Chapitre 12 - Aaron - Auschwitz

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Le train s'arrêta avec un chuintement sinistre dans un  endroit morbide, pire encore que ce que je pensais jusqu'alors... L'abbération me plongea dans une sorte de transe et nous descendîmes du wagon sans que je m'en rende compte.

Alors j'y étais, l'objet de tous mes cauchemars se tenait devant moi, alors ça y est, j'allais mourir... L'espoir mourut en moi comme se fâne une fleur, irrémédiablement... On nous conduisit à l'entrée du camp. L'écriture "ARBEIT MACHT FREI" trônait, projetant son ombre cruelle sur nos corps décharnés... Nous pénétrâmes dans l'enceinte, dans ce monde macabre où j'allais mourir. Quel triste endroit pour finir sa vie, pensais-je avec la dernière once d'ironie qui me restait. Je me raccrochais à tous mes sens pour être sûr de ne pas perdre la tête, pour être sûr de ne pas rêver...mais ça, je le savais déjà...

Dans la pénombre du soir, les squelettes de béton, se dressaient dans la nuit. Les cours où étaient entassés les prisonniers se tenaient entre ceux-ci. Et là-bas, qu'était-ce ? Non, ce n'était pas les cuisines, on ne sentait aucune odeur délicieuse mais une... Ah ! Maintenant que mes narines y prêtaient attention, c'était la pire odeur que j'avais jamais senti, pire que l'odeur du train, pire que la pire odeur créée sur cette Terre... Mais qu'était-ce ? Mes pensées étaient aussi brouillées que les cheminées par la fumée. Alors, l'information arriva et ce fut la pire pensée qu'on puisse avoir, la pensée de sa propre mort. Car je l'avais déjà sentie, il y a longtemps, très longtemps dans un incendie des quartiers populaires de Paris et je m'étais dit que je me souviendrai de ce relent toute ma vie et je m'en souviens aujourd'hui. Ce que l'on sentait, ce n'était ni l'odeur de cuisine, ni celle du feu de bois mais celle des corps, celle de la chair qui brûle...

- Schnell, Juden ! Schnell !

L'allemand qui nous dirigeait nous pressât...

La mort s'approchait dans l'ombre des bâtiments. Elle nous attendait dans le coin d'une impasse, prête à couper le fil fragile...

Un autre dirigeant du camp arriva et parlant à notre "chef de peloton", il montra un grand entrepôt. Aussitôt, alors que nous marchions en direction des étranges cheminées, nous prîmes le chemin inverse. J'eus alors la forte impression que nous venions d'échapper à quelque chose ou plutôt, non de le retarder...

The Night Of HopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant