Chapitre Neuf : La Machine, elephant Love medley

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Je referme ce petit carnet et me frotte les yeux. Un courant d'air froid me traverse tout entier et je me rappelle que je suis toujours à poil dans mon salon.

Temari est partie depuis une demi-heure et j'ai rien trouvé de mieux à faire que de lire son petit journal à la con qui me pousse à me demander ce qu'elle pouvait bien faire avec ce calepin dans son sac. Il n'y a qu'elle pour attacher de l'importance à l'infime.

Sans perdre de temps, j'appelle Chôji.

Et tombe sur son répondeur.

Inutile de compter sur mes amis bosseurs pour m'aiguiller, on est vendredi, il est onze heures... Je suis seul et je vais devoir ruminer seul à ma vie de solitaire.

Savoir que je n'avais aucune chance d'être pris au bureau d'info me rassure un minimum.

Ne plus être sûr des événements qui se sont produits l'an dernier, par contre, ça m'ennuie. Ai-je réellement provoqué ma propre chute ? Le talent de Temari à me retourner le cerveau est-il encore si bon ? Sérieusement, qu'est-ce que je vais bien pouvoir penser de moi-même si je ne suis pas capable de me connaître moi-même?

« T'en penses quoi, Tema ? je demande à mon Pet Rock, docilement posé sur mon bureau. »

Temari le caillou de compagnie me regarde dans le blanc des yeux et je comprends qu'il vaut mieux ne pas ressasser le passé, c'est complètement con : « T'as bien raison d'être un caillou. »

Venue la fin d'après-midi, Chôji m'attend au pied de mon bureau et nous nous reposons dans un petit café à deux pas de là.

« Tu lui as sérieusement demandé si elle avait copulé avec d'autres mecs ?
- Mh. N'utilise pas ce terme. On n'est pas des animaux. »

Mon ami lève les yeux au ciel. S'ensuit des remontrances typiques qui me rappellent à quel point je peux être un abruti fini quand la situation le réclame. Il se fait pourtant interrompre dans mon remontage de bretelles par son téléphone et lit le texto qu'on lui a envoyé, le rose aux joues.

« Dis-moi, meilleur ami de mon cœur, ça te dit de m'accompagner à la soirée privée des Hyûga ce soir à la Machine ? »

Je fronce les sourcils au souvenir de ce nom qui me rappelle quelque chose.

« Tu sais, Hinata, la copine de Sakura. Hyûga, première fortune du Japon. »

Je grimace et hoche la tête de mauvaise grâce. Si cette soirée est organisée par les Hyûga, il y a de fortes chances pour qu'une tête comme Temari y soit invitée aussi. Ça ne nous ferait pas de mal une dernière confrontation. J'arriverai peut-être à mettre un nom sur la relation qu'on a entretenue, qu'on entretient. Qu'on entretiendra peut-être.

Le soir venu, je retrouve Sakura dans sa tenue bien habillée de petite amie de l'organisatrice. D'un goût plutôt décalé si on prend en considération la clientèle habituelle de la Machine du Moulin Rouge. Clientèle que l'on dépasse sans un regard pour elle en rentrant à l'intérieur.

Hinata me fait la bise en me tendant un verre, je fais un tour du propriétaire du coin de l'œil et planche sur la tactique à adopter plus tard quand je verrai Temari.

Justement ses deux frères déboulent les bras chargés de victuailles : « Hola, Nara, me hurle Kankurô pour couvrir la musique. Merci encore pour la dernière fois, hein. Et euh... À plus.
- Salut Nara, continue le roux en faisant la gueule. »

Ok, ils savent quelque chose. Ils détalent comme des lapins sans que j'ai le temps de l'ouvrir et je hausse les épaules.

D'accord, autant profiter de la soirée. S'ils sont là, la sœur ne doit pas être loin.

