Kill me

Chapitre 12, believe me

BONNE LECTURE!

" Le cœur a ses raisons que la raison de connaît point."

Blaise Pascal

La voiture roule à une vitesse interdite et dangereuse. J'ai clairement conscience du fait que s'il ne ralentit pas dans les minutes qui suivent, il pourra dire au revoir à sa belle caisse qui sera alors tachée de vomi. J'ai un haut-le-cœur rien que d'y penser. Je déteste vomir, et encore plus en présence de quelqu'un. Je secoue la tête et regarde la route pour me changer les idées. Mais lorsque mes yeux s'attardent sur le paysage qui défile à une célérité impressionnante, le mal-être revient aussitôt me hanter.

Je jette un coup d'œil inquiet en direction de Lew. Ce dernier affiche une mine désastreuse. Cela doit faire deux bonnes heures qu'on roule sans arrêt et la fatigue a dû prendre le relais. À de maintes reprises je l'ai vu s'assoupir quelques secondes, le temps de récupérer, pour finalement continuer l'interminable "voyage". Je me demande bien depuis combien de temps il n'a pas dormi. Je le vois qui lutte sans relâche contre les tentacules du sommeil, sans pour autant capituler.

Depuis qu'il m'a sauvé des griffes de Nix, on n'a pas échangé une seule fois la parole. Je me suis contentée de le suivre, comme il me l'a suggéré. Pour une fois je n'ai pas cherché à comprendre, ayant conscience qu'on nageait entre la vie et la mort. Lorsque nous sommes arrivé à sa voiture, j'ai immédiatement grimpé sur le siège passager, le moteur a rugit tel un animal féroce avant même que je n'ai eu le temps de boucler la ceinture et nous sommes partis en trombe.

Je n'ai pas eu le courage de regarder en arrière pour voir s'ils nous suivaient ; l'angoisse me tenait inlassablement compagnie durant les minutes qui précédaient notre fuite. C'est pour cela que je n'ai pas osé ouvrir la bouche pour parler. Je ne voulais absolument pas qu'il me voit une seconde fois en train de pleurer. Sauf que maintenant, je ne supporte plus ce silence. L'adrénaline a eu son temps de gloire. J'ai besoin de rompre cette tension qui plane au dessus de nos têtes. J'ai eu beau tenir autant d'heures sans connaître les raisons qui l'ont poussé à me secourir, dorénavant ce n'est plus d'actualité.

Mon esprit s'agite. Il doit savoir. Si je l'ai suivi sans protestation alors que je n'avais aucune idée d'où est-ce qu'il sortait et où est-ce qu'il allait m'emmener, c'est bien qu'il y a une raison valable. Je tourne ma tête vers lui. Il est au volant, par conséquent je ne risque pas grand chose. J'inspire une grande bouffée d'air et me lance :

— Où est-ce qu'on va ?

Par chance, ma voix est clair et ne trahit aucune nervosité. Je l'observe du coin de l'œil, attendant patiemment la réponse. Lew ferme quelques instants ses paupières. Il semble réfléchir ou alors je l'énerve - bon, c'est tout à fait possible.

— Chercher des réponses, dit-il au bout de cinq longues minutes.

Je fronce les sourcils en signe d'incompréhension. Quelles réponses ? N'est-il pas censé tout savoir en ce qui me concerne ?

— Écoute, je t'expliquerai tout dès que nous serons en sécurité, d'accord ? annonce-t-il en accélérant un peu plus.

Le compteur de vitesse atteint les 140 km/h. Lew semble ne toujours pas saisir qu'il roule trop vite, beaucoup trop vite. À tout moment il peut perdre le contrôle du véhicule. Un accident, c'est si vite arrivé !

— Non ! Je veux savoir maintenant ce qui m'arrive ! je crie sans arriver à contenir ma colère. Ça fait deux putains de semaines que je me fais maltraiter par ta soi-disant secte, et j'en ai plus que marre d'être le cobaye d'une prophétie à la con ! Je ne suis pas ce que vous cherchez, point barre. Est-ce bien clair ? Alors maintenant tu arrêtes ta voiture et tu m'expliques enfin ce qui se passe !