Chapitre Cinq : Galerie Sakura, Souriez

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C'est amusant de se dire que Sakura, célèbre photographe qu'elle puisse être, souhaite se faire exposer à la galerie qui porte son prénom, sans aucun autre lien. C'est tout elle, en vérité. Son petit côté mégalo.

Invité à son vernissage, me voilà habillé de ces frusques que je n'ai pas mis depuis un an et cent-un jours pour ma remise de diplôme. Atroce sensation de mettre les habits d'un mort. J'imagine que cette fois-ci, je ne verrai pas Temari. La croiser à chaque fois que je sors, me fous les nerfs. Peu importe la situation, elle est là, toujours aussi belle à me saluer avant de filer s'amuser pendant que j'expie mes peines en accostant la première femme à ma portée. Je ne m'explique pas encore ces concours de circonstance qui me font la croiser aussi souvent.

« Shikamaru, te voilà enfin ! »

Sakura, habillée d'une robe de soirée noire, me sert dans ses bras et félicite ma tenue : « Pour une fois que tu fais l'effort d'être présentable. » Ok, merci.

Elle se pend à mon bras et me fait le tour du propriétaire devant les critiques toujours plus avides de renseignements.

« C'est génial de te voir là, ce soir. Tu es le seul à avoir pu venir, tu sais. Chôji et Ino ont un truc de prévu, Tenten a rencontré la femme de sa vie et le duo Sasuke-Naruto est en déplacement à Suna. Ma vie est un enfer. »

Elle me sourit de nouveau et me laisse à côté d'un plateau de petits fours. Mes doigts se posent sur l'un deux au même moment que d'autres et je relève mon visage pour savoir qui est l'importun qui tente de me subtiliser le dernier petit four au fromage. La surprise se fait à moitié quand j'aperçois cette mignonne jeune femme au regard blanc.

On se sourit bêtement et elle s'empare de l'aliment et le gobe, un air mutin collé au visage.

« Bonjour, je suis Hinata Hyûga. Vous passez une bonne soirée ?
- Ça dépend. Visiblement, on m'enlève le pain de la bouche, par ici. »

Elle rit de ma réflexion, et me tend sa main. Me forçant par la même occasion à décliner mon identité : « Shikamaru Nara, un ami d'enfance de Sakura. »

L'espace d'un instant je me dis que tomber sur une femme qui ne passe pas sa vie en boite c'est peut-être une bonne chose. Hinata a l'air d'une fille bien et passe son temps à combler les blancs que je cause en parlant très peu. Intelligente, féminine et parfaitement capable d'éviter les journalistes qui l'abordent depuis que l'on discute tous les deux. Je ne sais pas qui elle est, mais visiblement elle doit être assez connue pour qu'on lui tourne autant autour.

« Ça te dit de monter ? Il y a une terrasse, on sera moins gênés pour discuter. Tous ces gens commencent à me courir sur le haricot. »

J'acquiesce, la suis et m'installe à même le sol en sortant une cigarette.

« Ce ne te dérange pas la cigarette ?
- Ça ira si tu m'en files une aussi. »

Cette femme est un ange. Pendant un instant j'oublie l'existence de Temari et me rappelle qu'il y a d'autres choses à découvrir dans ce monde.

On discute, inlassablement, comme deux vieux amis et l'instant d'après la magie du moment s'évapore à l'entente d'un vrombissement dans la pochette dorée de la jeune femme. Hinata regarde son portable et soupire sans décrocher.

« C'est mon ex qui appelle, me dit-elle sous l'air surpris que j'ai. C'est une vieille histoire et j'ai encore du mal à me séparer de lui. C'était mon premier amour tu sais. C'est toujours difficile de se séparer de la première personne capable de faire fondre ton cœur. Tu ne trouves pas ?
- Je crois que je suis le plus à même de te comprendre... »

La voilà partie pour me demander sous mille mots ce que j'entends par là. Elle sourit, me flanque un coup dans les côtes et demande des précisions. Qui était mon premier amour ? Ce qu'il s'est passé pendant. Ce qu'il s'est passé après... Pourquoi ?

« Elle ne me respectait pas.
- Qui ne te respectait pas ? »

Hinata et moi nous retournons comme un seul homme, et Sakura rit de la surprise qu'elle a provoquée.

« Vous verriez vos têtes ! On m'a dit que je vous trouverai là-haut, tout va bien ? »

Comment lui dire que je me porte mieux que ce qu'elle pourrait imaginer. Hinata jette sa cigarette et va rejoindre Sakura.

« Je suis contente de vous voir ici tous les deux, nous dit mon amie. J'ai pas encore pu faire les présentations jusqu'à présent. Ça va faire un choc à toute la clique. »

Elle me sourit gravement, plus très sûre de ce qu'elle compte me dire et mon cœur se serre, j'espère que tout va bien. Je pourrais crever de désespoir vu l'état de mon âme en ce moment. Elle inspire un grand coup et Hinata lui attrape la main pour la soutenir en la regardant.

J'ai tellement peur de comprendre.

« Eh bien. On se voit pas régulièrement, hein, me dit-elle. J'ai fait mes études à Suna, toi à Konoha. On n'a pas vraiment fréquenté les mêmes univers, le même cercle social... Et je. Tu sais. Tu te rappelles l'été dernier à Kiri ? Le mec dans ma chambre. »

Si je m'en souvenais... Naruto en avait fait des caisses tellement cette nouvelle l'avait abasourdi de voir la gentille Sakura laisser le moindre mec n'étant pas Sasuke l'approcher.

« C'était pas un mec. »

Pas un mec, non.

« Je te présente Hinata Hyûga. »

Hyûga. Ce nom me rappelle une grosse boite qui fait parler d'elle en ce moment, ça n'a sûrement aucun rapport, mais ça explique les gens qui l'importunaient plus tôt.

« C'est ma petite amie. »

Fallait-il comprendre que le destin s'acharne contre ma pauvre personne ? Fallait-il qu'on me rappelle l'enfer sentimental que provoquait la moindre jeune femme qui pouvait m'intéresser ?

Je souris, surpris, ébahi, dégoûté. Dégoûté par elle, par moi, par Hinata que j'avais vu comme une parfaite bouée à mon mal-être. Mon mal-être doit trouver une nouvelle bouée. Et ce n'est pas Temari le caillou de compagnie qui me sortira de cette impasse.

Mais ne vous inquiétez pas.

Je suis un crouneur.


- – —

« Ohohoh. Sakura est homosexuelle dans mon esprit. Pour toujours et à jamais, si ça doit changer, c'est pour le besoin d'une histoire. Rien d'autre !!! Faire un coup bas pareil à Shikamaru m'est venu comme un déclic. Ça n'apporte à l'histoire qu'un peu plus de tristesse et de mélancolie mais c'est mon côté mauvaise. Mes deux derniers chapitres ne sont pas fameux et Temari passe pour la connasse de service. Il faut que je trouve le moyen de décanter ça. Alède :(.

Des bisous sur vos fesses. »

Sandou-Soudy

Le CrouneurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant