Socrate pendant deux heures, c'était saoulant. L'introduction à la philo est sans intérêt, c'est seulement à partir du prochain cours que ça sera bien.

Tristan s'arrêta et examina les lieux.

− Qu'est-ce que t'as ? l'interrogea Kyle.

− On devait se retrouver ici avec Kaeïra.

− Elle a peut-être voulu profiter du soleil.

− Peut-être.

Un étudiant, assis, un magazine dans les mains, les avait entendus.

− Vous cherchez la nouvelle ? Kaeïra Dulac ?

− Oui, c'est ma sœur, tu sais où elle est ?

− Elle est partie dans cette direction il y a dix minutes avec Bastien Pericat. Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais, ce gars là, c'est pas ce qu'il y a de mieux.

− On est au courant, merci, répliqua sèchement Kyle.

Il se tourna vers Tristan.

− Je vais t'accompagner, faut que j'aille à la salle des profs.



Bastien et Kaeïra, assis l'un en face de l'autre, la main sur la planchette, répétaient sans cesse la même supplication.

− Esprit, viens à nous, nous t'invoquons !

Kaeïra avait une respiration quelque peu difficile et semblait éprouvée.

− Tu es sûr... que ça va marcher ? se renseigna-t-elle entre deux souffles.

− Bien sûr ! Tu ne sens pas la transe ? Tu entres dans un état de récepteur. Tu deviens plus réceptive à tout ce qui t'entoure. Continuons.

− Mais pourquoi... ça ne te fait rien... à toi ?

− Parce que j'ai l'habitude, lui sourit-il.

Ils poursuivirent leur conjuration.



Wind apostropha Kyle lorsqu'il passa devant la salle des professeurs. Elle le rejoignit dans le couloir.

− Je vous rejoindrai dans quelques minutes, on cherche la sœur de Tristan, l'informa Kyle avant qu'elle ne prenne la parole.

− Elle a disparu ? se renseigna-t-elle.

− Non, c'est juste qu'elle n'était pas à notre rendez-vous et qu'elle est partie avec un garçon du lycée, mais il n'y a pas de soucis à se faire, répondit Tristan.

− Elle s'est tirée avec Bastien Pericat, un petit branleur qui se sent plus depuis ce matin.

− Veuillez surveiller votre langage, Monsieur Alexandre, s'offusqua l'enseignante. Et pourquoi dites-vous qu'il n'est pas dans son état habituel ?

− Il semblerait qu'il soit un peu plus rebelle que d'habitude, mais c'est une petite crise, c'est fréquent chez ces gens-là, lâcha Kyle.

Wind fronçait les sourcils.

− Était-il violent ? s'informa-t-elle.

− Non, réfuta Tristan. Plutôt bizarre, d'après ma sœur. C'est d'ailleurs curieux qu'elle soit partie avec lui.

Le professeur posa les yeux sur Kyle en lui faisant un signe affirmatif de la tête.

− Je vous accompagne, s'ajouta-t-elle à leur duo.

Tristan ne dit rien, bien qu'il ne comprenait en rien l'inquiétude de Wind. Kyle, quant à lui, avait peur de saisir le sens de sa réaction.



La respiration de Kaeïra devenait de plus en plus difficile. Son corps était voûté et la planchette n'avait toujours pas bougé, signe que l'esprit n'était pas encore présent.

− Esprit... souffla-t-elle, viens à nous... nous... t'invoquons...

Sa respiration s'accéléra d'un coup. Elle regarda aussitôt Bastien.

− Qu'est-ce qui m'arrive ?

− Tu devrais plutôt demander "Qui est-ce qui arrive ?"

− Quoi ? ! se troubla-t-elle. La puissance ?

− Mieux que ça, sourit-il.

Kaeïra se leva tout à coup, étreignant son propre corps.

− Que... ? émit-elle.

Elle se tint la tête en grimaçant de douleur comme si elle allait éclater puis elle chuta au sol. Elle tapa des poings et finit par briser le sol, faisant preuve d'une force surhumaine.

− Non ! hurla-t-elle.

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