Chapitre 1

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Je rentrais chez moi, sortant du lycée et complétement épuisée. La journée était enfin finie, et dieu sait à quel point elle avait été longue. Tout comme la semaine. Enfin le week-end ! Soupirant de lassitude, je marchais en traînant des pieds.

_ Où tu vas comme ça ? demanda une voix haute perchée dans mon dos, que je haïssais plus que tout au monde.

Je ne répondis pas et continuais à avancer, accélérant l'allure. Une main agrippa mon épaule et me força à faire face à mon destin.

_ Non mais franchement, t'as pas compris la leçon de l'autre jour ?! Piailla Jolène, une pompom girl de l'équipe de basket, une blonde qui ressemblait à Barbie, surtout par son côté « plastique ».

_ De quoi tu parles...

_ Je. T'ai. Dis. De. Ne. Plus. Parler. A. Mon. COPAIN !!! hurla-t-elle pendant que sa bande de lèches-cul me fixait avec arrogance.

Elle me gifla violemment. Mon poing fusa et atterrit sur sa face insupportablement artificielle. Ses amies poussèrent un cri d'horreur et se précipitèrent sur moi. Je commençais à courir dans la rue, ces furies à ma poursuite. Je passais par des ruelles, et courais actuellement dans l'une d'elle. Si seulement je pouvais atteindre les toits... A ma plus grande surprise je décollais vers le ciel. Les autres greluches s'arrêtèrent net, complétement ahuries. Je ne saisis pas vraiment ce que je venais de faire, mais cette opportunité fut bienvenue. Je me posais sur les toits surplombant la ruelle et me penchais vers le sol. Le troupeau de dindes en bas me regardait et me hurlait de redescendre. Je leur offris un magnifique doigt d'honneur et m'enfuit en direction de chez moi, passant de toit en toit. Par chance, le velux de ma chance était ouvert, et je passais à travers pour entrer. J'appelais ma tante, mais personne ne répondit. J'étais seule. Poussant un autre soupir je me laissais tomber sur mon lit. C'était une erreur d'avoir frappé cette pimbêche, mais je ne pouvais pas non plus la laisser m'humilier encore une fois, pour un motif futile. Son copain... Peter était le capitaine de l'équipe de basket du lycée. Bien que très gâté par la nature physiquement parlant, il était très stupide. Nous étions dans la même classe, et le prof d'SVT nous avait mis ensemble pour un TP. A la pause du midi j'étais allé le voir pour qu'on se répartisse les tâches. Et sa folle de copine a vu tout de suite rouge. Je me levais et me dirigeai vers la salle de bain, pour prendre ma douche. Puis, face au miroir, je regardais ma réplique. Mes longs cheveux châtains encadraient mon visage, raides et mouillés. Mes étranges yeux dissemblables avaient un reflet terne, le reflet de l'humanité perdue. L'œil droit d'un bleu profond, et l'autre d'un vert clair, tirant vers le bleu, m'avaient valu pas mal de remarques dans mon enfance. Aujourd'hui, tout le monde pensait que je mettais des lentilles pour me donner un style. Je ne démentais pas cette rumeur, indifférente. J'avais toujours été mise de côté à l'école, et en entrant au lycée j'avais pensé que ça changerait. Mais j'avais tort. Je suis trop différente pour faire partie de cette société pourrie jusqu'à la base. Que n'aurais-je pas donné pour partir de ce monde superficiel ? Soudain, l'image de moi décollant du sol me frappa. Ce détail m'était sorti de la tête, mais maintenant j'avais le temps d'y songer. Comment avais-je réalisé un truc pareil ? Pourrais-je le refaire ? Fascinée et effrayée à l'idée de réessayer, j'allais dans ma chambre et regardais le velux, dans le but d'en sortir sans le moindre effort, je me mis doucement à flotter vers la fenêtre. Incroyable... Puis je regardais le sol, souhaitant l'atteindre, et je me retrouvais les pieds à terre. Je fis plusieurs essais, pendant quelques minutes, totalement convaincue d'halluciner. J'entendis la clé tourner dans la serrure de la porte d'entrée et ma tante fut enfin rentrée. Tante qui, au passage, est complétement allumée. Elle me parlait tout le temps de mondes parallèles ou je ne sais trop quoi, de mondes incroyables où l'humanité est différente. D'ailleurs, elle est souvent absente. Mais maintenant que j'ai découvert ma « capacité », j'aurais tendance à lui accorder un peu de crédit.

