Chapitre 11 - Grany - Lyon

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- Tu vas parler, oui ?!

Le poing s'abbatit sur mon visage.

- Allez parle !!! Crache le morceau, t'es foutue de toute façon, tu vas mourir, crevure !!!

Un autre ecchymose se forma, cette fois-ci sur ma joue droite. Je devais avoir quelques côtes cassées, les joues bleues mais ce n'était pas encore fini, c'est à peine si ça avait commencé.

- Dépêche toi ! J'aurais pas cette patiente longtemps ! Madame a vingt ans et elle croit qu'elle va faire craquer la Gestapo.

Encore un autre coup, il allait finir par se lasser, il allait passer à autre chose et ce qu'il dit me conforta dans cette idée :

- Emmenez la ! On va lui faire voir ce qu'est la véritable souffrance, t'as encore rien vu tapin !

Deux hommes bâtis comme des armoires à glaces me soulevèrent tel un enfant qui porterait une poupée de chiffon, ils me firent sortir du bureau et m'entrainèrent dans le long couloir du bâtiment. Il déservait de nombreuses salles, d'interrogatoire, je présume et était occupé par des bancs installés apparemment lors de l'installation de la Milice.

On trouvait d'un côté, les collaborateurs et donc les riches, bien habillés dans leur costume du dimanche et à l'opposé, les autres, les juifs attrapés tardivement, les résistants pris sur le fait, comme moi, et les pauvres gens innocents qui n'avaient rien fait. Bien que les juifs étaient tous aussi innocents qu'eux. Ils n'avaient juste pas la bonne couleur de cheveux, de peau, d'yeux, la bonne orientation sexuelle ou la bonne culture... Puis, je m'aperçus qu'ils regardaient tous dans une seule direction, je tentais de regarder derrière moi mais finis par comprendre que c'était moi qu'ils regardaient. Pas trop étonnant avec mon visage tuméfié, les pauvres, ils n'avaient encore rien vu... Sans l'horreur de la situation, c'était drôle, cela aurait pu être un jeu. Même tous confondus, on pouvait deviner qui était qui : un regard de dégoût et de haine pour les nazis.. et pour les autres... Le jeu se corsait... Sur certains visages, on voyait de la peur, sur d'autres, de la stupéfaction et même pour quelques-uns, de la fierté, des résistants sûrement. Ils se redressèrent à notre approche, peut-être pour le "respect" dû aux nazis mais j'en doutais. Non, c'était leur façon de me dire qu'ils étaient derrière moi, qu'il ne fallait pas que j'abandonne... Tant mieux, ce n'est pas ce que je comptais faire.

Au bout d'un certain temps, nous arrivâmes devant un escalier qui descendait dans les profondeurs des fondations du bâtiment, dans les caves ou dans, j'en ai bien peur... les salles de torture... En effet, une lourde porte de fer nous fit face, comme une frontière avec l'enfer, entre la vie et la mort...

The Night Of HopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant