Chapitre 17 : Presque parfait

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Mes sœurs se sont rapidement éclipsées, avec discrétion, ce qui m'étonne de leurs parts.

Je n'arrive toujours pas à bouger et me dandine d'un pied sur l'autre, paralysée par ce regard acier braqué sur moi.

Heureusement c'est lui qui se décide à faire le premier pas vers moi, je le regarde s'avancer lentement, détaillant son torse nu bronzé, dégoulinant de sueur.

Il pose la cisaille qu'il tenait sur le bord du chemin et s'essuie les mains sur son jean délavé plein de boue.

Ses cheveux noirs tombent sur son front en bouclant légèrement, je me mords les lèvres devant cette vision plus que sexy.

Il s'approche de plus en plus, faisant progressivement accélérer mon rythme cardiaque jusqu'à la limite de l'explosion quand il s'arrête à quelques centimètres de moi, m'envoyant tous les effluves de son parfum musqué dans la figure pour mon plus grand plaisir.

Je manque de me mettre à le humer tant j'aime son odeur, mais je n'en fais rien car je me ridiculiserais.

- Alors tu es jardinier, je réussis à articuler dans un murmure.

Il sourit, d'une mimique presque moqueuse.

- Tu es déçue ? Tu t'attendais à ce que je sois un prince ?

Sa voix est grave et envoûtante, elle me fait tourner la tête, aussi belle et intense que ce que je m'étais imaginée.

- Je ne savais pas à quoi m'attendre étant donné que tu n'as prononcé que quelques mots...

- Parfois il n'y a pas besoin de parler.

Je vois très bien à quoi il fait allusion, mon cerveau ayant soudain des pensées très, très perverses.

- Enfin c'est dans tes habitudes d'embrasser des inconnues ?

Il se met à pencher la tête sur le côté et fait une grimace grotesque qui me fait rire intérieurement.

- Si je dis oui tu vas me juger négativement ?

- Ce que je pense de toi t'importe ?

Il hausse les épaules. Il s'en fiche royalement, c'est bien ce que je pensais.

- Pas vraiment mais étant donné que j'ai encore envie de t'embrasser, si tu es en colère contre moi, ça risque de poser problème.

Mon ventre se tord douloureusement.

- Je ne veux pas jouer avec toi, j'ai assez souffert dernièrement, je grogne en serrant les poings sur mes béquilles.

- Je le sais, ça se voit dans tes yeux.

Il avance sa main et caresse ma joue tendrement.

- Tu es si belle, comment se fait-il que tu sois si triste ?

Je me recule pour couper le contact entre nous, je m'enflamme déjà trop rien qu'en étant près de lui.

- La douleur n'épargne personne, et la beauté est une notion subjective.

- Ça se voit que tu es une étudiante, ricane-t-il ce qui me vexe profondément.

- Pourquoi j'ai l'impression que c'est toi qui me juges là ? je demande.

- Non je te cherche un peu c'est tout, j'aime voir l'éclat de la colère briller dans tes yeux.

- Je pensais que tu voulais m'embrasser et qu'il ne fallait pas que je sois fâchée pour ça ?

Il se colle à moi et se penche sur mon visage.

- Je n'en ai peut-être plus envie...

J'ai vraiment l'impression qu'il se fiche de moi et ça commence à sérieusement m'agacer.

- Tu devrais retourner t'occuper de tes plantes, je souffle, mauvaise.

Il fronce les sourcils mais ne quitte pas son sourire.

- Hargneuse, j'aime ça.

- Prétentieux, moi je déteste.

Nous nous toisons pendant quelques secondes avant qu'il ne me tourne le dos.

Tous mes fantasmes s'évaporent au fil de cette conversation.

Finalement, j'aurais préféré qu'il reste cet inconnu mystérieux que ce connard arrogant.

Il fait quelques pas puis semble se raviser et revient vers moi.

- Je voudrais t'inviter à dîner un de ces soirs.

Je hausse les sourcils et ma bouche s'ouvre en grand avant que je ne bredouille :

- Pourquoi ?

- Parce que tu me plais.

Je ne le suis pas, il se fout de moi, me prend de haut, me drague puis me propose un rendez-vous. Son attitude est étrange et déstabilisante.

- Je ne sais pas, je vais y réfléchir.

- Bien, je dois aller bosser alors si tu veux bien m'excuser.

Il m'embrasse légèrement au coin de la bouche mais cela ne me fait guère qu'à peine frissonner.

Je le regarde partir, un peu déprimée.

Mais c'est en grande partie de ma faute, je n'avais qu'à pas me faire autant de films pour rien, les aventures parfaites cela n'existe que dans les livres.

Je continue à me promener dans le parc, malgré ma mauvaise humeur.

Je fais mine de l'ignorer, réfléchissant à la trame du roman que je suis en train d'écrire.

Quelle suite vais-je donner ?

Je suis tentée plusieurs fois de couper des roses mais décide de les laisser, la nature est plus belle quand on la laisse tranquille.

Quand je rentre au dortoir, mon cœur est allégé. Je me prends trop la tête pour un mec que je connais à peine, c'est stupide.

Il faut que je passe vite à autre chose et que je profite enfin de mes vacances.



Romance D'un Été [Roman Court - Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant