Chapitre III : Premiers pas à la cour

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Média : Louise et sa sœur, Marie

Château de Versailles, 10 juin 1670, environ quinze heures

La porte de son carrosse s'ouvrit sur une vingtaine de serviteurs ainsi que son père et sa sœur, accompagnée de son mari. Son père avait une expression joyeuse sur le visage, quant à Marie elle semblait également contente même si son visage affichait plus de retenue.

Le valet qui avait ouvert sa portière lui tendit la main afin de l'aider à descendre. Trois autres se chargèrent des bagages. Louise descendit la petite marche de son carrosse et, faisant fi des convenances, courru jusque dans les bras de son père. Si les valets furent choqués de cette attitude, ils n'en montrèrent rien. En revanche, sa sœur ravala un hoquet de surprise et son mari, François-Antoine fit une remarque à sa femme que Louise n'entendit pas. Elle se moquait bien de ce qu'ils pensaient tous. Son père lui avait manqué et elle avait envie de le serrer dans ses bras. Louise avait donc fait la chose la plus naturelle au monde. De toute façon, elle était arrivée non pas par l'entrée principale du palais mais par l'entrée ouest, ainsi personne à part sa famille ne l'avait vue courir.

Son père, Artus avait répondu avec entrain à son étreinte. Louise contint une joie immense : la cour n'avait pas changé son père. Il était resté le même.

Après cette étreinte, elle échangea avec son père les nouvelles du château de Brissac puis elle se dirigea vers sa sœur. Sachant que celle-ci était son exact opposé et donc très attachée aux convenances, elle se contenta de lui prendre la main et de la serrer. Elle fit également un signe de tête à son mari.

- Tu m'as manqué, chère sœur, dit Marie.

- Toi aussi tu m'as manqué. Le château semble vide sans toi et tes rires.

Elle sourit et demanda :

- Comment va mère ?

- Oh et bien, à part ses nombreuses crises de jalousie, je suppose qu'elle va bien. En réalité je ne sais pas vraiment étant donné qu'on ne se parle pas. Mais elle semblait plutôt triste quand je suis partie.

Marie fit une moue désapprobatrice. Au contraire de Louise, elle avait toujours admiré sa mère et la considérait comme un modèle. Alors entendre dire par sa sœur que sa mère était jalouse ne lui plaisait guère. Étonnamment, Jeanne n'avait jamais été jalouse de sa première fille. Peut-être parce que toutes les deux se ressemblaient énormément. Louise s'était toujours posé la question mais n'avait jamais eu la réponse.

- Et Charles, comment va t-il ?

- A merveille ! Depuis que tu es partie, il a appris à marcher et a parler. Il se débrouille comme un grand. Il te transmet son salut d'ailleurs.

- Très bien.

Louise lâcha la main de sa sœur et repartit vers son père. Quand elle approcha, il lui glissa à l'oreille :

- Je dois te laisser ma chérie. Je dois retourner au près du roi. Reste avec ta sœur, elle te présentera à sa Majesté la reine.

Il ne lui laissa pas le temps de répondre et partit. François-Antoine le suivit et Louise se retrouva seule avec Marie et quelques domestiques. Cela lui brisa le cœur. Elle venait à peine de retrouver son père qu'elle devait déjà le quitter. Qu'avait donc ce roi pour lui voler son père ? Elle commença alors à nourrir une colère sombre contre le roi. Mais elle allait s'appliquer à ne pas le montrer évidemment.

Sa sœur interrompit ses pensées :

- Suis-moi Louise, je vais te conduire à la reine.

Elle empruntèrent alors de nombreux couloirs et escaliers que Louise s'efforça de mémoriser. Certains étaient même encore en travaux. Sur le chemin, Marie fit de nombreuses recommandations concernant la reine à sa sœur.

- La plupart de ses dames de compagnie sont espagnoles et elles ne parlent pratiquement que cette langue. Attend toi à ne pas comprendre un mot de leur conversation.

En effet, Louise n'avait appris que les bases de cette langue au couvent. Elle pouvait peut-être tenir une conversation de base mais certainement pas dialoguer avec la reine.

- Elle ne parle pas français ? demanda Louise.

-Très peu. Ses dames de compagnie l'aident. Encore une chose, ne t'étonne pas devant les nains de la reine, elle apprécie leur compagnie, ils sont donc très souvent à ses côtés.

"Des nains ?" pensa Louise. Elle ne posa pas la question à sa sœur de peur de paraître idiote mais quelle drôle d'habitude. Marie avait dit cela comme si c'était quelque chose d'habituel à la cour. Devrait-elle aussi adopter des nains pour se faire bien voir des courtisans ?

- Il faut également que tu t'attende à être méprisée. La reine n'est pas dupe et elle sait très bien que le roi nomme ses dames de compagnie afin de les garder plus près de lui. Elle souffre énormément des infidélités du roi. Elle m'a moi-même détestée dès que je suis arrivée. Mais j'ai réussi à gagner sa confiance depuis que je me suis mariée et depuis qu'elle a vu que je ne m'intéressais pas au roi. Essaye de faire de même.

Marie regarda Louise avec attention pour être sûre qu'elle avait compris toutes les informations.

- Et une dernière chose. Fais très attention à Mme de Montespan. Elle va sûrement essayer de t'écarter de la cour. Elle est la favorite du roi et elle est très jalouse. Les rumeurs concernant ton arrivée et l'engouement du roi sur ta personne ont déjà traversées toute la cour. Elle les a sûrement entendues alors méfie-toi.

Marie finit son discours lorsque les deux femmes arrivèrent devant une grande porte en bois sombre devant laquelle se tenaient deux gardes. Louise se sentit totalement désemparée face à ce que sa sœur venait de lui raconter. "L'écarter" ? Qu'est ce que cela signifiait ? Elle était complètement perdue. Ainsi le roi s'intéressait à elle. Elle n'en avait aucune envie, cela n'allait lui attirer que des ennuis. Louise se mit à paniquer. Elle n'aurait jamais du venir ici.

Marie, qui voyait le désespoir de Louise la prit quelques instants dans ses bras. Elle la réconforta :

- Ne t'en fais pas. Je serais là pour t'épauler dans cette épreuve. Pour l'instant, contente-toi de faire bonne impression à la reine et tout ira bien. Je suis là, ne t'en fais pas.

Louise ressentit une bouffée de reconnaissance envers sa sœur. Puis elle pensa que cette dernière avait du affronter toutes ces épreuves seule. Elle n'était pas encore mariée lorsqu'elle est arrivée il y a cinq ans, elle était donc totalement seule. Que sa sœur était courageuse ! Louise l'admirait. Marie avait aujourd'hui vingt ans et était toujours aussi belle et intelligente. Tandis qu'elle, à dix-sept ans, n'arrivait même pas à la cheville de sa sœur.

Marie arrangea la robe de Louise et ordonna aux gardes d'ouvrir la porte. Ceux-ci s'exécutèrent et Louise put découvrir les appartements privés de Marie-Thérèse d'Autriche, infante d'Espagne et reine de France et de Navarre.

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Troisième chapitre ! J'espère qu'il vous aura plu.

N'hésitez pas à me donner vos avis qu'ils soient positifs ou négatifs.

Gros bisous, W.

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