Chapitre 16 - Aaron - Auschwitz

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Que se passait-il ? Je me disais bien que quelque chose n'allait pas, que c'était trop facile... J'avais souvent frôlé la mort dans ma courte vie, mais chaque fois, l'espoir restait... Inconsciemment, il était présent... Aujourd'hui, à cette instant, il mourut bel et bien en laissant sur son passage comme une entaille au couteau, profonde et sanglante sur tous les aspects de la chose... On avait beau fanfaronner en disant qu'on n'avait pas peur de mourir d'une balle dans la tête ou de la noyade, que tout ça importait peu... Aujourd'hui, à cet instant, j'aurais voulu voir n'importe quel Homme, n'importe quelle pauvre personne me regarder en face en répétant ses sages propos et j'aurais voulu voir la sincérité dans ses yeux, alors là, seulement, j'aurais eu moins peur et je me serais calmé... Mais cette personne n'était pas là, existait encore moins, je levai les yeux un moment et découvris avec horreur les personnes présentes dans la salle.

Mon attention se porta soudain sur un enfant, debout près de moi, tout seul, il me terrifiants. De par sa maigreur et sa pâleur, il me regarda finalement lui aussi et une communication silencieuse s'établit. Je fus frappé brutalement par l'horreur qui se lisait dans ses yeux comme dans un livre ouvert... Ses deux soleils noirs nichés dans un bleu profond exprimaient à eux deux toute la panique du monde... J'eus plus de peine en ce jour pour lui que pour tous les autres. Comme pour le décharger de sa peine, je souris faiblement et comme un déclencheur, la fin commença... On entendit le gaz sortir des douchettes fixées au mur où plutôt on le sentit... Ça brûlait... J'éprouvais de plus en plus de mal à respirer... La douleur était si intense que j'entendis à peine les cris et les pleurs de l'enfant en plantant mes ongles dans le ciment déjà sillonné de griffures... Dans un dernier effort, je tendis la main et pris avec toute la douceur dont j'étais capable la main du petit et le regardai en face :

- Ça va aller, tu verras, tiens moi la main...

Il s'avança faiblement et mourut dans mes bras... La souffrance était terminée pour lui, me dis-je, et ce fut la seule raison pour laquelle je mourus heureux, car il n'avait pas souffert longtemps. Qui sait ? Peut-être le reverrai-je... Je succombai à mon tour dans les quelques minutes qui suivirent, cette heureuse illusion dans la tête, avec à l'esprit la demande de pardon pour Paul, envers qui je n'avais pas tenu la promesse mais surtout le visage de l'enfant et je quittai ce monde le sourire aux lèvres malgré le mal qui régnait...

The Night Of HopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant