Fragment huit.

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Harry avait proposé un marché à Neilina. Chacun leur tour, ils devaient choisir un disque de l'étagère du père de la blonde. Et pendant ce temps, l'autre devait révéler un tatouage ainsi que sa signification. Neilina avait été plutôt septique au départ, ne sachant pas vraiment si elle devait faire confiance à cette popstar. Elle se méfiait du personnage, de l'homme mondialement connu. Mais à chaque fois qu'elle croisait ses prunelles vertes, elle ne pouvait s'empêcher de voir en lui qu'un gosse perdu. Un môme qu'on avait encouragé à faire x factor sans se douter un seul instant que cette audition prendrait de telles dimensions. Anne avait toujours trouvé que son fils chantait bien, qu'il avait une voix particulière qui pourrait faire parler de lui. Il avait déjà un groupe avec une bande d'amis et ils se produisaient deux fois par semaine dans un garage. Mais c'était tout. Et il y avait eu cet article dans le journal local. Cette année encore, x factor passait à seulement une heure de chez eux. Harry y avait été avec sa mère, son beau-père et sa sœur. Et après une reprise quasi parfaite de Bon Iver, le brun avait pu accéder à la seconde épreuve. Une nouvelle audition mais cette fois-ci, filmée et devant un jury célèbre. Finalement, tout ça n'avait été qu'un coup de chance. S'il avait une telle carrière, c'était d'avantage car la vie faisait bien les choses plutôt que son talent incontestable. Et Harry le savait. C'était justement ça, le problème.

La blonde se leva du canapé et attrapa un disque qu'elle n'avait pas écouté depuis des semaines. Michael Jackson. Son père l'aurait sans doute incendié d'écouter de la pop après avoir enchaîné pendant près d'une heure trente de rock. Mais à cet instant, la seule chanson qui pouvait correspondre à la situation était « You are not alone ». Alors, Neilina plaça le disque sur le tourne-disque et rejoignit Harry sur le canapé. Il retira ses chaussettes et montra son pied à Neilina. Alors que les premières notes retentissaient dans la pièce, la dessinatrice découvrit un nouveau tatouage. Une série de chiffres qu'elle ne comprenait pas.

- 165998, lit-elle. Qu'est-ce que c'est ? Deux dates de naissances liées ensemble ?

- Mon numéro à x factor.

Elle sourit. C'était étrange ce qui se tramait entre eux. Il y a presque trois heures, elle avait fait sa connaissance en ne pensant qu'aux aspects négatifs de la carrière de Harry dans l'industrie musicale et désormais, ils se trouvaient tous les deux assis sur le canapé à siroter un énième chocolat chaud aux chamallows en apprenant à se connaitre l'un l'autre uniquement grâce à leurs tatouages. Ils n'avaient jamais parlé de leurs parents, de leur sœur ou encore, de ce qu'ils aimaient. Tout ce qui était important pour eux avait été dessiné sur leur peau et ils le dévoilaient à l'autre.

- Je sais que ça te parait futile, je sais que tu méprises cette émission et ce que je fais mais... Je t'assure que ce n'est pas ce que tu crois.

- Explique-moi. Je t'écoute.

- Pendant x factor, Simon été très cool avec nous. On discutait tous ensemble des chansons qu'on aimait, de ce qu'on savait chanter, de ce qu'on voulait essayer... et lui, il nous guidait. Il a vraiment été super avec nous. On a chanté de tout et avec les gars, on ne le regrette pas du tout. Mais on était jeunes quand on a signé chez Sony, on n'y connaissait pas grand-chose à la musique et à tout ça. On nous a dit qu'entant que boysband, on ne pouvait pas faire n'importe quoi blablabla. Je te passe toute cette partie-là. On a dit oui à tout, on a suivit sans broncher. On a chanté des chansons qui n'avaient aucun sens, qui étaient simple d'esprit et pathétique juste parce que nous ne savions pas ce que les gens attendaient de nous. Niall a pu placer l'un de ses textes sur l'album mais ils ont insisté pour qu'il n'y ait pas que sa guitare alors qu'il l'avait écrite ainsi. Ed avait écrit une chanson et comme on est amis, il a accepté de nous la donner. On ne regrette pas cet album, loin de là. C'est juste que... Si c'était à refaire, on ne ferait pas la même chose. Il s'est plutôt bien vendu et on a gagné beaucoup de fans mais... Tu vois, notre deuxième album reste dans le même genre que le premier. Parce qu'il ne faut pas trop s'éloigner de cet univers. Et encore moins aussi rapidement. On accepte tout ce qu'on nous donne car on sait que bientôt, tout sera terminé. Mais contrairement à ce que tu crois, je sais qu'avec les gars, on ne se perdra pas de vue. On ne sera jamais aussi proches qu'avant, il n'y aura plus cette même entente après One Direction mais on restera amis. Parce qu'on a vécu le meilleur ensemble, que c'est une partie de notre vie dont on veut se rappeler et qu'on s'aime pour ce que nous sommes vraiment.

