Silwâne - Perdue dans l'ombre des décombres.

Chapitre 8 - Tel est prit, qui croyait prendre

« J'ai trouvé mon égal, mon alter ego »

Heureux, c'est ainsi que Yunûs se rendait au travail. Un travail qui payait bien, un travail qu'il aimait. Dans le rétro, il avait bien repéré cette voiture aux vitres teintées. Comme dit, jadis, Yunûs est passé par là, il connait les vices de la rue, les vices du jeu. Il sait que quand on est patron comme Furkan et qu'on se fait battre par un mec comme lui-même, notre réputation en prend un coup. Il sait aussi que pour remédier à ça, les patrons comme Furkan n'hésitent pas à faire marcher leurs contacts pour en venir à bout de quelqu'un. Il sourit en coin en pensant qu'il aurait pû être naïf et se faire prendre mais son passé de thug en a décidé autrement. Il induit volontairement cette voiture, qui le suivait depuis un moment, dans un coin discret loin de tout les regards. Il s'arrête et sort de son véhicule. Il simule une panne soudaine quand tout à coup, sans surprise pour Yunûs, les deux hommes de la voiture descendent à leur tour.

« - Wech poto t'es en panne ? Lui dit l'un d'entre eux.
- Ouais ouais j'ai comme l'impression. Ça vous dit pas de jeter un coup d'œil sous le capot ? Leur propose Yunûs.
- Asy tranquille. »

Il avait repéré un couteau coincé dans le jogging de ce dernier lorsqu'il s'était penché en avant pour examiner le moteur. Ayant la confirmation qu'il s'agit bien des gars de Furkan, Yunûs referme le capot sur leur tête et les entend hurler de douleur. Il recommence plusieurs fois jusqu'à ce que les deux hommes soient bien amochés mais surtout brûlés à cause du moteur encore chaud.

« - Vous allez dire à votre putain de chef que j'suis pas dupe. J'ai été chef avant lui, s'il a un soucis avec moi, qu'il vienne me voir directement. Qu'il continue de me chercher, il va le regretter. Dit Yunûs d'un ton à glacer le sang. »

Il grimpe ensuite dans sa voiture puis démarre à toute vitesse en contournant les deux hommes à terre, se tordant de douleur. Le diable le pousse à faire des choses qu'il s'était promis de ne plus faire. Son côté nerveux ressort de plus en plus fréquemment. Il arrive à son lieux de travail, énervé. Le reste de la journée ne présage rien de bon.

[...]

« - Ce fils de pute est beaucoup plus malin que j'le pensais putain. Vous êtes des gros incapables, quelle idée de vérifier son capot comme si j'avais besoin qu'on le caresse dans le sens du poil. Fallait l'endormir et me le ramener ! Cria Furkan, hors de lui. »

Il tourne en rond dans la cave, il essaye de trouver une autre solution. Il commence à prendre peur aussi, il se demande de quoi est réellement capable Yunûs. Il finit par cracher au sol et s'en aller.

[...]

Assise sur le rebord du toit, Silwâne attend le retour de Yunûs. Très nerveuse à l'idée qu'il ait lu sa lettre, elle tente d'apaiser son stress en chantant une petite chanson d'un Disney qu'elle affectionne tout particulièrement.

« Fleur aux pétales d'or
Répands ta magie
Inverse le temps
Rends-moi ce qu'il m'a pris

Guéris les blessures
Éloigne la pluie
Ce destin impure
Rends-moi ce qu'il m'a pris
Ce qu'il m'a pris »

Elle sent alors deux mains se poser sur ses yeux. Elle le reconnaît rien qu'à son parfum. Il sourit en la voyant si heureuse à sa vue. Elle avait une voix magnifique qui enchantait toute l'atmosphère. Il se rend compte alors que malgré la journée horrible qu'il venait de passer, tout s'effaçait à la vue même de ses yeux bleus.

« - Cette voix de malade que t'as. Dit Yunûs en s'installa à ses côtés.
- Oh... merci... Répond Silwâne en rougissant. »

Ils se laissent tout les deux emporter par le vent doux qui soufflait de l'Est. Un moment qu'ils savouraient tout particulièrement, sans dire un mot.

« - J'ai lu ta lettre. Finit par dire Yunûs, brisant le silence.
- Oh... euh... je... Bégaya Silwâne, honteuse.
- Tu sais pas à quel point c'est réciproque wAllah. »

Il la serra contre lui tout en lui déposant un baiser dans les cheveux.  Se sentant soulagée par cette révélation, Silwâne se niche encore plus vers Yunûs. Il passe sa main sur son bras, lui faisant quelques papouilles sans pour autant se douter qu'elle en raffolait. Elle s'assoupit sous ses caresses, se sentant légère pareille à un oiseau. Voyant qu'elle avait les yeux fermés, Yunûs continua ses caresses en profitant pour se confier.

« - J'ai fais une connerie aujourd'hui, je m'étais juré d'arrêté mais j'ai l'impression d'avoir replongé. Ce mec te veut et veut ma peau, j'pouvais pas rester sans rien faire... Je deviens fou rien qu'à l'idée qu'il puisse te toucher comme la dernière fois. J'pourrais pas l'accepter et je crains même faire pire qu'aujourd'hui. Confia Yunûs. »

La perdre, il ne voulait pas l'envisager. Il avait besoin d'elle auprès de lui tout comme elle avait besoin de lui auprès d'elle. C'était son égal, son alter ego. Il voyait en elle son avenir et sa progéniture, il voyait surtout sa fragilité et sa solitude. C'est la raison pour laquelle il s'est promis de la protéger tant que Dieu lui permettra de rester en vie.

[...]

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By S.