Quel rapide désenchantement ce voyage en car...
- Respire Isa, ça va aller, me dit gentiment Fiona, la main posée sur mon épaule.
Le véhicule tangue, emportant avec lui ma stabilité et je m'effondre en avant, fermant les yeux pour essayer d'atténuer ma migraine lancinante.
- Putain, je vais gerber, je gémis tandis que le car se met à tourner assez brusquement.
- On est bientôt arrivés, ne t'inquiète pas Isa, murmure Zoé, son nez tacheté plongé dans un bouquin.
Je ne sais pas si c'est moi qui suis trop sensible mais je ne sais pas comment elle fait pour lire vu la façon chaotique dont nous sommes transportés depuis ce qui me paraît une éternité.
Je me mords les lèvres et ferme les yeux.
Je sue à grosses gouttes et mon chemisier en soie doit avoir deux auréoles immenses, rien de bien sexy en clair.
J'ai rapidement enlevé mon pull, à cause de la chaleur étouffante qui règne dans l'habitacle.
Des personnes discutent de partout autour de moi, et à entendre leurs voix joyeuses, elles ont l'air enthousiastes à l'idée de participer à cette aventure excentrique.
J'aimerais être comme elles, mais j'ai le mal des transports alors j'attends patiemment que le sort arrête de s'acharner contre moi et que nous arrivions au château.
- C'est dommage que tu ne puisses pas lever la tête car la vue est magnifique ! lance Fiona, toute guillerette, en regardant par la fenêtre.
- C'est génial. Je suis ravie de le savoir, je grogne en maudissant intérieurement mon organisme défectueux.
- Tout va bien mademoiselle ? me demande une voix douce.
Je lève les yeux et vois un jeune homme d'une trentaine d'années, les cheveux roux en bataille et des yeux verts pétillants entourés d'une multitude de taches de rousseur.
Il est assez maigre et son style est particulier, se tenant debout, appuyé sur le siège devant moi.
Il ne paraît nullement préoccupé par l'inconfort de la situation, dû aux rebondissements du car, sur ce que je pense être des trous dans la route.
Il porte une chemise blanche à carreaux rouges rentrée dans un jean avec des bretelles dessus ce que je trouve original.
Mais je ne m'arrête pas à son look original, je ne suis pas du genre à juger quelqu'un sur son apparence et en plus son visage respire la gentillesse.
- J'ai connu mieux, j'avoue dans un souffle.
Il me détaille lentement, sans regard déplacé mais je suis gênée quand même car son expression est indéchiffrable.
- Voulez-vous que je demande au chauffeur de s'arrêter ?
Je secoue la tête négativement.
- Non ça va aller. Plus vite ce sera terminé et mieux ce sera.
Il sourit, ce qui illumine les traits fins de son visage.
- J'espère que l'air de la montagne vous fera du bien.
Je souris timidement à mon tour, contente de remarquer que mon mal de tête se soit calmé.
Soudain je sens un coup de coude dans mon dos et un bras mince s'enroule autour de moi, m'étouffant presque.
Je me prends un coup de natte brune dans l'œil au passage.
- Salut tu dois être notre guide, moi c'est Fiona, ma grande sœur Vomito s'appelle Isabella mais tous ses amis l'appellent Isa et elle est célibataire. Tu t'appelles comment toi ?
Si je pouvais disparaître n'importe où sauf ici je le ferais.
Mon visage a brusquement pâli tandis que celui de mon interlocuteur a viré au rouge écrevisse.
- Je suis juste un employé du château... bégaie-t-il avant de s'éloigner, me plongeant dans la honte totale.
Il se retourne néanmoins et me fixe en disant :
- Moi c'est Stan.
Puis il s'assoit et je me tourne comme une furie vers ma sœur qui arbore un sourire angélique.
- Toi tu as dû oublier les bonnes manières au pensionnat... je siffle en plissant les yeux.
Elle lève les yeux au ciel.
- Comme tu peux être coincée ! C'est moi qui vient de finir le lycée privé donc je devrais être prude et toi l'étudiante déjantée !
Son humour me passe au-dessus de la tête car je ne suis pas d'humeur à supporter ses gamineries.
En effet si Zoé est calme et réservée, Fiona en revanche est une vraie pile électrique qui ne mâche pas ses mots.
Je me rappelle qu'une fois lorsque nous étions plus jeunes, elle était allée voir un mec qui me plaisait en lui demandant carrément pourquoi il était trop con de ne pas sortir avec moi.
Je m'étais cachée de lui dans les couloirs du lycée pendant des mois après ça.
- Tu verras quand tu seras toi-même à l'université si ce sera beuveries et compagnies quand tu devras en chier pour obtenir ton année.
- Quel langage chartier ! Je suis choquée ! dit-elle en prenant une voix suraiguë et en posant une main sur son front dans un geste faussement dramatique.
Soudain le car freine fortement et c'en est trop pour moi.
Dans un haut-le-cœur magistral, je vomis sur le siège devant moi, éclaboussant Fiona au passage et ma tenue.
Elle pousse un petit cri et commence à s'essuyer avec une lingette tandis que je fixe d'un œil morne le liquide jaunâtre dégoulinant sur le tissu, son odeur nauséabonde me faisant vomir à nouveau.
- Beurk ! C'est pas comme ça que tu vas te trouver un mec !
Les vacances commencent bien.
VOUS LISEZ
Romance D'un Été [Roman Court - Terminé]
RomantiekUne romance courte sur le thème estival, qui vous fera vous évader au fil des pages ! Isabella est une jeune femme dont le cœur fragile vient d'être brisé. Avec ses parents et ses sœurs, ils s'embarquent pour faire du tourisme vert dans une forêt a...