Neilina se contenta d'approuver d'un signe de tête et se leva du canapé. Elle afficha une moue septique à l'intention de Harry qui ne sut comment l'interpréter et l'instant d'après, la blonde retira son pull épais. Le brun tourna instinctivement la tête et lui demanda de se rhabiller. « Ne viens pas me faire croire que tu n'as jamais vu une femme en soutien-gorge », râla Neilina en reprenant sa place initiale aux côtés de son ami d'un jour.

- Tourne la tête, imbécile. Je ne suis pas à poil, non plus.

Harry soupira et finit par lui obéir, tout de même troublé par sa poitrine plus généreuse qu'il le pensait et ses courbes parfaites. Neilina n'était pas tellement mince. Elle avait de légères formes, tout comme ses ex, et il se surprit à comparer la blonde aux trentenaires qu'il avait fréquenté par le passé. La tatouée leva le bras droit et Harry vit enfin l'illustration qu'elle possédait sur les côtes,. Un capteur de rêves. Il était magnifique, semblant plus vrai que nature. Mais il y avait une ombre au tableau... Pourquoi ? Jusque là, tous les tatouages de Neilina était personnel et celui-ci paraissait tellement commun et à l'opposé de ce qu'était la jeune femme.

- Pourquoi ? Demanda-t-il seulement et la blonde comprit tout de suite de quoi il parlait.

- Tu comprends, j'ai beaucoup regardé Twilight et je me suis dis que je voulais me souvenir de Bella toute ma vie, sourit la blonde.

Il n'y crut pas une seule seconde mais un sourire apparut à la commissure de ses lèvres. Elle le trouva adorable. Vraiment gentil. Elle aurait presque regrettée son jeune âge et sa notoriété. Ainsi que sa réserve. Et cette faille qui était lisible en lui. Et son air écorché. Finalement, il n'était plus tellement son type d'hommes. Leur différence d'âge n'avait rien à voir avec sa réticence  Loin de là.

- C'est plus profond que ça, expliqua Neilina en touchant du bout des doigts son tatouage. Un capteur de rêves est d'origine indienne. On les suspendait au-dessus des berceaux pour retenir dans ses fils tout ce qu'il y avait de mauvais. Tu sais, comme les araignées avec leur toile. J'ai dessiné ce tatouage. Dans les plumes, tu peux y lire le prénom de mes parents et de ma petite sœur. Dans le cercle, il y a écrit tout ce qu'il y a de mauvais pour moi. Mais ce n'est pas écrit en anglais, ça aurait été trop simple.

- Tu as dessiné tous tes tatouages ?

Elle approuva d'un signe de tête :

- Oui, chacun d'eux. Je suis dans l'art, Harry. Il est normal que je dessine tous mes modèles.

- Donc là, je découvre ta passion.

Neilina approuva encore une fois, se demandant bien ce que pouvait mijoter Harry. Mais ça ne lui disait rien qui vaille. Il était devenu bien trop secret et mystérieux, d'un seul coup. Et la chanson s'était arrêtée au même moment, faisant grimper l'angoisse de Neilina un cran au-dessus. Elle ne savait pas à quoi s'attendre du brun.

- Oui, c'est exact, opina la blonde.

- Est-ce que je peux te faire découvrir la mienne, maintenant ?

36 blacklightsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant