Chapitre 1, je veux mourir.

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Avant de commencer la lecture, merci beaucoup d'être tombé sur ma fiction. J'espère qu'elle vous plaira !
Bonne lecture.

Je n'ai jamais vraiment réfléchis à la manière dont je voudrais mourir. Sûrement dans des circonstances des plus spectaculaires. Trop de gens se donnent la mort sans qu'aucun individu digne de ce nom puisse se rappeler avec précision et dans les moindres détails la cause, le lieu et les conséquences de leur mort. Autant dire à haute voix qu'on en a rien à faire d'eux, ce sera tellement plus clair et au moins plus personne ne cherchera à susciter l'attention en se suicidant. Enfin c'est mon point de vue.

C'est pour cela que j'ai longtemps cogité avant de me décider. Car j'avais deux options : continuer ma misérable et pathétique existence ou mourir, à la manière de Cléopâtre. Je veux qu'on se souvienne de ma mort. Après tout, c'est bien pour cela qu'on se tue ; pour donner tort à ceux et celles qui ont osé douter de nous.

Ainsi j'ai décidé de me donner au spectacle comme l'a fais la reine d'Égypte il y a si longtemps et depuis des millénaires on se souvient dans les plus minces détails de sa mort. Personne n'a même eu l'ombre d'un doute en ce qui concerne son histoire, et personne n'a eu le courage de l'oublier. Malheureusement je ne le ferai pas avec du venin de serpent qui consumera mes veines ni avec une dague coûtant une fortune, cependant une grosse bouteille de vodka cachée depuis des années dans le bureau de mon père et un couteau rouillé déniché dans une cave devraient faire l'affaire. Autre chose, je ne mourrai pas d'un chagrin d'amour mais plutôt d'un chagrin de vie.

Je ne vais pas écrire une lettre comme le ferait la plupart. J'ai deux raisons principales : premièrement personne ne se souciera de ma mort et je pense sincèrement qu'on y trouvera des heureux ; deuxièmement je ne cherche pas à faire culpabiliser qui que se soit. Ma mère comprendra sûrement la cause de mon départ et ne s'en plaindra pas trop. Vu que je suis un enfant né par "accident", je suppose que ça lui enlèvera un bon poids des épaules. Après la mystérieuse mort de mon père, la vie de cette femme, dont je suis obligée d'appeler "Maman", n'a été qu'un horrible cauchemar remplis de monstre me ressemblant trait pour trait et de multiples factures dont des dettes insurmontables. On peut donc estimer ma futur mort comme un cadeau des dieux.

Je n'ai pas peur. Pourtant je devrais. Mourir n'est pas très agréable surtout quand un poignard transperce votre cœur et que vous n'êtes même pas en état de le comprendre - l'alcool y est pour quelque chose. Mais j'ai assez souffert dans ce monde injuste et laid, j'en déduis donc que ça ne fera pas si mal que ça en fin de compte. Pour moi, j'ai déjà encaissé le pire et de toute façon je n'ai rien à perdre. Vraiment rien.

Je n'ai pas tellement d'amies, en tout cas pas "ces amies" là qui seraient prêt à faire n'importe quoi pour toi. Juste une minable bande qui se croit supérieure aux autres. De quoi se taper des barres. Ma vie sentimentale est encore plus désastreuse qu'amicale : je n'ai jamais eu de petit-ami. Bien évidemment, quelques petites aventures de nuits par-ci par-là mais rien de sérieux. À en croire certains c'est à cause de mon caractère, pour d'autres c'est mon physique qui joue en ma défaveur. Je suis petite, trop mince avec des cheveux d'un aubrun terne et des yeux totalement bizarres donc oui, je dois capituler ; ils ont raison, comme d'habitude. J'oublie, j'ai en effet un caractère qui ne laisse pas à désirer . Raison de plus pour ne pas s'approcher de moi.

Mais ce qui m'a poussé à tant vouloir mettre fin à ma vie est une toute autre chose. Beaucoup vont dire que c'est idiot de réagir comme ça alors qu'il y a tant de solutions à mon problème. J'avoue, pourtant, moi, je ne vois AUCUNE solution. J'ai tout essayé ! J'ai même tenté l'impossible et me voilà réduite à un rien. Fini les moqueries, fini les insultes et les harcèlements, fini l'humiliation. J'ai beau me dire qu'agir de cette façon est si gamin que j'en ris toute seule mais je n'en peux plus. C'est terminé.

Kill meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant