Chapitre 2 - La sagesse en personne

3.5K 416 31
                                    

« Un baume au cœur »

15 janvier 2010, une date à jamais gravée dans la mémoire de la belle métisse. C'est l'anniversaire de la mort de sa famille, c'est dans un accident de voiture que ses deux sœurs, son petit frère et ses parents y ont laissés leur âme. Un camion les a littéralement écrasé, personne n'a survécu, ils sont tous mort sur le coup. Lorsqu'elle l'a appris, Silwâne n'y croyait pas au début, pour elle c'était une blague de mauvais goût comme tout le monde avait l'habitude de lui faire... mais ce n'était que la triste vérité. Dès ce jour, rien n'a jamais été comme avant. Lors de l'enterrement, Silwâne n'a pas pû retenir ses larmes qui ont formés un énorme torrent autour d'elle emportant les souvenirs et ce qu'il restait de sa famille. Enterrer une personne est une épreuve douleureuse alors imaginer enterrer cinq personnes qui vous sont chères...

Sa mère était caribéenne, son père lui, était algérien. Sa relation avec ses grands-parents paternels étaient délicates, c'est le métissage qui semblait poser problème. Silwâne n'a jamais vraiment pardonnée ses grands-parents d'avoir été autant renfermés sur des principes de cultures qu'eux même ne respectaient pas. Elle a donc décidée de ne plus jamais leur adresser la parole et c'est ce qu'elle fit. En revanches le côté maternelle regorge d'amour, malheureusement, sa famille se trouve à l'autre bout du globe, manque de moyen, Silwâne ne peut pas y aller. Alors elle est seule, dans ce quartier fauché aux alentours de Paris, a attendre un miracle de la part de Dieu.

Miracle qui n'est pas tardé à arriver...

Comme tout les soirs, Silwâne se trouve sur son toit. Toujours assise au même endroit. Elle se contente d'observer la cité dormir jusque 4h du matin environ puis se décide à rentrer dans l'immeuble. Elle heurte sans le vouloir une personne, elle, qui a l'habitude de ne jamais voir personne dans les couloirs à cette heure-ci, semble secouée.

« - Désolé.... Dit-elle en mettant les mains devant la bouche. »

L'homme qu'elle venait de renverser se relève gracieusement puis sourit.

« - C'est rien, c'est pas grave. Dit le jeune homme vêtu d'un qamis. »

Il habite dans ce bâtiment visiblement mais elle ne l'avait jamais vu auparavant. S'il est vêtu ainsi à cette heure-ci c'est sûrement qu'il va à la mosquée, pensa-t-elle. Ma shâ Allah, ça existe encore des personnes pieuses comme ça ? Cet homme respire le calme et la sagesse. Silwâne se sentait tellement bien en le regardant dans les yeux, il dégageait de bonnes ondes. Elle le regardait s'en aller, il ne l'a même pas accosté, d'habitude les hommes d'ici se mettent toujours à siffler ou à se faire remarquer mais pas lui. C'est dingue comme une personne peut apaiser un cœur seulement par sa présence. La belle métisse secoue la tête comme pour chasser ses pensées et se dirige vers son foyer.

Est-ce qu'un jour je vais me mettre à prier moi aussi ?

[...]

Des pâtes et un steak haché, voilà ce que mangeait généralement Silwâne. Non pas par manque de savoir faire mais plutôt par manque de motivation. Sa vie était tellement monotone que les murs ne souriaient plus. L'appartement était vide d'émotion et de lumière, comme s'il s'était éteint en même temps que notre belle étoile.

Elle allait manger sa première bouchée quand soudain la sonnette se met à retentir. Elle se lève puis ouvre la porte, hésitante. C'est avec grande surprise qu'elle voit ce fameux garçon en qamis qu'elle a heurté cette nuit.

« - Oui ? Demande-t-elle hésitante encore.
- Ma mère a voulu t'inviter à dîner chez nous ce soir. C'est un peu tard mais elle y tient. Dit le jeune homme naturellement.
- Ah euh... là maintenant ?
- Oui maintenant. Répondit-il.
- D'accord j'arrive. »

Elle se dépêche d'enfiler un gilet en laine puis le suit à l'étage du-dessus. Elle-même ne comprend pas ce qu'il se passe, en temps normal elle aurait rejeté la demande en prétextant une urgence mais là, elle n'a pas hésitée. Décidément cet homme a un pouvoir sur elle on dirait...

« - Oh te voilà enfin ma fille, entre entre. Dit une femme âgée vétue d'un voile et d'une longue robe.
- Salam aleikoum. Souffla Silwâne doucement.
- Aleikoum salam benthi. Yunûs ?! Il est passé où ce hmar là ? Criait la femme.
- J'suis là maman ! Dit un jeune homme sortant de la chambre tout en enfilant un t-shirt. »

Silwâne avait eu le temps de voir ses abdos et ses pectoraux. Elle en était gênée tant par son corps que par sa beauté. Il ressemblait étrangement au garçon qui venait de l'inviter dîner et sur qui elle avait foncé. C'était donc des frères ?

« - Viens ici ya hmar on a une invité. Dit sa mère en lui tapant sur le dos doucement.
- Yemma doucement tu vas me casser le dos un jour wAllah. Salam aleikoum ma sœur. Lance Yunûs à l'attention de Silwâne.
- Aleikoum salam. »

Ma sœur ? Elle fronça les sourcils mais ne dit rien. La dame les invita tous à table, y avait le jeune homme qu'elle avait heurté, le fameux Yunûs, une fille d'à peu près l'âge à Silwâne puis leur maman. Cette ambiance familiale rend notre solitaire un peu nostalgique, ça fait bien des années qu'elle n'était plus conviée à ce genre de repas.

« - Ma fille ça fait un moment déjà que je veux t'inviter. Mon fils m'a dit que tu habitais juste en bas donc je lui ai demandé de t'appeler, tu ne m'en veux pas j'espère ? Demande la dame hésitante.
- Pas du tout madame. Répond Silwâne.
- Ah pas de madame avec moi hein, khelti ça ira très bien. Dit-elle en souriant.
- Je te présente mes enfants, Yunûs le plus grand, Layina qui a ton âge et Waël son jumeau.
- Enchantée. Dit Silwâne doucement.
- T'es magnifique ma shâ Allah, je t'avais encore jamais vu. Dit Layina.
- Oh merci. Je ne sors pas beaucoup la journée. Répondit Silwâne sous le regard de Yunûs. »

Le repas s'est très bien passé, c'est une famille très soudée que Silwâne avait sous les yeux. C'était beau à voir. Après avoir aidé à débarasser, elle se leva pour partir mais la maman de Yunûs l'en empêcha.

« - Yunûs accompagne là, on sait jamais y a des clochards dans le couloir. Dit la dame. »

Ce dernier ne bronche pas et se dirige vers la porte suivit de Silwâne. Ils sortent de la maison après qu'elle ait salué tout le monde. Ils se retrouvent alors seuls dans les escaliers quand soudain Yunûs prend la parole...

[...]

By S.

Silwâne - Perdue dans l'ombre des décombres.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant