Kill me

Chapitre 11, freedom ?

BONNE LECTURE !

Dire qu'il y a deux semaines, tout mon corps était possédé par la soif de mourir. J'étais prête. Rien ne me retenait dans ce monde méprisable. J'étais poussée par un instinct primitif : celui de la mort. Il y a quatorze jours, j'aurais accepté avec joie de jouer le bouc qui allait être sacrifié. Je n'aurais même pas hésité une seule infime seconde.

Maintenant, quand j'entends le mot mourir j'ai envie de m'enterrer aussi profondément que possible. Peut-être que j'ai voulu en finir à cause d'un simple coup de tête ? Comme le font la plupart des adolescents de ce siècle. Sinon, comment pourrais-je expliquer mon comportement insensé ?

La révélation de mon camarade de cellule ne m'a fait ni chaud ni froid. À croire que ça aussi je le savais déjà. Ce qui est faux. À aucun moment de ma pathétique existence je ne me suis doutée être une créature surnaturelle. De plus, je n'étais même pas au courant qu'un ange puisse faire partie de ces monstres. Ce n'est pas censé être quelqu'un de pur ? D'innocent ? Si c'est le cas, pourquoi suis-je son incarnation ? Tous ses critères ne me correspondent pas. J'en suis même l'exact opposé.

En outre, son histoire ne m'a apporté qu'une partie de ce que je voulais savoir. À commencer par ma capture. Si j'ai bien compris, je me retrouve enfermée dans ce trou car je suis l'être le plus dangereux pour ces monstres. Ça, j'arrive à suivre. Mais c'est la suite que je ne capte pas. D'après les dires de l'homme-poisson, ma mort, causée par moi-même lors d'un rituel, entraînera la leur. Et pour empêcher ce désastre, ils doivent me tuer.

Cependant, il y a deux problèmes. Premièrement, je ne compte pas me tuer. J'ai eu ma dose d'adrénaline pour le restant de mes jours. Et deuxièmement, si ils tiennent tant à me trucider, pourquoi suis-je encore en vie ? D'après ce que j'ai retenu, je suis un danger public pour la race entière. J'en conclu qu'il y a un truc qui cloche.

Ensuite, je n'ai toujours pas eu d'explications en ce qui concerne Jared. J'ai cru comprendre qu'ils se connaissent, mais que visiblement se ne sont pas les meilleurs amis au monde. Quand Jared s'est rendu compte de la présence du prisonnier, il a pris peur et s'est enfuis. La question est la suivante : pourquoi ? 

Qu'est-ce qui a bien pu se passer entre eux deux ? Sûrement une ancienne rancune, mais j'ai besoin de détails. Jared m'a fait du mal ; je suis sûre que c'est à cause de lui que je pourris dans cette cage. Et je veux connaître ses faiblesses afin de me venger.

Je sais maintenant que je ne risque rien. Je ne souhaite pas ma mort, donc par conséquent je suis inoffensif. Si depuis deux semaines je suis encore en train de respirer, c'est bien qu'ils n'ont aucune intention de me tuer. Je suis donc pleinement dans la possibilité de provoquer Jared sans m'en prendre une et par la même occasion m'enfuir pour refaire ma vie, loin de cette ville maudite. Un sourire énigmatique se dessine sur mon visage. J'adore échafauder des plans. Ça a toujours été mon point fort. Il ne manque plus que la touche finale.

— Ohé ! Y a quelqu'un ?! je crie de toute mes forces.

— Mais qu'est-ce que tu fais ? me gronde l'homme-poisson en fronçant ses sourcils broussailleux - alors comme ça les poissons ont eux aussi des poils ? Je me demande comment il fait pour survivre aussi longtemps hors de l'eau.

— J'essaie d'attirer l'attention sur moi, ça se voit pas ? je réponds nonchalamment, comme si c'était une évidence.

— Arrête ça !

Je l'ignore et continue mon cinéma. Mais je constate bien vite que personne ne me prête le moindre intérêt. Comme si c'était une habitude d'entendre des prisonniers hurler. Un frisson désagréable parcourt ma colonne vertébrale ; je décide de l'ignorer. Mais je n'abandonne pas pour autant. Je tire comme un chien enragé sur les chaînes qui me retiennent les mains, produisant par la même occasion un bruit désagréable et assourdissant. Enfin, au bout de quelques minutes un garde apparaît dans mon champ de vision. J'ai les poignées en feu et je ressens le picotement des blessures me ronger la peau mais ça en valait la peine.