The Night Of Hope

Chapitre 1 - Aaron - Belfort

Maintenant, cela faisait plusieurs mois que je me cachais. Je devais beaucoup à mon ami, il avait accepté de me cacher dans son grenier, prenant alors tous les risques possibles, dont celui de perdre sa vie.

Aujourd'hui, il faisait chaud, très chaud mais je n'avais pas le choix. Même si Paul, mon fidèle ami, montait pour m'apporter mon repas quotidien, les journées étaient longues, ennuyeuses et répétitives. Je me demandais parfois si je ne revivais pas constamment le même jour. Que le temps passait lentement !

Quelquefois, c'était la panique : j'entendais les SS frapper à la porte et inspecter la maison de fond en comble. Ils ne m'ont pas encore trouvé mais ça viendra, je le sens, je le sais.

Alors, sans bruit, je vaquais à mes occupations ou du moins, j'essayais car les loisirs étaient rares là-haut, dans ce grenier habité par la solitude. Je lisais des livres qui se trouvaient dans les cartons abandonnés et empilés au fond de la pièce, couverts de poussière et visités par les araignées. Je tentais de m'imaginer, en vain, un monde où la guerre n'existerait pas et j'attendais avec impatience la visite méridienne de Paul. Ainsi, je pouvais parler un peu avec lui, il m'informait sur le monde, l'avancement des choses, il tentait parfois une parole de réconfort mais elle sonnait faux, faux comme toutes les promesses que l'on avait faites aux Juifs, il y a quelques temps. Malgré cela, Paul était un merveilleux ami, l'ami que tout le monde voudrait avoir. On pouvait toujours compter sur lui. Il ne trahirait personne.

Enfin, la chaleur s'apaisa et je vis le soleil décliner dans le ciel, ce même soleil que je regardais, moi, petit et ignorant du monde extérieur, de l'horreur dont était capable l'humanité; ce soleil qui me rattache à la vie, à celui que j'étais. La pièce étroite et sombre devint alors plus vivable. L'angoisse qui, à présent était ma compagne de chaque jour, me quitta un instant, permettant à ma poitrine de se soulever et de respirer un peu d'air tant que j'étais encore en vie. C'était un des rares moments de calme car la police ne viendrait pas à cette heure ! Les soldats étaient occupés à boire dans un bar, une femme dans leurs bras, je les entendais crier, chaque soir, dans une langue que je connaissais à peine : " Wir werden diesen Krieg gewonnen, wir werden der gewonnen* ! ".
De mon côté, je priais, je priais, mais la foi m'avait quitté comme la vie quitte un mort, elle ne reviendra pas...

- Aaron, c'est moi, chuchota Paul.
J'ouvris la lourde trappe de bois d'où il sortit, non sans difficulté.
-Ah ! Si j'avais su que je grimperai dans cette pièce aussi souvent, j'en aurais facilité l'accès... Enfin...Bonjour ! Comment vas-tu mon cher ami ?
Je ne voulais pas avoir l'air de me plaindre, après tout ce qu'il avait fait pour moi mais je voulais aussi être sincère, aussi je répondis :

- Ça va comme ça peut aller, Paul. Mais vas-y ! Raconte moi plutôt ce qui se passe dehors ! Tu sais combien le temps est long quand on est seul, qui a t-il de nouveau ? Je veux tout savoir...

- Doucement, laisse moi donc parler alors, s'exclama t-il. Comme je te l'ai dis hier, rien n'a changé mais ces damnés de SS sont de plus en plus attentifs et méfiants, sales schleus !

J'avais peur, très peur. La panique n'était plus digne de cette peur-là. Aucun mot n'était prévu pour cela parce que personne n'avait prévu qu'il puisse exister une telle chose un jour, tant c'était inimaginable. Mais j'étais décidé à ne rien laisser paraître pour me montrer à la hauteur, pour être aussi courageux que Paul. Je n'avais pas le droit de me plaindre, pas le droit de pleurer car, moi, j'étais en vie. Alors, j'ai simplement répondu :

- Je suis inquiet, tu sais...

- J'en suis conscient mais tu survivra, j'en suis sûr ! Il le faut, pour moi, pour moi, pour vaincre le nazisme, pour vaincre Hitler... Promets moi que tu vivras, Aaron, promets le moi...

- Je... je te le promet...

* " Nous gagnerons cette guerre, nous la gagnerons "