Chapitre 3 - Un nouvel acolyte

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« La sagesse s'envie comme un homme en Ferrari »

« - T'habites seule ? Demande Yunûs.
- Oui.
- Mais tes parents ? T'as pas de famille ?
- Non...
- Tu veux pas en parler c'est ça ?
- C'est un sujet délicat. Avoue Silwâne.
- Ok pas de problème je compte pas faire le relou t'inquiète mais si jamais t'as besoin de parler... tu sais où me trouver. Dit-il en souriant.
- Merci c'est bien gentil. »

Yunûs s'en alla après l'avoir accompagné. Quelle beauté pensa-t-il. Il n'en n'avait jamais vu d'aussi jolie encore et pourtant Yunûs voyage beaucoup, il a l'occasion de rencontrer énormément de personnes. Mais aucune n'était aussi jolie que Silwâne. Son prénom sonnait comme une mélodie à ses oreilles. Quand il l'a vu chez lui ce soir-là, c'était comme si le temps s'était arrêté sur elle précisément. Ses manières, sa façon de parler, sa façon de se mordre la lèvre quand elle est gênée, il a eu le temps de tout observer. C'était une belle créature en manque de son créateur. Voilà comment il l'avait analysé et il avait vu juste. Silwâne manque de foi. Yunûs est une personne proche de sa religion, il ne manque aucunes de ses prières et surtout ne manque pas de faire des dûas pour sa famille et pour lui-même ainsi que pour les personnes dans le besoin, dans le manque. Ce soir-là, il n'oublie pas de prier pour Silwâne en lui souhaitant de se rapprocher de Dieu et de vivre une vie paisible sous la protection de ce dernier.

« Ya Allah protège là de toutes ces mauvaises langues, protège là du mauvais œil et du mauvais regard de ces hommes. Amène là dans le droit chemin et fait qu'elle soit libre de respirer Ta force et Ta bravoure, Ta puissance et Ton pouvoir. Récita Yunûs en levant les mains vers le ciel, près de sa fenêtre, sur son tapis de prière. »

[...]

« - Tu penses quoi des fleurs ? Moi j'aime beaucoup tu sais ? Si j'avais un jardin, j'en aurais planté partout. Dit Silwâne en regardant la lune.
- J'sais pas, j'aime pas trop les fleurs c'est pas mon truc. Avoue Yunûs assis à ses côtés.
- Ça t'arrive d'avoir mal au cœur au point de ne plus respirer ?
- Non jamais, ça t'arrive souvent ? Demande Yunûs, inquiet.
- Tout le temps... »

Il aimerait apaiser son cœur, il veut qu'elle se sente mieux, libérée. Il ne trouve d'autres moyens que de lui réciter des sourates dans l'oreille. Le cœur de la belle se deserre et laisse place à des battements réguliers. Comme si par magie, son organe vital s'était envolé d'une cage dont il était prisonnier.

« - Je me sens tellement mieux Yunûs, qu'est-ce que tu m'as fait ?
- Je t'ai récité des sourates dans l'oreille. T'as besoin de te rapprocher de Dieu, c'est ton seul remède tu le sais ça ? Dit Yunûs, très sérieusement.
- Tu veux bien m'aider s'il te plaît ? Je n'y arriverais pas toute seule.
- Avec plaisir. »

Il essayait de faire abstraction de sa beauté en lui parlant mais c'était dur. C'est un homme qui apprécie les belles femmes, avant d'être dans le dîne, Yunûs était un chasseur, il choisissait ses proies en fonction de leur physique. Heureusement pour lui, il a changé de voie, il ne chasse plus mais ne se gêne pas d'apprécier la juste beauté de cette fille qui se trouve face à lui. Elle paraît tellement innocente, qu'elle est semblable à un petit lapin blanc sans défense au milieu d'une grande forêt bondée d'animaux sauvages de tout genre. Ses yeux bleus enjolivent son visage fin et lui donne un air de poupée.

« - Ça commence à souffler, on rentre ? Demande le jeune homme.
- Oui rentrons. »

Ils s'étaient liée d'amitié ces deux-là, ils se retrouvaient souvent en haut de la tour pour parler de tout et de rien, des futilités de la vie. Yunûs prenait plaisir à lui apprendre l'Islam, et elle prenait plaisir à l'écouter parler pendant des heures sans compter le temps qui passe.

« - Oh vous avez vu ? Yunûs a réussi à pécho la dynamite ! Dit un des mecs adossés au mur.
- Il perd pas l'nord, il a toujours eu de l'avance même en étant rangé tfou. Répondit un autre accroupi à même le sol.
- Même toi Furkan t'as pas réussi à la chébran, même toi le bg d'la tess. Ria un mec faisant partie de la bande.
- Ah gros c'est qu'une question de temps. Répliqua Furkan. »

Yunûs avait toujours attisé la jalousie dans le quartier, ils étaient envieux de son échec et maintenant envieux de sa réussite. Quoiqu'il fasse ici, les gens parlent de lui et se comparent à lui. Yunûs ne calcule plus ces remarques, la seule chose dont il a peur c'est que son petit frère Waël tombe dans la pénombre du bitume. Il essaye tant bien que mal de lui indiquer le bon chemin, Dieu merci il est sur la bonne voie.

« - Eh beauté ! Dit Furkan en voyant Silwâne seule sur le toit. »

C'était une nuit assez agitée pour Silwâne qui ressentait le manque de Yunûs, partit quelques jours dans le Sud pour le travail. Elle la sentait cette absence, son cœur le vivait mal et elle espérait un retour prématuré pour qu'il fasse l'effet d'un baume au cœur.

« - T'es pas très bavarde à c'que je vois. Dit Furkan en voyant qu'elle ne répond pas.
- Je n'ai simplement pas envie de parler. Réplique froidement la solitaire.
- Tranquille j'suis pas là pour te brusquer. Dit-il en levant les mains en l'air. »

Furkan est le plus beau garçon de ce quartier, c'est un turc-marocain qui raffole de l'argent sale. Il aime jouer les grands et donner des ordres sans se rappeler qu'il était guetteur avant d'être meneur. Les filles il n'en fait qu'une bouchée, il pensait en faire de même avec Silwâne mais la tâche s'avère très compliquée...

[...]

By S.

Silwâne - Perdue dans l'ombre des décombres.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant