Chapitre Six : Le Queen, the save God

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Encore deux semaines. Deux semaines et je retrouve mon rôle de secrétaire attitré de monsieur Sarutobi. J'hésite entre la joie et la tristesse. Retrouver mon ancien statut de larbin et perdre mes acquis de V.I.P. en boite, ne plus apercevoir Temari aussi souvent.

« Il y a une soirée au Queen ce soir. Il parait que c'est pour mettre en lumière les problématiques LGBT. Intéressés ? lance Naruto Uzumaki, grand blond aux yeux bleus, sans relever le nez du magazine qu'il lit.
- On est quel jour déjà ? demande Kiba.
- Jeudi.
- Jeudi c'est pas la soirée réservée aux gays ? »

Naruto lève le nez de son magazine et Ino s'installe sur les genoux de Kiba, plus qu'intéressée par ce qu'ils racontent.

« J'ai toujours rêvé d'avoir un meilleur ami gay.
- Tu as Sakura, relève Chôji en levant les yeux au ciel.
- Mais ce n'est pas pareil, lui souffle-t-elle. »

Je grimace d'une part car la discussion est d'un genre plutôt vaseux. Mais je grimace surtout au souvenir de cette soirée avec Sakura dont il me reste un goût désagréable. Le sort s'acharne tellement sur moi que j'ai l'impression qu'il s'agit de quelque chose de normal.

« Et puis c'est pour les droits LGBT. Je suis sûre qu'il y aura une grande variété de personnalités. Ça peut pas faire de mal de se montrer un peu. Avec Shikamaru on sera sûrement à proximité d'eux, dans le carré !! »

Quelle femme vénale cette Ino.

Elle me supplie du regard en tapant dans ses mains.

« Ok, je souffle. Je resterai pas longtemps, tâchez de ne pas me faire honte. »

Leur faire honte. La blague. La dernière fois que je me suis retrouvé au Queen j'étais tellement déchiré que je me rappelle seulement de l'instant où les videurs m'ont mis à la porte. Que de souvenirs...

Ino saute de joie, Kiba soupire et Naruto se félicite d'avoir des amis aussi ouverts.

Le soir venu, ils me lâchent tous. Ino disparaît, Kiba file au bar, Naruto et Chôji se font accoster dans un coin, et Tenten décide qu'il n'y a rien de mieux que de se dandiner sur la piste.

Je déteste le Queen. Du plus profond de mon âme. Les gens se droguent à l'ecstasy, la plupart des clients portent des tenues qui me brulent les yeux, les hommes me draguent, les femmes me regardent en jouant au jeu des devinettes (est-il gay, ne l'est-il pas ?).

Et Temari m'observe depuis l'une des tables VIP.

C'est quoi ce destin de merde ?

Confortablement assis dans ce canapé couvert de paillettes du carré VIP, je la regarde sans même laisser poindre une émotion. Il est hors de question que je cède de nouveau à son attraction. Je ne bougerai pas. Son sourire s'élargit à cette constatation. Ça t'éclate, Tema, de me voir souffrir autant pour toi, pimbêche princière ?

Une serveuse m'accoste, le regard de ma blonde se ternit et je soupire de soulagement, me permettant enfin de briser notre contact visuel.

« Je n'ai besoin de rien, ça ira, dis-je à la jeune femme.
- Je suis ici pour vous servir un verre. Il est de la part du jeune homme, juste là. »

Elle pointe du doigt un homme que je crois reconnaître et je le remercie d'un geste de main, l'invitant à me rejoindre. Il se lève, tout sourire et s'assied à mes côtés en se présentant.

« Tu te rappelles de moi ? me demande-t-il, tout sourire.
- Ta tête me dit quelque chose, en effet.
- Je suis ton ancien dealeur. »

Cette annonce me fait l'effet d'une bombe et je me contracte plus que de raison. Ce putain de passé, une plaie impossible à recoudre.

« Ça fait bizarre, hein, de se retrouver ici. Les études, cette vie de débauche... J'ai lâché le business depuis le temps. C'est drôle de retrouver une tête pareille ici. »

Le type parle seul et je retrouve le regard de Temari qui ne m'a pas lâché. Le blabla incessant de mon nouvel ami, la musique sourde à mes oreilles... Je n'ai envie que d'une seule chose : effacer le sourire narquois sur les lèvres de cette petite conne.

Rempli d'aigreur que je suis, j'ai le sentiment d'être capable de faire tout et n'importe quoi.

Elle l'a peut-être compris puisqu'elle se lève et marche droit vers moi, dans sa petite robe à paillettes.

« Hidan, comment vas-tu depuis le temps ? lance-t-elle à mon invité.
- Ça peut aller, jolie poupée, répond-il, visiblement ennuyé d'avoir été interrompu dans son plan drague.
- Désolée de te déranger, beau gosse. Mais je suis venue t'enlever Shikamaru. »

J'ai l'atroce impression d'être l'objet qu'ils se disputent. En être réduit à ça, ça me fout les nerfs en pelote mais...

Elle me tend une main que j'attrape machinalement. Qu'elle fasse ce qu'elle veut. Je n'en suis plus à ça près. Elle me mène aux toilettes des employés en caressant ma main du bout des doigts.

« Si je m'attendais à te trouver à une soirée LGBT. Le monde est plein de surprises, hein. »

Je ne réponds rien. Je n'entends pas. Je refuse de l'écouter me dire des choses que je ne veux pas entendre. Les effluves d'alcool qu'elle dégage ne laissent aucun doute sur son état. Sur son état et sur ses envies.

Elle s'assoit sur le plan du lavabo, et remonte sa robe en me rapprochant d'elle, tirant sur mon col de chemise. De ses doigts engourdis par l'alcool, Temari prend déjà à cœur de me déboutonner le pantalon.

« J'avais pourtant l'impression de te faire assez d'effet pour ne pas laisser de doute à ton orientation sexuelle. »

Nul doute que ma sexualité ne tourne qu'autour de toi, Temari. Je te déteste tellement ! Je hurle à l'intérieur, pose ma main sur la cuisse dénudée de Temari et plonge mon nez dans sa poitrine. Mon petit nuage de bonheur entre ses deux nichons ronds qui gonflent au rythme de sa respiration.

Allez Temari, laisse-toi aller. Je n'ai pas bu ce soir, t'es rien qu'à moi et je suis pleinement conscient de ce que je vais te faire.

Je ne sais pas ce que tu attends de moi en te laissant faire comme ça.

Je ne sais pas ce que tu attendais de moi en riant tellement de m'avoir pris cette première place, stupide dispute d'adulescent.

Adieu petite culotte.

On discutera demain Temari. Je ne te laisse pas le choix. Peu m'importeront tes protestations, tu n'es pas à même de prendre tant de décisions à ma place.

Je suis. Un Crouneur.


- – —

« Bonjour Internet. Comment allez-vous ? Que puis-je dire pour ma défense qui ne me fasse pas passer pour celle qui utilise Temari comme un yoyo. Laissez-vous aller~ Enlevez votre petite culotte~ Venez boire un coup~ Soyez heureux et épanoui.e.s.

Ah et LGBT == Lesbian-Gay-Bi-Trans. C'est une abréviation qui permet de parler du spectre des genres et des orientations sexuelles et amoureuses. Je ne suis pas spécialement calée sur le sujet donc je suis très mauvais guide, mais le sujet mérite d'être abordé avec justesse malgré ma maladresse.

Quand je disais dans le prologue que toutes les boîtes que je citais pourraient être des lieux où nous aurions pu boire un coup, je vous pris de lire cet erratum : Le Queen n'en fait pas partie.

Bisous sur vos yeux~ »

Sandou-Soudy

Le CrouneurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant