Chapitre 12 : Des questions sans réponses

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J'ai suivi le même chemin que l'inconnu mais je ne l'ai pas retrouvé. Il a un don pour ce volatiliser que je ne comprends pas.

Il faut dire que le fait que je boite me ralentit considérablement, et de plus, j'ai peur de me perdre dans les dédales de la forêt.

Si ça m'arrivait, je me transformerais probablement en glaçon durant la prochaine nuit et ce n'est pas dans mes projets.

Résignée, je fais demi-tour au bout d'une dizaine de minutes de marche et retourne au château, la tête basse.

Aux abords de la porte menant à l'aile dans laquelle nous logeons, je croise Stan en grande conversation avec une petite dame rondelette, vêtue d'une tenue bleue avec un tablier. Il y a un chariot avec des serviettes dessus à côté d'elle.

Quand Stan m'aperçoit il me fait un grand sourire, contagieux car mes lèvres s'étirent toutes seules.

- Isabella, comment vous sentez-vous ?

- Bien, bien.

Je salue de la tête la femme qui de près a l'air assez âgée. Elle me répond en me fusillant du regard, elle semble très aimable !

- Voici Maïté, c'est elle qui s'occupe de la laverie du château.

- Ah ! Vous avez bien du courage de laver tout ce linge dans un lavoir, je lance avec un ton compatissant.

Elle fronce les sourcils, ne semblant pas me comprendre avant de dire :

- Je n'utilise pas le lavoir, il y a une salle avec des machines à laver dans le château.

Je me sens conne tout à coup et tourne les yeux vers Stan.

- Mais enfin votre collègue m'a dit de laver mes affaires dans le lavoir, celui de la cour, je murmure.

Stan paraît gêné et se gratte la nuque en regardant ses pieds.

- Oui, Hubert n'aime pas trop que les touristes utilisent les infrastructures du bâtiment.

- Mais enfin c'est ridicule ! Je n'allais rien abîmer et j'ai perdu un temps fou à les laver à la main.

Je me rends compte après coup que j'ai presque crié sur le pauvre Stan qui n'y est pour rien.

- Doucement princesse, ça n'a pas dû vous faire de mal de vous salir un peu les mains, grommelle la femme de ménage en passant devant moi avec son chariot, un air de mépris sur le visage.

Je reste choquée sans rien dire et la suit du regard s'éloigner le long du mur du château.

- Mais qu'est-ce que j'ai fait aux gens d'ici pour qu'ils soient aussi désagréables ? je demande à Stan.

Celui-ci se remet à sourire.

- Le contexte actuel est un peu compliqué en ce moment ici. Les visiteurs ne sont pas très bien vus par la plupart des employés du château.

Je suis abasourdie par ce que j'entends, ce discours me semble complètement aberrant.

- Mais enfin ce sont eux qui financent leurs salaires il me semble ! C'est un comble !

Je ne sais pas si mes mots ne vont pas être mal interprétés par Stan mais je m'en fiche, je suis vraiment en colère.

- Je ne dis pas que j'adhère à leur façon de penser mais c'est comme ça Isabella, ne prenez pas leur mauvaise humeur contre vous.

Je fixe le jeune homme avec attention et dis :

- Vous me cachez quelque chose Stan.

Son regard se fixe au mien et je crois y déceler une trace de peur.

- Pourquoi je ferais ça ?

Je hausse les épaules, je ne suis pas d'humeur à mener une enquête sur ce qui se trame dans cet endroit étrange.

- Je suis désolée, je n'ai pas à vous parler de la sorte, je vais vous laisser tranquille.

Je fais demi-tour et m'apprête à retourner au dortoir quand je sens qu'on m'agrippe par le bras.

- Attendez, je ne veux pas que vous vous mépreniez sur moi, bégaie Stan dans mon dos.

Je me tourne vers lui en sautillant, ayant du mal à rester stable avec les béquilles. Quand il se rend compte qu'il tenait mon bras il le lâche et recule.

- Excusez-moi, je ne sais pas ce qui m'a pris.

- Ce n'est rien, c'est à moi de m'excuser je pense.

- Pourquoi ?

- Pour tout le cirque de ce matin.

Il semble hésiter un instant mais finit par demander :

- Que faisiez-vous à cet endroit ?

Je pense qu'il va me prendre pour une folle mais je sens que je peux lui dire la vérité, enfin, une partie de la vérité.

- J'ai vu un homme qui me regardait et je voulais savoir qui c'était.

Le visage de Stan pâlit brusquement et cela vient confirmer mes doutes concernant le fait qu'il soit au courant.

- Il s'agissait probablement d'un employé.

Je souris très largement.

- Vous avez sans doutes raison.

Nous savons l'un comme l'autre que nous mentons mais autant essayer de sauver les apparences. De toutes façons cette histoire m'échappe trop pour que je puisse argumenter suffisamment pour être crédible.

- Vous voulez que je vous raccompagne à votre chambre ?

Je hoche la tête positivement à la proposition de Stan, au moins je ne serai pas seule.





Romance D'un Été [Roman Court - Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant