Chapitre Un : Les Caves, bas-fonds de l'Excitation

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« Une carte de presse et tu peux te pointer où tu veux, Nara ? »

Le monstre bodybuildé posté à l'entrée des Caves nous laisse passer après un coup d'œil sur la carte de presse que je lui tends en me souriant. Qu'on se souvienne si bien de moi, ça me fout les boules à un point que personne ne peut soupçonner. Ne pas avoir la possibilité de n'être qu'un pauvre mec parmi tant d'autre qui veut se la jouer en boite, c'est ridicule. Pour moi plus que pour n'importe qui.

Une fois passé avec Chôji et Ino, le mot d'ordre semble être donné : nous sommes des gens importants tous les trois. C'est un peu déroutant de se dire que l'an dernier on ne m'aurait même pas laissé m'approcher de cette boite à cause de mes déboires passés et de mon nom catalogué dans tous les night-clubs de Konoha. Ce n'est plus mon problème désormais, pas tant que j'ai l'assurance du pouvoir procuré par Asuma Sarutobi.

Dès l'accueil et une fois notre entrée gratuite acquise, l'ambiance nous met le feu aux miches et une bousculade plus tard je perds Chôji et Ino. Une bonne excuse pour batifoler, si vous voulez mon avis.

Il y a de ça cinq ans, on m'aurait traité de gros fêtard, j'aurais ricané puis ignoré la personne qui aurait osé évoquer cette idée. Mes années en faculté auront eu le plaisir de me faire changer d'avis sur ce sujet-là et sur quelques autres : les femmes, l'alcool, la drogue parfois... et... Temari ?

Merde, Temari.

Pas mon Pet Rock, non. La vraie Temari.

Vous ne la connaissez pas, c'est vrai. Mais elle vient de débarquer dans mon champ de vision et je sens jusqu'ici toutes les emmerdes que je risque à la croiser ce soir.

D'ailleurs, laissez-moi vous en toucher quelques mots. Temari c'est : une emmerdeuse, une très belle femme, la plus belle que j'ai pu rencontrer, celle qui m'a fait découvrir tous ces excès dont je parlais juste avant, celle qui m'a fait passer pour un con à la fin de nos études. La liste pourrait encore faire des kilomètres mais ressasser toutes ces vieilles histoires ça prend du temps et j'ai prévu de m'amuser ce soir.

Temari peut bien aller se faire voir, je suis ici pour m'éclater.

Les barmaids ont bien compris qui j'étais. Enfin celui que je suis censé être. Elles me tournent autour, prennent mes commandes rapidement, me les servent tout aussi vite et... Font tout pour être remarquées. C'est un avantage accordé par une carte de presse lors des évènements locaux à Konoha.

Avoir un peu de pouvoir est une opportunité à ne jamais laisser passer.

Abruti par la musique et par ce deuxième verre qu'on vient de me servir, j'observe les lieux. Venir aux Caves c'est l'assurance d'être dépaysé du grand Konoha : ici, on découvre un lieu underground aux pierres brutes et avec de la basse qui te fait frétiller l'estomac et te donne envie de baiser. Un truc brutal avec un coït hurlant. En deux verres d'un alcool trop violent pour mon corps de maigrichon, je me retrouve à danser, d'un déhanchement d'alcoolique qui renverse son verre sur ceux qui dansent trop près de lui. Qui bouscule des jolies filles et les collent jusqu'à ce qu'elles se lassent.

« Il y a parfois des choses qui ne changent pas. »

Un soupir à mon oreille me donne une gaule d'enfer pendant que je tente de me rappeler de la personne à qui appartient cette voix. Son corps contre mon dos et ses mains qui m'agrippent les hanches me donnent une irrésistible envie de me retourner et de-

« Tu baiseras personne ce soir. Pas avec cette odeur de transpiration et ce look d'alcoolique. »

Temari.

J'ai plus du tout la trique, l'alcool est retombé et l'excitation de la fête a foutu le camp. Bordel de merde, j'avais presque oublié tout cette histoire...

Je n'ai pas encore parlé de Temari dans les termes les plus exacts. Blonde, grande, belle, manipulatrice. Elle m'a baisé. J'ai aimé ça, et ensuite j'ai détesté.

« Tu devrais t'en aller, tu n'es pas le bienvenu dans la vie nocturne de Konoha. Tu le sais. N'est-ce pas ? »

Son corps se presse plus contre le mien, ses mains se portent sur mon bas-ventre et je me rends compte qu'elle me fait finalement toujours autant d'effet. Avec l'alcool et l'effervescence de la fête, j'articule comme je peux mais finalement rien d'intelligible ne sort de ma bouche alors elle continue, de sa délicate voix sulfureuse qui atténue le wub-wub de la musique.

« Mais tu es trop imbibé pour que je te laisse te faire jeter violemment par les gorilles des Caves. »

Une seconde plus tard, toute la chaleur de son corps s'évapore et me fait frissonner de frustration. Temari a disparu et je n'ai même pas eu l'occasion de lui faire ravaler ses paroles. Avec tout cet alcool dans le sang, je ne dois pas être ce qu'il y a de plus clair, cela dit... Je scrute tout le monde autour de moi mais impossible de repérer ses cheveux blonds et la trique que j'ai double d'intensité à la simple idée de lui parler quelques secondes pour évoquer avec elle à quel point je la déteste.

On devrait faire une légère digression sur le sujet, voyez-vous. C'est le moment idéal pour s'y atteler.

Arrivé à la faculté de Konoha avec une bourse et ma tête de premier de la classe, ça ne commençait pas vraiment bien pour moi. Chôji m'avait lâché pour une école de design et Ino m'insupportait tellement à cette époque que j'avais décidé de devenir un mec sans problèmes et studieux au possible. Durant le premier semestre la qualité de mon travail avait été irréprochable, j'étais le premier, le meilleur. La belle vie.

Jusqu'à ce que je croise le regard de cette foutue blonde aux yeux cajoleurs. Elle m'avait dégommé le peu de jugeote qu'il me restait en souriant de ses dents toutes blanches et bien alignées. Son franc-parler, ses yeux verts et le goût de ses lèvres avaient eu raison de moi.

« On sort ce soir ? » « Goûte un peu, c'est planant » « J'ai super-envie de toi, allez. On sèche ! »

Temari connaissait mes faiblesses et mes envies. Elle en avait tellement usé que le jour de la remise des diplômes elle me volait la première place. Une place que j'avais mérité. Une place qui me revenait de droit. Avec le recul, ça paraît un peu ridicule. Mais ma rancune tenace ne saurait accepter pareil affront.

Le contexte est posé, tout est dit. Ça tombe plutôt bien, je viens de retrouver Chôji et ma nouvelle assistante qui dansent sans prendre en compte le reste de l'univers. Vivement qu'ils retirent leurs œillères ces deux-là...

Je traverse la foule, me fais attraper les lèvres par une jolie brune à qui je souris bêtement et titube jusqu'à mes amis en sa compagnie.

Ce soir-là, je ne retrouve pas cette blonde manipulatrice qui porte le nom de mon Pet Rock alors on fera sans. Tant pis. Portés par la fête, plus personne ne parle plus que pour profiter de l'instant.

Je n'ai pas eu Temari ce soir, je ne me suis pas vengé. Mais ce n'est pas un problème. La vengeance est un plat qui se mange froid. Et...

Je suis un Crouneur.


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« Mon rapport à la sexualité dans la fanfiction avait bien trop disparu ces derniers temps pour que je n'en fasse pas allusion dès à présent ! Écrire une fanfiction à la première personne est une expérience assez rare et c'est la première fois que je me permets même de la poster. Ça fait bizarre, je dois bien l'avouer. J'espère que je reste cohérente dans ce que je dis. Navrée pour le manque de description. Qui, dans sa tête se permet de décrire son entourage proche, hein ? Je vous le demande.

Prologue et premier chapitre postée l'un avec l'autre parce que je n'arrivais pas à me décider sur un raccourcissement à base d'un seul chapitre mettant la base de l'histoire + les Caves. Choix difficile s'il en est...

Et je remercie bien fort Potatoe-chan de m'avoir incité à poster. Parce qu'après trois mois à glander dans mon ordi, cette fanfiction n'aurait jamais sorti un bit de mon serveur.

Allez, des bisous. »

Sandou-Soudy

Le CrouneurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant