Chapitre 8 : Aucun regret

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Ma première nuit dans ce château a été relativement agitée et c'est moins à cause de la literie inconfortable que dû à ce qui m'est arrivé sur le balcon.

Nous nous sommes retrouvés à dormir dans une sorte de dortoir et pas dans les chambres que j'avais vues.

Il se trouve à l'étage, au-dessus de là où j'avais pris ma douche, il y a une éternité il me semble tant il s'est passé de choses en une journée.

J'ai longtemps gardé les yeux fixés au plafond tout en serrant la couette entre mes doigts, laissant mon esprit vagabonder.

Ma bouche garde encore la trace de ce baiser, et en ressent encore la fièvre.

J'ai été embrassée par un inconnu qui a disparu aussi vite qu'il était arrivé, c'est fou.

Et le pire c'est que je ne suis ni effrayée, ni outrée par ce geste.

Je pose la main sous mon cou et la fraîcheur de ma paume le rafraîchit.

Je soupire en maudissant ma stupidité.

Moi qui voulais vivre quelque chose de spécial, je n'en demandais pas tant !

Je regarde par la fenêtre en me demandant où est cet homme et pourquoi personne ne nous a prévenus qu'il y avait un homme qui vivait ici.

J'hésite à en parler à Stan car il sait sûrement des choses mais ne prendra certainement pas le risque de perdre son boulot en me divulguant des informations dont il n'a visiblement pas le droit de parler.

Quand je pense qu'en moins d'un jour j'ai rencontré le charmant Stan, à qui j'ai l'air de plaire et je me demande bien pourquoi, mais que j'ai également eu une brève intermède romantique et passionnée avec un inconnu sexy, je n'arrive tout simplement pas à m'y faire.

Moi qui me plaignais de la morosité de ma vie sentimentale, j'ai du mal à encaisser tous ces chamboulements.

En m'habillant dans la salle de bain, je n'arrive à sortir l'inconnu de mes pensées et en particulier ses yeux à l'éclat lumineux et intense.

Je veux savoir qui il est car après tout il m'a embrassée alors j'ai le droit de connaître son nom il me semble !

Mais je ne le reverrai probablement pas alors autant laisser tomber ces divagations érotiques et me concentrer sur l'écriture de mon livre.

Pendant que les autres vont déjeuner dans la salle à manger, je me dirige vers la cour où j'avais étendu mes affaires pour les récupérer.

Mince, avec l'humidité de la nuit, elles sont encore mouillées.

Je grimace et décide de les laisser sur la corde à linge, le soleil d'aujourd'hui tape fort, elles devraient sécher rapidement, il suffit juste que je n'oublie pas de les enlever avant la tombée de la nuit.

Quand je me retourne pour repartir vers les autres, mon regard accroche une silhouette, à moitié dissimulée derrière un rideau, au premier étage du château.

C'est lui, l'inconnu, et il est fixé sur moi car même si je ne le vois pas très bien à cette distance, je sens dans mon corps l'effet qu'il me fait en me détaillant sans gêne.

Je crispe mes doigts sur mon jean et hésite sur ce que je vais faire maintenant car j'ai vraiment envie de le rejoindre et de percer ses mystères plutôt que de déjeuner avec des gens bruyants.

Mais est-ce raisonnable de courir après quelqu'un qu'on ne connait pas dans un endroit aussi étrange que cette bâtisse ?

Certainement pas, mais je me sens aventureuse depuis que je suis ici... Ou peut-être que je suis tout simplement devenue cinglée.

Après tout je me suis fait larguer avec un message de merde venant d'un enfoiré de première à qui j'ai été fidèle malgré les nombreuses tentations que j'ai eues à l'université. J'ai en plus appris que lui de son côté se tapait, je vous le donne en mille, sa colocataire !

No stress, vraiment.

Quelle conne j'ai été de gâcher mes plus belles années pour ce connard !

La douleur me broie la poitrine et le poids de la traîtrise de Ben me comprime les poumons.

J'ai tout d'un coup du mal à respirer, et pour éviter de me mettre à pleurer comme une madeleine je décide d'agir pour me changer les idées.

Je vais aller voir l'inconnu, peu importe ce que ça fait de moi !

La porte par laquelle j'espère accéder à l'aile du château dans laquelle il est a du mal à s'ouvrir.

Je suis obligée de m'appuyer de toutes mes forces dessus pour qu'elle daigne bouger un peu.

Rentrant le ventre, j'arrive à me glisser par l'interstice et entrer de justesse dans le hall.

Je repère un escalier et l'emprunte en courant, je saute même quelques marches et m'essouffle assez vite je dois dire.

Mon cœur se met à tambouriner de plus en plus fort au fur et à mesure que je me rapproche de l'inconnu.

Si je ne me trompe pas il doit se trouver dans une pièce sur ma gauche à cet étage.

Je tourne à l'angle sans faire attention à ce qui se passe autour de moi tant je suis pressée d'atteindre ma destination.

Je rentre dans quelqu'un de plein fouet, basculant sur l'avant et entraînant cette personne dans ma chute.

Ma cheville se tord dans un sens improbable ce qui m'arrache un cri de douleur.

Un peu sonnée, me redresse difficilement sur les coudes et me rends compte que j'écrase le pauvre Stan.

Celui-ci est rouge comme une pivoine et je peux sentir les battements effrénés de son cœur battre contre ma poitrine qui est écrasée sur la sienne.

Dans la position dans laquelle je suis je peux nettement sentir l'effet que je lui fais ce qui me met très mal-à-l'aise et plus j'essaie de me dépêtrer de cette situation plus j'empire les choses en me frottant malencontreusement contre lui.

- Isabella, s'il vous plaît.

Sa voix est rauque, presque murmurée et je comprends sa supplique.

Je roule sur le côté pour m'écarter de lui et pousse un gémissement plaintif quand je m'appuie sur ma cheville.

Je la saisis et me penche dessus, merde elle est rouge et gonflée.

Stan se penche vers moi, m'envoyant tout une effluve de son désir dans la figure mais je n'ai pas ou du moins plus la tête à ça car j'ai un mal de chien.

Les larmes me montent aux yeux, c'est ridicule je sais mais mes émotions sont à fleur de peau depuis que je suis ici.

Et je sens que je n'ai encore rien vu.

















Romance D'un Été [Roman Court - Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant