Chapitre 6, fucking life

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Je ne sais plus comment on en est arrivé là, je ne sais plus pourquoi je me retrouve dans sa chambre contre le mur froid et pourquoi ces lèvres embrassent avec douceur et rage les miennes. Je ne sais plus rien et pourtant ça ne me dérange pas.

Je m'abandonne corps et âme à son baiser, sans me soucier de ce qui s'en suivra. Je chasse vigoureusement l'alarme qui sonne sans relâche dans ma tête et me colle encore plus contre son corps chaud.

Notre baiser à le goût du sang. Je passe ma langue sur sa lèvre inférieure, là où la blessure saigne encore. Mon contact le fait frissonner - de plaisir, de dégoût ? - et il me serre davantage dans ses bras puissants. J'entoure son cou de mes mains afin de ne pas tomber, prolongeant le baiser. Nos langues mènent une danse incroyable, c'est un mélange de besoin et de haine.

Et soudainement, la haine l'emporte. Lew me repousse violemment et s'éloigne de moi à une vitesse stupéfaite. Presque inhumaine. En un clignement d'oeil il se retrouve à l'autre bout de la pièce, là où j'aurai probablement mis trente secondes. Frustrée et honteuse d'avoir cédé si facilement à cet être odieux, j'essaye de cacher mes sentiments en détournant le regard, comme si de rien était. Comme si c'était la chose la plus normale de l'avoir embrassé.

Non, non, non...

C'est lui qui m'a embrassé !

"Mais tu lui as quand même rendu son baiser", raille ma conscience.

Ouais, bon ça va, on ne va pas en faire tout un plat.

J'entends un étrange bruit derrière moi. Je me tourne en provenance du son. C'est là qu'une chose extraordinaire se produit. Lew, munit d'une sorte de corde très épaisse, s'avance vers moi à une vitesse incroyable - comme il l'a fait quelques secondes plus tôt pour s'éloigner de moi - et sans que je puisse réagir, attache mon corps de haut en bas avec la chaîne. Il serre tellement fort le cordage que j'arrive à peine à inspirer une bouffé d'air.

À cet instant, je suis prise de panique. Non seulement cet homme arrive à se déplacer d'une manière quasiment surnaturelle, mais en plus de cela, me voilà à sa merci attachée comme un vulgaire bout de viande prêt à être servit au repas.

Je tente de me libérer mais c'est d'un ridicule burlesque.

— Pourquoi tu me fais ça ? Je croyais... que tu voulais me sauver ? j'arrive à demander à grande peine.

— Moins tu en sauras, mieux tu te porteras.

— Et c'est... censé être une réponse ?

— Oui.

Puis il compose un numéro sur son portable et me laisse dans sa chambre.

Ne panique pas. Ne panique surtout pas.

Je cherche des yeux un objet assez pointu qui me permettrait de couper les liens de la corde mais je dois bien vite me rendre à l'évidence : le connard a pensé à tout.

Alors je la fais à l'ancienne. Je plante mes dents dans l'objet qui me retient prisonnière et essaie d'arracher de toute mes forces le tissu. Peine perdue. Tout ce que je réussi à obtenir c'est une belle coupure sur mes lèvres, et un mal de chien aux dents. Et merde !

Je le hais. Mais bizarrement je ne ressens aucune angoisse. Pourquoi ? Pourquoi depuis que je suis en sa présence je ne hurle pas, je ne casse pas la première chose que je vois. Même lorsqu'il m'a enfermée pendant des heures dans la chambre, je n'ai pas eu le besoin de détruire afin de me calmer. Pourquoi n'ai-je aucune réaction normale ?

Kill meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant