Kill me

Chapitre 13, renaissance

BONNE LECTURE !

— Kaelee, regarde-moi ! Ne ferme pas les yeux, reste avec moi ! 

Un son lointain tente de parvenir jusqu'à mes oreilles afin de me transmettre un message mais malheureusement je n'arrive pas à le saisir. C'est comme si plus rien n'existait. Comme si plus rien n'avait de l'importance à l'exception de la douleur qui siège vers mes omoplates. Cette dernière s'intensifie au fur et à mesure des secondes qui passent sans même me laisser le temps de respirer, de lutter contre elle. J'ai l'impression que la partie supérieure de mon dos est en feu. Je m'imagine qu'une plaque de fer chaud est posée sur mon échine et que je vais finir par fondre.

Le sang sur mes doigts me donne envie de vider tout ce que j'ai dans le ventre. Une odeur nauséabonde s'infiltre dans mes narines, s'enracine dans mon corps et m'incite à gémir de dégout. J'essaie tant bien que mal de prendre une bouffée d'air frais afin de faire disparaître cette effluve. Peine perdue. Voilà que la douleur se multiplie par mille, manquant de me couper le souffle à nouveau. 

Je reporte ma main à mon omoplate droite et c'est là que je comprends que le pire est à venir. En plus du sang, je sens un os sortir de mon dos. Je touche mon autre omoplate : un os similaire. J'utilise les dernières forces qui me restent pour rugir aussi fort que possible. Je hurle à m'en déchirer les cordes vocales. Je ne m'arrête pas. Je glapis encore, encore et encore, tant que cela m'est encore permis. 

Je ressens une telle souffrance que s'en est inimaginable. Les deux os, impitoyables, poussent millimètre par millimètre, me torturant à n'en plus finir. Le dos me brûle, me démange. Des larmes chaudes s'échappent de les yeux et coulent le long de mes joues rougies par la souffrance. 

Je n'arrive plus à lutter. L'envie de tomber et de m'assoupir traverse mon esprit. Je ferme les yeux et me laisse choir sur la terre humide.

—  Non, Kaelee ! 

J'entends une voix. Sa  voix. J'essaie avec peine d'ouvrir les yeux. Mes paupières sont tellement lourdes qu'elles s'ouvrent qu'à demi. Ma vison est floue. J'aperçois sa silhouette, grande et mince. Il est penché sur moi. Je vois ses mains se poser sur mes épaules ; ce qui m'arrache un gémissement de douleur. Ses mains glissent vers mon dos, il entoure ma taille de ses bras forts et je devine qu'il me porte. Je me laisse faire, sachant pertinemment que cela ne servirait à rien de vouloir m'échapper ? Pour aller où ? J'arriverai probablement même pas à rester debout, courir encore moins.  

Lew me pose délicatement sur le siège passager de sa voiture, me recouvrent - d'après la sensation - d'une couverture, puis pose une main sur ma joue maculée de larmes. Ce contact me fait frémir. Le fait qu'il soit de nouveau aussi proche de moi n'insupporte. Comment ça se fait ? D'habitude je ressentais comme du soulagement ? 

Je respire doucement, à petits coups. L'élancement se dissipe peu à peu. Ma cage thoracique se libère de l'étau de la plaque de fer imaginaire et je retrouve la liberté de respirer profondément. Je me permets d'ouvrir les yeux. Je promène mon regard sur la voiture, l'endroit où nous sommes et enfin sur lui. 

Lew a les sourcils froncés, le regard inquiet et les mains qui tremble légèrement. Son visage est tout près du mien, sa main est toujours posée sur ma joue. Mais, il se rend vite compte de la proximité trop intime entre nous deux et la retire. Il se frotte les mains l'une contre l'autre sûrement pour arrêter les tremblements. 

— Que... qu'est-ce qui m'arrive ? je demande d'une voix rouillée par mes cris. Je me racle machinalement la gorge.

Un silence, pourtant assourdissant, s'installe. J'attends sa réponse. Avec impatience ? Crainte ? Je ne saurais le dire. Tout ce que je veux, c'est connaître enfin la vérité ! après ce que je viens d'endurer, je pense que j'ai le droit à plus que quelques vagues explications.