- T'en veux ?
Lou dévisagea son interlocuteur.
- C'est quoi ? Fit-elle alors que son regard se fixait sur la petite boule emballé devant elle.
Lou n'était ni une consommatrice habituelle ni une jeune fille naïve, elle se doutait bien de ce que le jeune homme lui tendait pour avoir déjà testé une ou deux fois.
- MD, répondit-il.
MD aussi appelé MDMA ou également extasy. De la drogue.
Beaucoup pensent que la drogue est un truc de petits camés pauvres de cités. Pourtant la plupart des consommateurs de drogues sont les gens de la classe moyenne ou riche. C'est que ça coute cher une dose, ce n'est pas à la portée de n'importe quelle petite bourse. Se droguer est souvent un truc de riches. Ça impressionne les invités et ça fait se sentir un peu plus « thug » que la normale. De vrais gangstas en doudoune à cinq cent balles, presque la moitié d'un smic.
Lou lâcha un regard sur la foule alentour, ils n'étaient que cinq, et tous étaient déjà bien entamés. C'était une petite soirée tranquille, une sorte de réunion d'anciens lycéens.
- Ça marche.
Dans d'autres circonstances, Lou aurait refusé. Elle n'était pas une fan de drogue, même d'herbes que beaucoup de ses amis raffolaient fumer à longueur de journée ou rien qu'en soirées. Elle ne fumait même pas de tabac. Lou n'avait jamais voulu être dépendante de quoique ce soit. Pourtant ça ne l'empêchait pas de faire quelques entorses parfois. Elle n'était qu'humaine après tout et l'erreur est humaine.
Lou défit l'emballage vert avec un peu de difficulté, ces doigts légèrement engourdis par l'alcool et moites par la chaleur ne lui rendait pas la tâche facile. Lou était loin d'être pompette, elle était encore maitre de ses gestes.
Un coup de langue sur la boule lui confirma la substance : un goût immonde qui la fit instamment grimacer. C'en était bien. Pour faire passer le goût, Lou attrapa une bière.
Il lui fallut une demi-heure ou un peu plus peut-être pour ressentir les effets. Chaque toucher devint presque orgasmique. Un courant d'air frais caressa sa peau et des frissons apparurent la rapprochant un peu plus du septième ciel. Délicieux. Délectable. Le canapé du cuir lui apparut aussi doux que de la soie et caressait sa peau d'une façon si sensuelle qu'elle ne pouvait s'empêcher de l'effleurer de ses doigts, cherchant son contact.
Lou n'était pas la seule dans cet état. Ils étaient trois à sourire comme des cons enfoncés sur le canapé ou dans une chaise. De vrais ours en peluche échappés du monde des bisounours. Des bisounours shootés.
Son téléphone vibra dans sa poche arrière. Bien que l'esprit embrouillé, elle réussit à le sortir et lorsqu'elle vit le prénom de l'interlocuteur, une énième sensation étrange l'assaillit. Elle était heureuse. Beaucoup trop heureuse. La drogue droppait ses sensations et une pensée unique s'installa dans sa tête : voir Deen. Si un simple canapé lui faisait autant d'effet alors Deen serait encore mieux. Deen la rendait heureuse, elle devait le voir.
- J'y vais, lâcha-t-elle en se redressant avec un sourire niais plaqué sur le visage.
Ses amis ne l'arrêtèrent pas. Aucun n'en avait l'envie ou l'état. Tant qu'elle marchait à peu près droit c'était bon pour eux. Après tout, comme le dit le crédo : chacun sa merde et tout le monde sera content.
Lou enfila sa veste à moitié à l'envers mais elle s'en moquait et dans le fond elle ne s'en était même pas vraiment rendue compte. Pourquoi se soucierait-elle de l'état de sa veste alors qu'elle était si heureuse ?

VOUS LISEZ
« Loveur à deux balles. »
Teen FictionPeur de l'engagement. C'est ce qui définit le mieux Lou. Ajoutons à cette peur le fait que le nouveau bellâtre rencontré et si attirant soit le frère de son plus proche ami, fraichement revenu et tout aussi fraichement nouveau colocataire de son ami...