Chapitre Trois : Glazart, ce gout Métallique

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Personne ne m'accompagne ce soir-là. Pourquoi ? me demanderez-vous, avides d'en savoir toujours plus sur mes déboires de jeune adulte. Parce qu'il y a eu le Duplex.

Je dois bien l'avouer, avoir collé cette pauvre blonde en croyant m'être approché de Temari était une terrible erreur de ma part, je m'en rends bien compte maintenant. Mais, étouffé dans tout cet alcool que j'avais ingurgité ce soir-là, la précision et le bien pensant n'avait pas même frôlé mon esprit. Jusqu'à ce que ce bon vieux videur m'agrippe par le col de mon débardeur et me jette dehors avec mes amis.

Tenten m'en voulait d'avoir pourri son coup. Chôji m'en voulait d'avoir fait exploser la petite bulle de bonheur qu'il avait eu en embrassant l'inconnue blonde qu'il tripotait. Et Ino m'en voulait aussi, sans même préciser sa pensée.

La solitude me submerge un instant jusqu'à ce que je tende ma carte au vigile du Glazart. Tant pis, ils ne profiteront pas du concert de ce soir.

« Shika ! »

Ne peut-on être seul dans ce monde ?

Ne répondez pas : Non.

Je me retourne, crispé comme jamais pour sourire à mon interlocuteur.

« Ça faisait longtemps dis-donc !
- J'imagine. Depuis la remise des diplômes, en fait. »

Soit un an et quatre-vingt-dix jours à quelques heures près.

Kankurô est ici. Qui est-il ? Un indésirable de mon passé. Pourquoi ? Parce qu'il est l'un des frères de Temari. Tout simplement. Inlassable passé qui me rattrape, peu importe mes actions.

Après un rapide « Alors la vie, la famille, les amis, les amours » nous nous séparons et je me jette sur le bar, prêt à en découdre avec une pinte de bière.

Peu seront capables de croire que je bosse comme un dératé en journée, délaissant entièrement le poste à l'événementiel que m'a confié monsieur S. Pourtant, pas une seconde ne passe, de huit heures à vingt heures sans que je ne saute du point A au point Z, me démenant pour garder une cohésion au sein de mon équipe. Monsieur S, où êtes-vous ?

Sortir le soir c'est ma seule échappatoire. Personne ne m'en privera.

« Mais c'est encore ce grand Shikamaru que j'aperçois du coin de l'œil ? me dit une voix en se posant à mes côtés.
- Mais c'est encore toi, Temari ? N'as-tu donc pas une vie active dont te préoccuper ? »

La Temari qui n'est pas mon Pet Rock me jette un regard désinvolte et commande une bière. Habillée d'un pantalon en cuir et d'un débardeur trop grand pour elle, Temari joue des coudes pour être servie et je l'observe placidement. Ma dernière tentative de punition n'ayant pas été fructueuse, je reste en retrait. La voir autant de fois en si peu de temps me perturbe. Pas même deux semaines ne se sont écoulées depuis les Caves et, rien que d'y penser, un sourire me gagne.

Sourire bien vite effacé quand elle me regarde dans les yeux pour me demander : « Tu danses ? »

Bordel de merde.

Mon esprit rationnel me rappelle que j'ai une bière dans la main que j'ai à peine entamée et que le concert bat déjà son plein depuis vingt minutes avec une piste bondée à ras bord de jeune métalleux défoncés qui jouent pogos sur pogos. Et puis danser avec Temari, merci bien. Ce n'est pas parce qu'elle est canon dans sa tenue que je vais oublier tout ce qu'elle a provoqué dans ma vie.

Et pourtant.

Mon temps de réflexion lui permet de me prendre la main et de nous enfoncer dans cet amas de jeunesse qui saute et hurle en réponse au groupe sur scène. Il ne lui aura suffit que de me regarder dans les yeux et de me demander de venir avec elle pour que toute ma volonté foute le camp. Je la déteste tellement.

Elle se colle à moi, m'enchaine dans cette danse brutale et pleine de regards jetés à la volée, et je la laisse kidnapper mon âme pour une soirée encore.

Juste une.

Kankurô nous rejoint bientôt, complètement jeté avec un sacré coup dans le nez, il ne s'aperçoit pas du détachement qui s'opère entre Temari et moi, et sourit à tout va. Je me rappelle de l'université : danser comme dans la prime jeunesse, oublier le monde et profiter de ce putain d'instant T. Mon instant T.

T comme Temari.

Le temps me paraît distendu, tout se mélange dans ma tête. Le nombre de verres qu'on s'est enfilés à trois, le temps qu'on a passé à se serrer dans les bras les uns les autres, le nombre de pétards qu'on a pu fumer sur la réserve d'un pauvre ado. Puis tout s'accélère.

Kankurô qui vomit. Temari qui appelle un taxi. La sortie du Glazart. « Tu viens avec nous ? » Kankurô qu'on allonge dans le canapé de Temari. « Un dernier verre pour la route ? » Temari qui allume la musique dans la cuisine. Un dernier joint pour le confort. Notre chanson. Un dernier baiser.

Ce putain de dernier baiser.

Cette putain de chaleur sur mes lèvres.

Je n'en reviens pas de me faire avoir comme ça à chaque fois. Je la dépose sur le plan de travail, l'embrasse à tout-vas, la déshabille.

« Shika. »

Qu'elle se taise. S'il-te-plait, Temari, tais-toi. Laisse-moi profiter. Un an et quatre-vingt-dix jours. Sans la voir, la toucher, la serrer contre moi.

Putain de merde, Temari, tu me manques tellement. Où es-tu ? Que fais-tu ? Est-ce que t'as eu un copain ? Est-ce qu'il t'a baisé comme j'ai pu le faire par le passé ? Est-ce que t'aimes ta vie sans moi ? Pourquoi tu m'as menti comme ça ? C'était indispensable de te foutre de moi à ce point là pour une vulgaire première place au classement national ? Je t'en supplie Tem', dis-moi tout.

Perdu dans cette réflexion de petit con sentimental, j'oublie les gestes que j'effectue. Temari retournée sur le plan de travail que je possède pleinement, son petit cul en l'air que je martèle comme une vengeance.

Qui se venge de qui, hein ? Arrête de te mentir, Nara. Elle t'a encore niqué.

Again and again.

Tu te fais avoir, comme à chaque fois. Temari et ses jolis yeux verts. Temari et son caractère de pétasse sournoise. Temari et ses belles paroles. Temari et ses petits seins qui rebondissent à chaque coup de rein. Ma Temari qui crie qu'elle aime ça.

J'ai le sentiment de friser la folie. Elle est à moi, personne ne pourra me dire le contraire.

Vous savez pourquoi ? Parce que.

Je suis un crouneur.


- – —

« Chapitre un peu court, je l'avoue. MAIS.

Voila, j'ai mis de la sexualité. Ça fait tellement de bien dans mon âme ;o; ! Je sais pas si faire de Shikamaru un petit connard vindicatif qui déteste la femme qu'il aime est une bonne chose. On verra bien... Bon allez, vous avez vu l'heure, ohohoh !?

Bisous sur vos joues. »

Sandou-Soudy

Le CrouneurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant