Chapitre Dix : 2140, avenue de Konoha

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J'ai mal au crâne. Le ventre en compote. Le visage qui tire.

« Debout, Nara. Il est onze heures, tu as amplement eu le temps de dormir. »

La voix délicatement violente de Temari me sort de mes songes et je me rappelle à demi de ce qu'il s'est passé la veille. J'aurais bien préféré oublier, à dire vrai.

J'essaye de lui répondre mais le poids d'une enclume sur l'arrête de mon nez m'en empêche et je gémis de douleur en me tenant les joues.

« Arrête de faire l'abruti. Ne bouge pas. »

Allongé sur le canapé, je me redresse et laisse une place à la blonde qui m'adresse un regard fatigué. Elle agrippe mon visage à deux mains, l'observe longuement et je me perds dans la contemplation de ses yeux. Je crois que ce qu'elle m'a fait fumer hier soir me joue encore des tours.

« J'ai rien d'autre pour calmer la douleur. Il faudra t'en contenter, m'a-t-elle dit en me tendant un pétard. »

Sérieusement Temari, qu'est-ce qui t'as pris de m'ouvrir la porte ? Je te croyais plus maligne que ça.

Elle me tend une poche de glace et se relève. C'est à ce moment que je réalise réellement l'étendue de ce qu'il m'est arrivé hier soir.

Je suis assis, dans le canapé de Temari. Ce même canapé où Kankurô avait dormi pendant que je forniquais avec sa sœur. Vêtu de mon pantalon de la veille et rien d'autre. Le reste est plié sur le bras du canapé. Ok. Visiblement je n'ai rien fait avec Temari. À savoir si ça me fait de la peine...

Je me dirige vers la salle de bain avec un léger vertige et m'observe à travers le miroir. Un hématome gonfle de la base de mon nez jusqu'à mes joues et mon œil droit à du mal à rester ouvert. Ok.

« Simple fracture. Sakura est passée cette nuit pour te fourrer des mèches dans le nez. Histoire que tu te vides pas de ton sang sur mon parquet flottant. »

Visiblement, il s'est passé plus de choses que ce que mon esprit veut bien me rappeler. J'en étais presque à oublier que Sakura avait fait des études de médecine avant de tout lâcher pour la photographie.

« Depuis quand tu te bats avec Chôji en boite ? »

Cette question me fait grincer des dents. Putain, t'es vraiment qu'un con.

« Ai tenté d'embrasser Ino. Ça n'a pas trop plu. »

Chaque mot sorti de ma bouche est une torture et je vois Temari lever les yeux au ciel en sortant de la salle de bain. Ok, c'était pas très malin de lui dire ça à elle. Je la suis jusqu'à la cuisine, rougit en regardant le plan de travail, et m'installe face à elle pendant qu'elle me sert un café. Le pesant de la situation me saute alors aux yeux et je réalise un truc qui aurait dû être plus évident dès mon réveil.

Temari m'a laissé son journal à la con, rempli de ses sentiments. Moi, je me pointe, la gueule en sang et les idées brouillées. Si avec ça, elle ne me fait pas la tronche encore longtemps, je suis gagnant.

Au prix d'un effort incroyable, suivit de douleur à n'en plus finir je l'accoste alors : « Désolé pour la dernière fois. Suis vraiment con parfois. »

La voir sourire à ma phrase me redonne un peu d'espoir : « Comprends pas grand-chose à ce qu'il se passe. Merci, en tout cas pour... Ça. »

Pointant mon visage, je lui fais comprendre de quoi je parle avant de reposer la glace sur mon nez.

« Je trouve ça cool de voir que tu souffres autant, répond-elle de son sourire ravi. Ça t'apprendra à te mentir à toi-même et à raconter des bobards à cette pauvre Tenten qui me tanne depuis deux semaines pour qu'on s'explique tous les deux. Ton existence m'épuise. Je suis bien contente que Chôji t'ai remis les pendules à l'heure. »

La peste. Profiter de mon incapacité à me défendre n'est digne que d'une fourbe blonde telle qu'elle.

« Mais bon. Te voir chialer à ma porte... Je m'attendais pas vraiment à ça, ajoute-t-elle tirant une grimace. »

Mon cœur se serre. J'ai tellement de choses à dire maintenant que je l'ai sous le coude et si peu de force pour parvenir à être compréhensible le temps d'une discussion sérieuse.

Une heure plus tard, Sakura débarque et nous repartons tous les deux en voiture jusqu'à l'hôpital où elle me prend rendez-vous dans la minute pour passer des examens, plus inquiète que moi sur mon état de santé.

« Visiblement, tout va bien, revient-elle me dire après de longs scanners et inspections de mes narines. Tu aurais dû m'attendre hier soir, Shika. On s'est fait du souci pour toi. Surtout Chôji. Si tu savais comme il s'en veut. »

Elle soupire, me sourit enfin et me demande d'un air malicieux si j'ai finalement réussi à me rendre intelligible à l'oreille de Temari : « Depuis le temps que tu gardes votre relation secrète, je suis assez curieuse de savoir si vous êtes ensembles maintenant ou pas. »

Sakura est toujours la plus dégourdie de l'équipe. À voir des choses que personne d'autre n'aperçoit du bout du nez. « Ça m'ennuierait d'être arrivée au mauvais moment tout à l'heure. »

Elle me met un coup dans les côtés et nous sortons finalement de l'hôpital où Chôji et Ino nous attendent.

Bon, d'accord. Je suis bourré d'appréhension. D'une peur plus que rationnelle de me recevoir un second coup dans le pif de la part de mon meilleur ami pour avoir essayer de rouler une pelle à celle qu'il aime. Mais un seul regard vers les mains jointes d'Ino et Chôji met fin à mes peurs et ma gorge se sert.

Très bien... Je contiens toute la trahison que je sens poindre dans mon âme et le laisse s'excuser, s'expliquer, m'engueuler sans répondre une seule fois. Par flemme et par douleur.

« On sort ensemble Ino et moi. »

Oui, je l'avais bien vu venir celle-là. Il se gratte l'arrière du crâne et continue : « T'es tellement obnubilé par cette histoire avec Tema que j'arrive jamais à en placer une. »

Oui, c'est de ma faute. Ino ne hausse même pas un sourcil en l'entendant citer Temari. Les secrets semblent s'être envolés.

« Ça fait depuis deux mois, bientôt. »

Oui, tant de temps. Très bien, j'ai un peu la haine au bord des lèvres que mes meilleurs amis m'aient caché une relation pareille pendant si longtemps. Cette atroce sensation de trahison ne s'apaise pas malgré la stupidité que c'est censé représenter à mes yeux.

Prêt à leur faire comprendre ce que je pense de cette histoire, je me fais interrompre par un SMS.

« Jeudi soir, un café après le boulot ? »

Le temps d'une réponse à ce texto, je me tourne vers mes amis, un sourire niais mais douloureux gravé sur les lèvres : « C'est pas grave, les mecs. J'ai été qu'un con. »


- – —

« Je me tâte à laisser cette histoire finir là-dessus. En soit, elle est viable, cette version. Mais c'est peut-être pas suffisant. Y'a pas toute cette crise que j'aimerais voir apparaître entre Shikamaru et Temari. Bah... je vais me laisser le temps d'y réfléchir, hein. Et dans le doute, merci d'avoir lu, les gens. Visibles, invisibles, m'en bats les ovaires, maintenant.

Bisous sur vos glandes salivaires~ »

Sandou-Soudy

Le CrouneurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant