Je ne sais pas qu'elle heure il est. En fait, je n'ai même aucune fichue idée de la date d'aujourd'hui. La seule chose dont je sois encore certaine c'est que je suis vivante, comme me le rappelle la douleur lancinante qui me tiraille la poitrine, la même, depuis deux mois maintenant. Dès que j'ouvre les yeux le matin, je pleure sans m'arrêter jusqu'à ce que ceux-ci aient vidé leurs réserves de larmes. Je n'arrive pas à aller mieux, j'ai beau essayer de penser à autre chose, je n'arrive pas à me sentir autrement que comme une poupée de chiffon, jetée négligemment sur un tas d'ordures.
Pourquoi Ben m'a-t-il quittée ? Il venait d'emménager chez moi, tout allait bien et puis d'un coup plus rien, un vide incompréhensible et plus de nouvelles. Nous avions des projets comme avoir une maison, des enfants, je l'aime moi ! Comment a-t-il pu se débarrasser aussi facilement de 5 ans de relation ? Je ne cesse de me poser des questions et de me ronger les sangs, à m'en faire tourner la tête.
J'entends un grincement de porte suivi de bruits de petits pas discrets qui s'arrêtent à environ un mètre du lit.
Je m'essuie rapidement les joues avec ma manche pour essayer de donner le change même si je sais pertinemment que ma déprime est imprimée sur mon visage.
- Isa, tu vas bien ? me demande d'une voix timide Fiona, ma petite sœur.
Je ne l'ai même pas entendue toquer à la porte. Je lève un petit peu la tête et vois sa silhouette toute menue se dessiner dans la lumière.
- Oui j'ai juste besoin de dormir un peu, je murmure avant de replonger dans mon oreiller.
- Oh s'il te plait sors un peu. Il y a un grand et beau soleil dehors !
Je jette un coup d'œil et par les rainures de mes volets, je peux en effet distinguer les rayons les traverser. Je n'avais pas remarqué que j'avais la lumière en plein dans le visage.
Fiona s'assoit à mes côtés et lisse inutilement les plis de mes draps. Je me redresse et passe la main dans mes longs cheveux, qui sont emmêlés. En même temps je ne les ai pas lavés depuis plus d'une semaine et encore c'est juste que ma mémoire s'arrête là !
- Tu veux aller faire quelques pas dans le jardin ? demande ma petite sœur en souriant de toutes ses dents.
Ses pupilles sont d'une couleur incroyable, un mélange de violet et de noir ce qui lui vaut de nombreux compliments et admirateurs. Ses yeux-là donc me fixent, pétillants. Je souris malgré moi, son innocence et sa jovialité me remontent toujours le moral.
- Allons-y.
J'essaie de prendre un ton enjoué mais ma voix déraille et se brise.
Je hoquette, tousse un peu et et me lève difficilement. Le contact de mes pieds avec le sol carrelé gelé me fait frissonner. Je ne porte qu'une culotte et une longue chemise qui me descend jusqu'aux genoux. Lentement, je me traîne jusqu'à l'extérieur de la ferme de mes parents.
Je suis retournée là-bas après ma rupture avec Ben. Je reprendrai mon semestre à l'université de lettres quand j'irai mieux. Mes résultats vont être catastrophiques si je vais passer mes examens dans un mois. Ma mère a lourdement insisté pour que je rentre à la maison me reposer. Mon père est venu en ville me chercher avec sa nouvelle voiture électrique dont il est très fier et, après avoir résisté pendant quelques minutes, je me suis résignée à le laisser m'emmener.
Fiona pousse la porte d'entrée et une vague de chaleur m'envahit en même temps que je prends une inspiration revigorante, gorgée de l'air pur de la campagne. Je cligne des yeux et regarde le vent faire courber les épis de blés juste devant moi. Qu'est-ce-que ce spectacle est beau !
Je soupire et ferme les yeux pour apprécier ce moment, où je suis à la lisière de la prairie. Je renverse ma tête en arrière et laisse le soleil me caresser sur tout le corps. Mes bras se lèvent et je sens le vent glisser sur mes mains. Mon cœur s'allège un peu dans cet environnement champêtre.
- Tu vois que ça te fait du bien de prendre l'air !
Je m'avance pieds nus dans le champs et sens les petits cailloux rentrer dans les couches supérieures de mon épiderme ce qui ne me gêne pas. Je revis au contact de la nature et des chants des oiseaux qui ont bercé mon enfance. Un bon livre et j'irai m'asseoir près de la cascade, comme avant. Je n'ai pas besoin de Ben ni d'un autre. J'ai besoin de me retrouver.
Je sens mon cœur s'alléger peu à peu. Et même si je sais que la douleur ne va pas disparaître en une journée, après tout j'ai tout mon temps.
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Romance D'un Été [Roman Court - Terminé]
RomanceUne romance courte sur le thème estival, qui vous fera vous évader au fil des pages ! Isabella est une jeune femme dont le cœur fragile vient d'être brisé. Avec ses parents et ses sœurs, ils s'embarquent pour faire du tourisme vert dans une forêt a...