Chapitre 4 : Observée

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Comme ce que je craignais, l'eau n'est pas chaude, plutôt tiède, voire froide par moment.

Mes tétons sont durs et douloureux et tous les poils de mon corps sont au garde-à-vous.

Je frémis et pousse un gémissement plaintif en me dépéchant de me savonner.

Vite, moins de temps je passerais là-dessous moins je risquerai de choper la crève.

Une fois sortie de la cabine minuscule, je prends ma serviette et me frictionne vigoureusement le corps pour essayer de me réchauffer.

J'enfile une robe blanche à motifs floraux propre et un gilet noir ainsi que des escarpins plats et mets mes vêtements sales dans un sac plastique.

Il faut absolument que je trouve une machine à laver ou l'odeur va s'incruster.

Je laisse ma valise ici, normalement ça ne craint rien et, munie de mon sac et d'un bidon de lessive, je pars à la recherche d'une laverie.

Le couloir me paraît effrayant maintenant que je le traverse seule.

Je pousse une porte mais malheureusement c'est une chambre avec plusieurs lits à deux niveaux.

C'est Fiona et Zoé qui vont être contentes.

Elles adorent dormir perchées.

Je referme la porte et en avise une autre, en face.

Je m'avance mais quand j'essaie de tourner la poignée, celle-ci résiste alors je n'insiste pas.

- Que faites-vous ? me demande une voix agressive qui me fait sursauter.

Je lache le bidon qui vient rebondir sur le sol et heureusement ne s'ouvre pas.

Je me redresse, furieuse et vois le vieil homme grincheux qui parlait tout à l'heure.

Il me fusille du regard.

C'est dingue il a l'air de me détester alors que je n'ai rien fait.

- Vous m'avez fait peur. Je cherchais juste une salle avec une machine à laver.

Je lui montre le sac.

Il sourit et annonce d'une voix mielleuse :

- Il n'y a pas de telle chose ici, si vous voulez laver votre linge il y a un lavoir. Il vous suffit de longer ce couloir et de sortir par la porte du fond, qui donne sur une cour et le lavoir se trouvera en face de vous.

Espèce de vieille gargouille défraîchie, je l'insulte dans ma tête.

- Merci. Ce n'est pas la peine de venir, je trouverai, je grogne en tournant les talons.

J'avance en claquant des pieds, hors de moi.

À peine arrivée, j'ai déjà été humiliée.

Merde, ce sont censées être mes vacances, pas une punition que m'inflige mon karma pour je ne sais quelle raison.

J'ai soudain l'impression d'entendre des bruits de pas lourds derrière moi mais quand je me retourne, il n'y a rien.

Je scrute les recoins obscurs du couloir mais je ne vois personne.

Ce doit être le vent qui s'engouffre dans les murs.

Je sors et débouche effectivement dans une cour pavée silencieuse.

De hautes tours se dressent tout autour de moi, et je me sens mal-à-l'aise comme si j'étais... Épiée.

Mais c'est ridicule il ne doit y avoir personne à part les touristes et les employés du château.

Alors que je trempe mes vêtements dans l'eau glacée, je sens un regard posé sur ma nuque mais, me convainquant qu'il ne s'agit que de mon imagination qui s'emballe dans ce lieu si particulier, je n'y prête pas attention plus que ça.

Mes parents vont se demander où je suis passée si je ne me dépêche pas.

Je mets mes habits sur une corde à linge et les attache avec des pinces faites en bois dont certaines cassent entre mes doigts.

Je soupire, il y a rustique et en ruines, ce château et ce qu'il contient n'a pas l'air d'être entretenu correctement.

C'est dommage, quel gâchis vraiment qu'un bâtiment avec une telle histoire soit abandonné à son sort.

Mais peut-être que les propriétaires n'ont pas les moyens de l'entretenir.

Un héritage, cadeau ou fardeau ?

Je me pose pleins de questions tandis que je flâne dans cette cour.

Je suis hypnotisée par l'atmosphère spéciale qu'il y a ici.

Néanmoins je ne peux me défaire de cette impression que quelqu'un a les yeux fixés sur moi.

N'importe quoi, qui aurait ainsi du temps à perdre pour faire une chose aussi futile que me regarder ?

Chassant cette idée saugrenue, je m'avance sur un chemin qui a l'air de faire le tour du château par l'extérieur des bâtiments.

Je longe un bosquet qui sent bon les conifères.

Tout est calme, c'est reposant.

Je rejoins le parking où le chauffeur de car est en train de transporter un seau d'eau et a une éponge à la main.

J'ai honte quand je pense qu'il a dû nettoyer mon vomi.

Quand il me voit je lis de la colère dans ses yeux et il semble décidé à me faire des reproches car il s'approche de moi.

Heureusement Fiona semble m'attendre à côté de la porte d'entrée du château.

Je fais mine d'ignorer le chauffeur en pétard et fonce vers ma sœur qui lance quand j'arrive à sa hauteur.

- Ce n'est pas trop tôt ! Tu t'es perdue dans un couloir ou pas ?

- Je ne suis pas d'humeur à supporter tes sarcasmes, emmène-moi vers les autres.

- Oui cheffe ! rit-elle en partant sur un sentier qui s'enfonce dans la forêt.

Je tourne la tête vers une fenêtre au premier étage et aperçois une silhouette immense, se découpant dans l'ombre.

- Regarde !

J'attrape ma sœur par le col et la tire en arrière.

- Quoi ? demande-t-elle en enlevant ma main de son pull.

Je jette un coup d'œil vers la fenêtre mais il n'y a plus rien, j'ai dû rêver.

- Non, j'ai sûrement eu une hallucination.

- Décidément l'air de la montagne ne te réussit pas.

Je soupire.

- Si seulement j'avais été fille unique.

- À qui le dis-tu !

Nous éclatons de rire et avançons vers des tables de pique-nique où les autres membres du groupe sont en train de manger.











Romance D'un Été [Roman Court - Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant