« Gabriel, tu rentres en jeu et tu me protèges cette cage ! Il ne faut plus qu'ils en marquent un, sinon, on n'va jamais combler notre retard ! »
Didier était particulièrement stressé. Malgré un adversaire connu pour être un des plus faibles du circuit, son équipe était menée de 13 buts à 9 à la fin de la première mi-temps. Non seulement son gardien habituel semblait dans un jour sans, mais en plus, Maxime, son capitaine, se déplaçait étrangement lentement et n'arrivait pas à influer l'énergie nécessaire à ses camarades pour leur permettre de mener la danse. Pire, Clément, particulièrement de mauvaise humeur, avait manqué la plupart de ses tirs et affichait ses pires statistiques depuis le début de sa jeune carrière. Tout partait donc en vrille en ce dernier samedi du mois de novembre.
Tout avait mal commencé avant même le début du match, quand le jeune buteur était arrivé les yeux humides et avait jeté son sac dans le vestiaire. Alors que Maxou s'était rapproché de lui pour le prendre dans ses bras et le réconforter, Clément l'avait violemment repoussé d'un coup de poing réflexe dans le ventre et s'était mis à crier.
« J'en ai marre qu'on m'insulte au collège, j'en ai trop marre ! Et maintenant, on m'insulte même sur Ask et sur Facebook ! »
Le blond vénitien, secoué physiquement et moralement, avait baissé la tête. Et quand Gabriel s'approcha pour lui demander ce qu'il se passait, il ne fuit pas la discussion et avoua à mi-voix les malheurs de son petit protégé.
« Il assume pas qu'il aime les mecs. Enfin, au hand, c'est pas un problème. Le jour où ça s'est su qu'on flirtait ensemble, Didier a menacé de virer de l'équipe le premier qui se permettait la moindre remarque. C'est pour ça, même, qu'on en rajoute un peu, mais ça se passe bien grâce au coach. Mais dans son collège, plusieurs cons emmerdent Clèm depuis qu'ils savent. Moi, à Sigismond, je suis discret, y a que toi qui sais que j'suis bi, les autres connaissent que l'autre Maxime, celui que j'montre. Clément, lui... Des fois, quand il s'en prend trop dans la gueule, il rejette la faute sur moi, c'est normal, j'peux pas lui en vouloir. »
Dans ses buts, accroché à la barre transversale, Gabriel repensait à cet incident qui était en train de leur faire perdre le match. Il se sentait malheureusement impuissant. Clément lui faisait penser à Djibril. Même s'ils ne possédaient pas le même teint hâlé, ils avaient en commun une étrange douceur, un visage délicat, et surtout, une putain de souffrance causée non pas par ce qu'ils étaient mais par l'idée que s'en faisait les autres. Pour essayer de percevoir un signe positif, le châtain se mit à fixer Maxou, qui semblait vraiment souffrir physiquement et n'arrivait pas à courir plus de quelques mètres sans devoir se tenir le ventre en grimaçant. Et comme son esprit ne suivait plus, il n'arrivait plus à combiner avec les autres membres de l'équipe.
Après s'être pris trois buts à cause d'un très mauvais placement de la défense, le gardien aux yeux bleus s'énerva et demanda à Didier de déclencher un temps mort, avant de s'en prendre verbalement à certains de ses coéquipiers.
« Didi, faut faire sortir Maxime. »
Le capitaine s'en offusqua. Même s'il n'était pas aussi bon que d'habitude, il ne pouvait accepter de se faire remplacer en plein milieu du match. Il était le meneur de jeu, il avait un rôle à assumer jusqu'au bout. Entendre un de ses meilleurs potes demander ce qu'il ressentait comme une sanction lui fit monter la moutarde au nez, fit passer son visage du blanc au rouge vif et lui provoqua même quelques larmes. Alors qu'il baragouinait quelques insultes confuses, Gabriel l'attrapa par le bras et le regarda sévèrement.
« Ouais, me prends pas pour un con, Maxou, C'est pas la réaction de Clèm tout à l'heure qui t'empêche de marcher. T'as vraiment mal. Arrête de faire comme si d'rien n'était, je sais que t'veux pas abandonner l'équipe, mais c'est contreproductif ! Regarde toi, t'es pas dans ton état normal, t'es celui qui court le moins et qui transpire le plus, t'as sans doute de la fièvre ! Fais-nous confiance bordel ! On va le gagner ce match, et si c'est sans toi, alors on le fera pour toi. Mais arrête tes conneries. Et toi, Clèm, t'arrêtes de le regarder et concentre-toi sur la balle. Fais pas ton pédé et met nous des buts ! »
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Gabriel
Novela JuvenilGabriel a 13 ans. Avec sa mère, il emménage à Paris, où plutôt en région parisienne. En banlieue. Dans son nouveau collège, il va faire de drôles de rencontres et prendre quelques coups, mais il s'en fout ! C'est un artiste, il dessine, joue du viol...