Passée une heure du mat', pourtant, je me questionne sur la non-présence de la blonde Sabaku. C'est bien la première fois, depuis tout ce temps que je ne la retrouve pas en boite quand j'y suis aussi. Prendre une telle habitude c'est tellement pas digne de moi.

Merde, y a de ça même pas deux ans, j'aurais jeté aux orties la moindre pensée que j'aurais pu avoir pour une femme. Surtout une blonde chiante et compliquée comme elle. Être accaparé par l'une d'elle, ça ne me ressemble pas. Ce n'est pas ma norme.

J'attrape le verre que Sakura me tend, l'avale d'une traite, retourne sur la piste et me perds dans les méandres de mon esprit d'alcoolique. L'électro me monte à la tête en même temps que l'alcool que j'ingurgite et j'accoste Ino.

Ino qui me regarde horrifiée par ce que je m'apprête à faire. Ma tête à deux centimètres de la sienne. Putain Nara, réveille-toi. Mes lèvres à proximité des siennes. Bordel, Shika, qu'est-ce que tu fous ?

Le poing de Chôji à un millimètre de ma tronche, je me demande pourquoi je n'arrive pas à avoir les idées claires quand je pense à Temari no Sabaku et à son visage d'ange.

Puis je me fais éclater le nez.

Sacré Chôji, hein. Qui l'aurait cru capable de frapper son meilleur ami en plein dans le pif ? Pas moi, je vous l'assure.

Secoué comme jamais, le cul par terre et le nez en sang, je regarde Chôji me hurler dessus. Hurlement étouffé par le sang qui tambourine contre les parois de mon crâne. Ino qui tente de le calmer en l'éloignant de moi, Hinata qui me relève, me demande du regard si tout va bien.

Ça va niquel, Hinata, j'ai tenté d'embrasser mon amie d'enfance que mon meilleur ami aime depuis toujours. J'ai le nez éclaté ? Oh, c'est pas grave. J'le mérite. Je suis qu'un bouffon, t'façon. Je paluche toutes les femmes que je croise, je couche avec celle que j'aime et j'arrive même pas à lui faire comprendre la nature de mes sentiments parce que je suis toujours bourré quand on se voit. Et quand c'est pas une question d'alcool, c'est une question de fierté.

La belle Hyûga m'emmène jusqu'aux locaux du personnel, me fait poser un sachet de glaçons sur le nez et file en me faisant jurer de ne pas bouger. Je l'entends dire qu'elle va chercher Sakura. Je comprends rien à ce qu'il se passe de toute façon.

J'en ai tellement marre d'être l'abruti qui se fait dépasser par les événements. T'es qui Nara, hein ? Un Crouneur ? Laisse-moi rire.

T'es l'alcoolique qui n'écoute pas Hinata et sort de la Machine pour prendre l'air. T'es l'imbécile au Q.I. supérieur à la moyenne qui monte dans un taxi et donne une adresse quelconque pour se barrer le plus loin possible de l'échec qu'il a provoqué. T'es le radin qui descend du taxi et paye sans laisser de pourboire. Qui erre sans but dans le grand Konoha en riant de sa bêtise.

T'es Shikamaru Nara, l'homme qui sonne à l'interphone B02 du 2140 de la grande avenue de Konoha.

« Ouais ? »

Je suis le crouneur qui sait plus pourquoi il se retrouve chez Temari no Sabaku à pleurer de douleur pour son nez brisé.


- – —

« J'aime tellement faire souffrir ce nulloss de Nara Shikamaru. J'imagine que tout le monde comprendra à demi-mot le comportement de Chôji. Et puis je trouvais drôle de faire pleurer Shikamaru, à la porte de Temari. Ça rappelle Temari qui le traite de pleurnichard au chapitre précédent. Mehehee. Bon allez. Je me casse. Profitez bien de votre jeunesse, hein. Ça ne durera pas +_+.

Bisous sur vos oreilles. »

Sandou-Soudy

Le CrouneurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant