« Loveur à deux balles. »

XXXIV.

- Comment ça c'est ta gonz' depuis deux mois ?

La bouche légèrement entrouverte et les yeux écarquillés, Hugo passa lentement une main sur son visage. Le changement n'avait jamais été trop son fort, le sens de l'observation non plus. Il ne se souvenait même plus de la rouquine en face de lui, et pourtant d'après les autres ils l'avaient déjà rencontré.

Celle-ci se dandinait d'un pied sur l'autre mal à l'aise.

Définitivement, il ne la remettait pas.

Dans un sens, Hugo s'en moquait de la remettre ou pas. Son pote lui avait caché sa relation, ça, c'était la vraie information.

- Mais c'est un bail de famille de tout cacher à ses potes niveau nana ? Accusa-t-il, les deux frères présents.

Jake haussa les épaules et Deen ne répondit pas non plus. Ils n'avaient rien à répondre. Leurs raisons étaient différentes mais le résultat identique.

- Bandes de traitres, maugréa-t-il, mécontent et boudeur.

Greg passa une main sur l'épaule du jeune homme pour l'aider à digérer la nouvelle. Ce premier n'était pas aussi surpris, Jake avait tendance à ne pas officialiser ses relations. Il n'était pas très constant niveau couple, très fidèle une fois engagé mais seulement de rares fois engagées. Certains disaient qu'il était un vrai bourreau des cœurs, et dans un sens Greg pouvait difficilement dire le contraire. Il avait du succès avec sa beauté et son bagou. Il pouvait être aussi gentil et prévenant qu'être le dernier des salopards avec la gente féminine.

Et Greg se doutait que si Jake leur avait caché la jeune femme alors qu'il l'avait rencontré en boite, c'est que leur relation n'avait pas commencé de la manière la plus romantique du monde. Ils avaient dû baiser quelques fois avant qu'ils ne se mettent à vraiment construire une relation. Comme avait dit Lou, il y a un petit moment de cela : « Aimer ça demande plus de courage que de sortir le grand jeu pour une seule nuit. ». Cette phrase lui était resté en mémoire pour une obscure raison.

- Hugo il a raison, c'est un délire familial de se cacher ? Enchaina Hakim, perplexe. Autant la nana serait moche, je pourrais comprendre. Mais Lou, même si c'est notre petite, faut avouer que c'est une petite bombe. Puis, ton Anne-Laure ou Lisbeth ou Anis, ...

- Anne-Lise, corrigea la concernée.

- Ouais, désolé, s'excusa Hakim d'un moulinet de la main. Ton Anne-Lise là, elle est loin d'être dégueulasse aussi. Je comprends vraiment pas votre délire.

- Grave, enchaina Hugo, toujours surpris. Vous avez peur qu'on vous casse votre coup ? Vous nous avez pris pour des touk-touk ?

- Touk-touk ? Rebondit Lou.

Ce ne fut pas la seule. Tous jetèrent un regard à Hugo face à son expression.

- Votre plan cul à la limite je comprends, reprit Hakim qui ignora l'expression saugrenue de son ami, on s'en bat les roubignolles de savoir qui écarte les cuisses devant votre engin dressé.

Le regard de Jake se fit fuyant et Anne-Lise dévisagea ses chaussures.

Hakim hoqueta sous la surprise.

- Oh, le con. Elle a d'abord écarté les cuisses devant ton engin dressé !

- Reste poli un peu. Il se peut que notre relation n'ait pas commencé de la façon la plus conventionnelle qui soit.

- En gros, tu l'as sauté et t'as fait le canard après, résuma Hugo.

Jake servit un regard noir à Hugo qui haussa les épaules avec nonchalance. Qu'il le regarde mal s'il voulait, c'est pas lui qui avait menti.

- J'aime Jake, intervint Anne-Lise. Nos hormones étaient un peu trop en ébullition à notre première rencontre mais nous nous sommes revus par la suite et notre histoire n'est pas uniquement basé sur le sexe. Je n'écarte pas les cuisses devant tout le monde.

- Tu dois quand même être sacrément bonne pour qu'il ait eu envie de te revoir.

Avant que Jake n'ouvre la bouche et qu'Anne-Lise ne se cache définitivement sous terre, Lou lui tapa l'arrière de la tête.

- Tu deviens blessant.

Face aux gros yeux intimidants de cette dernière, il baissa la tête.

- Ça va, ça va. Désolé.

Lou tendit l'assiette de pancakes et Hugo s'empara de l'un d'eux. Geste qui fit sourire Greg, Lou savait l'appâter le Hugo. Pour être exacte, elle savait appâter chacun d'entre eux, c'est sans doute pour ça qu'elle était l'un des noyaux centraux de leur petite bande. La douceur du groupe ou comme disant Hakim quand il bombait le torse comme un coq c'est « leur petite ».

- Bon, bah bienvenue, maugréa-t-il en noyant son pancake dans du sirop d'érable.

Chacun en souri. La nourriture c'était ce qui apaisait le plus un Hugo grognon.

- N'empêche que manquerait plus que Hakim me fasse le même coup et je vous jure que je fais grève ! S'exclama Hugo dans un dernier élan de suspicion.

- Je suis déjà en couple, rappela ce dernier.

- Ouais bah justement je me méfie, siffla-t-il, légèrement boudeur. Mais vous allez voir, vous, mon silence à la prochaine nana. Ça va être un vrai truc.

Hugo ne se doutait pas que cette phrase aurait un effet de prémonition, oh oui ça allait être un sacré truc.

- Lou ? Interpella Deen lorsqu'il remarqua que Hugo avait enfin digéré la nouvelle.

Cette dernière tourna la tête vers son amoureux et fut surprise de voir son air sérieux. Avait-elle fait une bêtise ?

- Viens, faut qu'on parle.

Il n'y a pas que Lou que cette phrase effraya. Les garçons, avec le peu de discrétion qui les caractérisait, échangèrent des regards entre eux. Chacun ignorait les raisons de la soudaine gravité de Deen.

D'un pas léger rempli d'appréhension, la jeune femme le suivit jusque dans sa chambre.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda-t-elle, une fois la porte de la chambre fermée.

Deen haussa les épaules avec un grand sourire en coin.

- Rien. J'ai juste envie de profiter de toi. Seule.

Lou comprit son stratagème et lui offrit un regard noir. Il l'avait inquiété pour rien.

- P'tit con.

- Les gars ne m'auraient pas laissé profiter de toi si je ne leur avais pas laisser présager que j'allais t'embrouiller. Hugo c'est pas un rapide. Puis, entre nous, je préfère largement l'appellation Loveur à deux balles.

Deen embrassa enfin Lou comme il le désirait depuis un petit moment déjà entre deux rires de Lou.

Son front posé sur celui de la jeune femme, après son digne baiser, il ferma les yeux et la serra contre lui.

- Tu sais, Jake et sa rouquemoute, ça me fait penser à la première introspection que tu as faite, celle sur laquelle nous sommes ensuite partis en expédition dans la ville pour trouver des amoureux parisiens, commença-t-il avant de poser un baiser sur son front. Ça fait vieux canard nostalgique mais dès ce moment-là tu m'avais irrémédiablement fait craquer et je suis content du chemin que nous avons parcouru ensemble. Ma princesse.

- Mon loveur à deux balles, répondit Lou dont le cœur palpita plus rapidement face à cette déclaration qui l'émut jusqu'au plus profond de son être. Je t'aime tu sais.

- Et que dire de moi, princesse.