- Elle te plait ?
- Qui ça ?
- La blonde.
- Jalouse ?
- Ça se pourrait.
Cette remarque fit gonfler le torse du jeune homme. Il était content et dans un sens fier. Leur petit jeu menait enfin quelque part, et il avait maintenant la preuve en mot qu'elle aussi s'attachait plus que de raison. L'entendre sonnait comme la quintessence même. Il était aussi content que le roi Arthur qui venait enfin de trouver le Graal.
- J'te jure que tu n'as pas à l'être, la rassura-t-il, le cœur gonflé. J'me concentre sur une seule nana à la fois, et cette nana c'est toi.
Lou l'observa en biais.
- J'arrête pas de te recaler, normal si tu passes à autre chose au bout d'un moment, avoua à contrecœur Lou à l'instar de son organe vital qui se resserrait.
- J'avance, j'avance. Doucement mais j'y arrive.
Lou vissa son regard sur Deen.
- T'y arrives ?
- Bah t'es un peu jalouse, pas vraiment parce que je ne suis pas ton copain, enfin pas encore, se rattrapa-t-il dans un clin d'œil, mais tu te sens pas en sécurité non plus, donc oui j'y arrive.
- Alors pourquoi tu ne m'embrasses pas ? Lâcha-t-elle sans réfléchir.
Car oui, depuis un moment déjà, elle avait envie qu'il l'embrasse.
Sous l'étonnement, Deen en lâcha sa cigarette qui alla s'écraser en contre-bas, dans la rue. Il pesta et en sortit une nouvelle.
- Parce que, princesse, commença-t-il alors qu'il allumait sa nouvelle cigarette, je veux plus qu'un simple baiser échangé parce qu'une fille s'intéresse à moi et que tu sens que je pourrais t'échapper. Moi, je veux t'embrasser parce que je sens que tu n'y tiens plus et que tu es prête à m'arracher ma chemise pour me faire sauvagement l'amour.
Lou haussa un sourcil. Il est vrai que sans cette chemise, il serait sans doute plus à l'aise, commença-t-elle à penser avant de stopper le film qui commençait à naitre.
- Bon, okay, je délire peut-être sur la partie chemise et tout mais clairement un jour je suis sûre que tu en auras envie.
- Qui te dit que j'en ai pas déjà eu envie ?
Deen sentit un coup de chaud le prendre. Putain, que cette nana le rendait fou.
- Dis, pas ça. Je serais capable de te prendre là tout de suite sur ce balcon.
- Alors que tout le monde y entre et y sort ?
- Honnêtement, je m'en carre royal. Si c'est toi, je me fous de l'endroit où le faire tant qu'il s'agit de t'aimer. Tu pourrais me demander de le faire entre deux poubelles que je te prendrais direct, sans même me demander si quelques voyeurs ou jeunes gens en pleines introspection peuvent nous apercevoir.
Ce fut au tour de Lou d'avoir chaud.
- Je crois que c'est ce qu'on appelle la passion, princesse, et crois moi que je l'ai à chaque fois que je te regarde.
Vraiment chaud.
- Bon, je vais retourner à l'intérieur. Ça devient trop intense pour moi.
Il s'exécuta sous le regard de Lou. Elle ne sut si c'était plus la déception ou la frustration qui dominait. Deen avait beau sortir le grand jeu en parole et en geste, il n'amorçait pas pour autant le dernier geste : le premier baiser. Premier d'une longue série sûrement.
Après réflexion, Lou se dit que c'était la frustration qui dominait. Deen semblait vouloir la rendre folle, et très clairement il y arrivait parfaitement de plus en plus. Peut-être devait-elle elle aussi le rendre fou ? Non, mauvaise idée. Elle le rendait déjà assez fou en se collant assez souvent à lui et en se montrant plus que proche tout en le recalant à chaque fois.
Lou ouvrit les yeux soudainement et se sentit d'un coup un peu misérable. Cette frustration qu'elle ressentait à l'égard du comportement de Deen, lui devait la ressentir depuis un moment déjà. C'était elle la plus injuste.
Elle souffla, résolue à être moins injuste.
Définitivement les balcons parisiens la faisaient trop réfléchir. Elle rentra à l'intérieur, forte de sa résolution. Puis, apercevant la blonde, elle se dit qu'elle ne l'appliquerait pas ce soir, non. Deen avait raison, elle ne devait pas juste faire ça parce qu'elle se sentait menacée. Elle l'avait suffisamment fait galérer et attendre pour espérer avoir mieux que ça. Puis, en toute honnêteté, il lui fallait rassembler son courage. Et pour ça, elle devait se préparer psychologiquement.
Même si, bordel, cette blonde était un peu trop intrusive.
- Tu veux tuer qui ? Questionna Jake, qui venait de se glisser à côté d'elle.
- Personne.
- Mouais. Mens mieux.
Elle secoua la tête, désabusée.
- Il est en train de la recaler sec, continua Jake.
Lou sut immédiatement de qui il parlait et ne put s'empêcher un regard vers Deen et la blonde. Et effectivement, il la repoussait. Un sourire naquit sur ses lèvres alors qu'elle se servait un verre.
- Dis, ton frangin, il est fan de bouffe coréenne ?
- J'crois qu'il a jamais tenté. Mais, tu le connais c'est un carnassier donc tant que tu lui mets du bœuf ou du poulet il est heureux.
- Merci.
Elle avait le resto. Manquait plus qu'à savoir comment l'y inviter.
- Toi, tu te demandes comment on invite quelqu'un au resto ?
Lou souffla, vaincue. La connaitre aussi bien, était indécent.
- Te prends pas la tête. Même si tu lui sors que tu veux rencontrer le Père Noël au Pôle Nord, il te suivra.
- C'est un gars bien, ton frangin.
- Normal, c'est mon frérot. C'est de famille ça.
- Ça va les chevilles ?
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« Loveur à deux balles. »
Teen FictionPeur de l'engagement. C'est ce qui définit le mieux Lou. Ajoutons à cette peur le fait que le nouveau bellâtre rencontré et si attirant soit le frère de son plus proche ami, fraichement revenu et tout aussi fraichement nouveau colocataire de son ami...