« Loveur à deux balles. »

XXXIX.

Le lendemain ne fut pas tendre avec Lou. Elle se sentit nauséeuse dès le moment où elle ouvrit les yeux. Gueule de bois. Ça faisait longtemps qu'elle s'en était pas pris une et, à la sensation nauséeuse qui la prenait, elle se rappela immédiatement pourquoi elle contrôlait toujours sa consommation d'alcool en temps normal. Bordel, elle avait mal aux cheveux.

- Ça va ? Emit Deen lorsqu'il aperçut qu'elle était réveillée.

Ce dernier, assis contre le mur consultait son ordinateur portable. Il avait profité de son sommeil pour travailler.

- Non, grogna-t-elle.

Il rit et elle attrapa un coussin pour le lui lancer. Le coussin rata de très loin Deen ce qui le fit pouffer.

- Fais pas tant de bruit, se plaint-elle.

- C'est ça de partir en débauche en boite.

- Hum, m'en parle même pas, dit-elle en enfonçant sa tête contre le ventre de Deen.

La jeune femme grogna à ce geste, son crâne sembla se resserrer sur son innocence tête. Elle en lâcha un second, celui-ci de bonheur, lorsque Deen passa une main dans ses cheveux et que de ses doigts il massa son cuir chevelu. Là, elle était heureuse.

C'est quand l'estomac de Deen n'en put plus et se mit à réclamer bruyamment d'être nourri qu'ils se levèrent enfin. Lou n'était pas forcément désireuse de faire quelque chose en cette journée qu'elle avait décidé de baptiser récupération. En contraste de Lou en mauvaise forme avec un mal de crâne omniprésent, Deen était parfaitement de bonne humeur et en pleine forme.

Ainsi, les papilles complètement pâteuses, la mine blanchâtre et les pas hésitant et bruyant -digne d'un hippopotame-, Lou débarqua dans le salon.

- Tiens, levée la lilliputienne ? L'accueillit Hugo avec un sourire de canaille presque aussi grand que sa dentition complète.

Elle grogna de frustration. Ils étaient tous là. Ils n'allaient pas la lâcher de la journée.

- Qu'est-ce vous glandez encore là, vous ?

- Comme toi. On se croit à l'hôtel, répondit Hakim à demi affalé sur le canapé.

Elle leur tapa une bise discrète sur les joues à la manière d'un footballeur, c'est-à-dire presque avec un coup de boule.

- Il en manque là. Ils sont cachés où les autres ?

- Dans la cuisine pour Greg et au téléphone pour Jake. Donc si t'entends des voix, c'est pas l'alcool mais juste lui.

Elle hocha vaguement la tête, incapable de trouver une réponse adaptée, son cerveau était ramolli.

- Bien dansé hier ? Taquina Hakim alors qu'elle s'installait à côté de lui sur le canapé.

- Trop.

Ses pieds s'en souvenaient bien. Heureusement qu'elle avait mis des chaussures plates. A coup sur elle aurait fini avec une entorse ou avec une chaussure en moins jusqu'à l'appartement des garçons -une sorte de remix du prince charmant sans retour de chaussure à la clé du célèbre conte de Cendrillon.

- Avec beaucoup de beaux gosses ? Continua Hugo avec un faux air d'inspecteur.

- Quelques-uns, ouais. Mais tous en chien, c'était un peu lourd à la fin. J'ai eu l'impression d'être une entrecôte devant une meute de chien affamé.

- En même temps, commença Hugo, t'attends pas à grand-chose en allant en boite lorsque l'on est aussi jolie que toi.

Lou ouvra les yeux et les vrilla sur lui avec un « ouh, c'est mignon ça je crois. » entrecoupé par un « Aïe ma tête. ».

- Ça va, gars, j'te gêne pas trop dans ton numéro de charme, tacla Deen.

- En vrai, trop, s'esclaffa comme une andouille l'intéressé.

Deen leva les yeux au ciel. Ses amis étaient de vrais boulets.

- Tartine ? Proposa-t-il à Lou.

- Oui.

L'odeur de la tartine lui donna la nausée.

- Peux pas en fait. Ça me file la gerbe son odeur.

Elle se prit un kiwi qu'elle mangea avec difficulté. Elle sut que c'était le signe pour abdiquer.

- En fait, je vais aller me recoucher.

Du sommeil, voilà ce qui manquait désespérément à Lou.

- Hey, princesse, l'arrêta Deen d'une petite voix tendre. Câlin ?

Lou ne se fit pas prier pour foncer -assez maladroitement- dans l'étreinte que lui proposait son amoureux. Elle la savoura avec bonheur, Deen était un excellent remontant.

- Ça va ?

- Non. Plus jamais je bois, se plaignit-elle. Même si je le dis à chaque fois.

Un petit rire de la part de Deen agressa les oreilles fragiles de la jeune femme. Ses sens étaient vraiment à l'agonie.

- Tu dodos et à ton réveil j'te fais un bon p'tit plat qui va te requinquer tu vas voir.

Une nausée la prit à l'idée de manger.

- Me parle pas de nourriture.

- Pas le choix, tu mangeras quand même, indiqua Deen en parfait petit-ami attentif et un chouïa envahissant. Allez file.

Un tendre baiser sur le front et Lou alla se vautrer dans les draps de Deen. L'oreiller de son petit-ami dans les bras, roulée en position fœtale, et, elle s'endormit comme une souche.

Demain irait mieux. Normalement. Enfin, pas le choix, elle travaillait demain, elle ne pouvait pas se permettre en ce moment de louper une seule opportunité d'emploi. Que cela n'en déplaise à Deen et aux garçons, elle se reposerait et prendrait soin d'elle bien plus tard.

La définition parfaite du surmenage.