Chapitre 3

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BUFFALO, NEW YORK, 1901

C'était le jour du marché, et le ciel était parsemé de nuages blancs comme une fine dentelle pendant qu'Edith marchait sur la boue avec ses chaussures à talons hautes. Elle avait choisi une jupe brune et dorée, un chemisier blanc, et une écharpe noire à porter en cette heureuse occasion. La jupe était assortie à sa chevelure blonde nouée en un chignon lisse sous un chapeau de paille — une mode plus appréciée que les Bohémiennes.

Pour la première fois de sa vie, elle avait créé quelque chose — un produit à vendre avec du potentiel. Elle souleva son paquet, souriant à elle-même.

Les vendeurs de rue, voitures et automobiles d'occasion menaçaient d'éclabousser de la boue sur ses vêtements. Elle se dépêcha d'entrer dans le bâtiment commercial animé où elle, mademoiselle Edith Cushing, avait des affaires à mener, et commença à monter les escaliers.

Elle le prit pour un bon présage quand Alan McMichael, maintenant le Docteur Alan McMichael, descendit les escaliers en la saluant avant de s'arrêter devant elle. Cela faisait si longtemps qu'ils ne s'étaient pas vus ; Alan était parti étudier en Angleterre pour devenir ophtalmologiste. Elle réalisa alors qu'il avait beaucoup changé ; son visage de bébé avait disparu et ses cheveux étaient presque aussi blonds que les siens.

— Edith, dit-il joyeusement, laissant supposer qu'elle savait qu'il était de retour.

— Alan, quand êtes-vous rentrée ? demanda Edith avec son plus beau sourire.

— Cela fait deux semaines. Je pensais qu'Eunice vous l'avait dit.

Eunice ne m'a jamais dit un mot, pensa Edith.

Depuis le départ d'Alan, elle n'avait plus été en contact avec les McMichael. Elle était en contact avec personne, surtout pas avec la haute société qu'elle n'appréciait pas, parmi laquelle figurait Eunice qui, en plus d'être désagréable, avait pour centres d'intérêt les bals et les galas.

C'est extraordinaire. J'ai seulement vingt-quatre ans et il me semble que je suis déjà une misanthrope grincheuse.

— Non, je n'en savais rien, finit par répondre Edith.

— Oh, la demoiselle a fait une conquête à Londres.

— Que faites-vous ici ?

— J'installe mon cabinet au premier étage, répondit Alan.

— J'ai rendez-vous avec Ogilvie à dix-heures, informa Edith avec excitation. Je vais voir si il veut publier mon manuscrit.

Elle avait commencé son livre avant qu'Alan ne parte étudier à l'école de médecine. Ils ne s'étaient plus beaucoup vus, étant donné qu'ils étaient seulement amis. Il était le seul à qui elle avait confié la visite fantomatique de sa mère lors de cette fameuse nuit, même si, bien sûr, Eunice les avait espionné puis s'était dépêchée de le raconter à tout le monde. Et le monde entier s'était moqué et avait ridiculisé Edith.

Depuis ce jour-là, Edith avait décidé de trouver un sens à l'apparition de ce terrible fantôme, en l'utilisant comme métaphore pour son roman. Bien que ce souvenir continuait à la hanter, elle était reconnaissante de cette expérience terrifiante.

Elle se mit à sourire en pensant à son livre lorsqu'Alan lui fit remarquer :

— Ne savez-vous pas qu'il n'est que neuf heures ?

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 23, 2016 ⏰

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