_ Kira ! Viens me dire bonsoir !! Cria-t-elle du couloir.

Je soupirai et sortais la saluer.

_ Salut tata, bonne journée ?

_ Pas mauvaise. Et toi ? Me demanda-t-elle en enlevant ses chaussures.

_ Ça aurait pu être mieux. Comme toujours. J'ai du travail à faire.

Elle me regarda pour la première fois de la journée et son expression souriante se figea.

_ Qu... Que s'est-il passé ? dit-elle en portant ses mains à sa bouche

_ Bah quoi ? Rien de spécial, mentis-je, étonnée de sa réaction.

Elle ne répondit pas et alla dans la cuisine. J'haussais les épaules et retournais dans ma chambre. Je travaillais depuis une demi-heure quand la sonnette de l'appartement retentit. J'entendis ma tante se précipiter pour ouvrir. Elle parlait vite et je ne comprenais absolument rien. Son interlocuteur était assurément un homme, dont je ne comprenais pas non plus les paroles. Intriguée, je me levais pour aller voir. Quand j'arrivais à l'entrée, les deux me regardèrent comme s'ils étaient des délinquants pris sur le fait, l'air fautifs. L'homme était plutôt petit, brun, d'une quarantaine d'années, les yeux noisettes. Sa peau était halée.

_Bonsoir, dis-je. Vous êtes ?

_Je m'appelle Tom, répondit-il en souriant avec un accent bizarre. Bonsoir.

_ Kira, vas dans ta chambre s'il te plaît. Nous avons des choses à dire qui ne te concernent pas, ordonna ma tante.

_Si ça a un rapport quelconque avec ta réaction de toute à l'heure, je pense que si.

_Ne cherche pas à comprendre ce que tu refuses d'admettre. Vas dans ta chambre.

Exaspérée j'obéis et retournais dans ma chambre en claquant la porte. Ce que je refusais d'admettre ? Je ne comprenais pas. Agacée et lasse de ces cachotteries, je montais sur le toit et observais la nuit tomber sur la ville. Dans le ciel, les étoiles s'allumaient une à une, la lune montait lentement. Je me sentais vide. Je n'appartenais pas à ce monde, c'était une certitude. J'étais si différente des autres, où est ma place ici ? Et ce truc que j'arrive à faire, pourquoi je peux le faire ? D'où je viens... Je vais devoir accepter une conversation avec ma tante, et surtout accepter le monde qu'elle me propose. Ça semble si incroyable... Je me pris à imaginer les créatures qui pourraient exister, les mentalités des gens... Plus d'une heure plus tard, tante m'appela depuis ma chambre. Peu enthousiaste, je la rejoignais.

_On doit parler, dis-je, résolue.

_Je venais seulement te souhaiter bonne nuit, répondit-elle sèchement. Et ferme-moi cette fenêtre. Elle tira la porte et ses pas résonnèrent dans le couloir.

Abasourdie par sa réaction, je m'asseyais sur le bord de mon lit, les jambes coupées. Sans que j'en saisisse la raison, des larmes dévalèrent mes joues. Je haïssais vraiment ce monde, je devais le quitter. Coûte que coûte. Ma propre tante m'évitait à présent. Qu'avais-je fais pour mériter tant de haine envers moi ? Désespérée, je m'allongeai sur mon lit, étouffant mes sanglots, me promettant que tout changerai bientôt.

Deux heures plus tard, je ne dormais toujours pas. Accablée, j'enfilais un jean, un sweat, des baskets et sortais par la fenêtre de ma chambre. J'utilisais ma « capacité » pour atteindre le sol d'une ruelle depuis les toits, et me mis en marche, sans destination particulière. J'errais ainsi pendant une demi-heure dans les rues éclairées par la lumière artificielle des lampadaires quand je tombais face à quelqu'un. C'était vraiment étrange, une douce lueur bleue entourait sa silhouette. Le cœur battant, je ne le regardais pas et continuais mon chemin, priant pour qu'on ne me remarque pas.

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Voilà le premier chapitre, la photo est la représentation que je me fais de Kira ! J'attends vos avis :)

Les Jumeaux Mystiques [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant