Romance D'un Été [Roman Court - Terminé]

Chapitre 6 : Au pays des chevaliers

"Gisèle releva la tête et secoua ses longs cheveux couleur or, qui virevoltaient autour de son visage rond, attirants à eux tous les rayons du soleil.

Son corset noir serré mettait en relief sa poitrine laiteuse généreuse, ne manquant pas d'attirer le regard de nombreux hommes qui se pressaient sur la route et surtout celui du jeune Jacques, le laitier du village, qui, malgré sa timidité, ne pouvait détacher son regard de la belle fermière.

La jeune femme était quant à elle, parfaitement inconsciente de son effet sur celui qu'elle aimait en secret, trop occupée à remplir des seaux d'eau du puits et à les entasser sur sa vieille charrette, tirée par une mule nommée Géraldine qui broutait paisiblement en attendant que sa maîtresse ait fini son oeuvre.

Seulement Jacques osa s'approcher d'elle et lever un seau, leurs regards se croisèrent et une attirance en apparence innocente s'installa entre eux.

Ils se sourirent et sans parler, continuèrent à deux, à charger la charrette."

- Tu fais quoi ?

La voix de Zoé me fait sursauter et je m'empêche de cacher avec le bras ce que j'étais en train d'écrire, complètement perdue dans l'histoire que j'invente sur une jeune fermière à l'époque des châteaux-forts.

- Rien qui t'intéresse petite fouineuse !

J'envoie gentiment balader ma petite sœur pour qu'elle me laisse tranquille, perdue dans mes rêveries historiques et lointaines.

Celle-ci hausse les épaules et s'assoit à l'autre bout de la table.

Je remarque alors avec amusement qu'il y a déjà une pile de livres énorme à côté d'elle.

Au moins, en voilà une qui ne risque pas de s'ennuyer.

Si elle est heureuse, c'est le plus important.

Je retourne à mon écriture car je dois bien avouer que mon cerveau déborde d'imagination depuis que nous sommes arrivés.

En effet entre le château et ses mystères, je suis servie pour mon décor médiéval !

Il y a peut-être, dans cette bibliothèque, des archives sur les environs que je pourrais utiliser pour me documenter un peu.

Je me lève et me dirige vers les étalages de livres.

Avec le peu de luminosité de la pièce j'ai du mal à en lire les titres, mais en plissant les yeux j'arrive à discerner les différents caractères.

Soudain, mon regard s'arrête sur un épais volume d'un ouvrage appelé : "Constructions du 15ème siècle de la région Rhône-Alpes".

Parfait ! Je prends ça comme un signe du destin pour m'aider dans la réalisation de mon roman.

J'ai du mal à extraire le livre de son emplacement, mais en forçant un peu, il glisse entre les deux autres collés à lui.

Je baisse les yeux pour l'admirer car il est vraiment magnifique avec toutes ces dorures sur la couverture.

L'odeur particulière de renfermé est un peu désagréable mais après quelques heures ouvert près d'une fenêtre, ça devrait s'atténuer !

En relevant la tête, et regardant droit devant moi, la surprise me fait pousser un cri strident.

Deux yeux gris acier appartenant à un homme me fixent, dans le trou formé par l'absence du livre que je viens d'ôter.

Je ne m'attendais pas à ça car je pensais que nous étions seules avec Zoé ici.