Chapitre 7 - La vengeance est un plat qui ne se mange pas

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« Hériter du mal comme du bien, savourer le malheur comme le tien »

« - Non je ne souhaite pas porter plainte. J'suis pas une balance. Dit Furkan.
- Très bien, on attend encore les résultats du scanner puis on reviendra vers vous pour le compte rendu du radiologue. Dit le médecin en injectant une dose de paracétamol dans la perfusion.
- Ok, merci. Répond Furkan. »

[...]

Silwâne a quand même réussi à finir cette lettre qui lui tenait tant à cœur. Cette lettre où elle avoue une grande partie de sa vie et de ses sentiments envers Yunûs. Elle signe en bas de la feuille et lui la donne.

« - J'aimerais que tu la lises seul, sans que personne ne tombe dessus. Dit Silwâne.
- Je la lirais cette nuit alors, tu vas mieux ? Demande Yunûs.
- Oui ça va, je fais encore quelques cauchemars et crises d'angoisses mais ça va beaucoup mieux qu'avant.
- Il ne te touchera plus, t'as ma parole.
- Merci... Dit Silwâne en marquant un pause. Je te savais pas aussi... hum... aussi...
- Violent ?
- Oui voilà... t'es tellement gentil, enfin c'est pas négatif c'que je dis. J'espère que tu ne le prends pas mal...
- T'inquiète pas j'ai compris c'que tu voulais dire. Ria Yunûs. Tu sais avant comme j'te l'ai dis, j'étais comme Furkan. Un mec sans valeur qui se faisait respecter pour sa place dans le business. Un voyou quoi, j'étais un moins que rien, j'faisais pleurer ma mère sans m'en soucier. J'étais trop ignorant, bête, immature. J'ai toujours cette partie de nervosité en moi mais je la fait ressortir qu'en cas de besoin comme la fois dernière. Depuis, j'suis clean, j'essaye de rester dans le droit chemin même si quelques fois, j'ai envie de déraper. Mais c'qui est sûr c'est que j'suis plus comme avant, j'veux plus l'être. »

Durant toute sa tirade, Silwâne l'observait se confier à elle. Il est tellement beau, pensa-t-elle. Une peau mate, quelques cicatrices sur les mains, puis une sur le menton, de beaux yeux bruns sans artifices, des cheveux bruns qu'on croirait noirs, puis cette corpulence qui la fait se sentir en sécurité n'importe où quand elle est à ses côtés. Il dégage un sacré charme avec sa belle barbe datant d'au moins trois jours. Y a pas à dire c'est un bel homme ma shâ Allah.

[...]

Assis sur son lit, la fenêtre grande ouverte, Yunûs déplie la feuille que lui avait donné Silwâne quelques heures plutôt. Quelle belle écriture, était la première impression de Yunûs. Il commença à lire sous l'éclairage minime de la lune.

« Yunûs,

Je suis plutôt douée pour les mots mais seulement quand ils sont encrés dans une feuille. Tu as été le seul dans cette cité à me porter de l'importance, non pas pour mon physique mais pour mon mal-être. Ton approche a été bénéfique pour moi, tu m'as tellement appris en quelques mois que je suis devenue une toute autre personne.

Dans ma vie, j'ai eu beaucoup de bas contre seulement quelques hauts. J'ai perdu ma famille entière dans un accident de voiture et mes amis quelques semaines après dans un crash aérien. Mon âme s'est envolée en même temps qu'eux et c'est la raison pour laquelle j'ai été aussi renfermée sur moi-même pendant ces quelques années. Je broyais du noir, j'étais dans un monde où tout ce qui était sombre me faisait du bien. J'avais une haine envers ce monde que toi seul a réussi à apaiser. Ma haine s'est transformée en un sentiment plus doux, plus joyeux. Je ne sais pas ce qu'est l'Amour mais je pense que ça y ressemble.

Quand t'es près de moi, je me sens si apaisée, si bien que j'aimerais ne jamais avoir à te quitter. Ta présence est vitale pour moi, je l'ai compris durant tes trois jours d'absences qui m'ont brisés le cœur. Je me sentais mal et tu me manquais terriblement. Je suis consciente que tout a été très rapide mais mes émotions se multiplient depuis quelques temps et je vie chaque chose en forte dose. J'aimerais tellement te dire tout ça en face mais je n'aurais jamais le cran c'est pourquoi j'ai tant tenu à t'écrire cette lettre.

J'ai perdu ma famille et mes amis mais je t'ai gagné toi. Je ne sais pas encore comment te remercier, je t'en suis vraiment reconnaissante, j'aimerais juste te demander une chose, une chose à laquelle je tiens.

J'aimerais que tu restes à mes côtés pour toujours,
Tu représentes très bien l'Amour,
De mon cœur, tu es le contour.

Ta princesse,
Silwâne »

Cette lettre, il l'a relu autant de fois que possible jusqu'à ce que le sommeil s'empare de lui. Il était amoureux de Silwâne, il l'aimait tellement qu'il voulait le crier sur tout les toits. Cette lettre il allait la garder dans un coin de sa tête mais aussi de sa chambre. C'était tellement bien écrit, tellement émotif qu'il aurait pû la rejoindre pour lui confirmer ses sentiments à son tour, mais sachant qu'elle serait mal à l'aise, il a préféré attendre sagement le sommeil.

[...]

« - On fait comme on a dit ? Vous me le choper vivant, j'le veux vivant. Compris ? Dit Furkan à son ami qui se trouvait à l'autre bout du fil. Je vais lui faire payer ces putains de côtes cassées. »

Furkan était enragé, il n'arrivait pas à avaler la pilule. Un mec comme Yunûs ne pouvait pas s'en tirer comme ça. Sa réputation ne pouvait pas prendre un coup à cause d'un pieux anciennement voyou. Il allait lui faire payer aussi le fait qu'il ait réussi à avoir Silwâne, l'inaccessible. Il avait prévu tout un plan pour le faire pourrir en Enfer.

[...]

By S.

Silwâne - Perdue dans l'ombre des décombres.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant