Chapitre V : Une première rencontre

1.8K 140 24
                                    

Média : Louise qui visite Versailles

Château de Versailles, 10 juin 1670, vers 17 heures

Après la visite de sa sœur, il restait deux heures à Louise avant le souper. Elle ne savait pas vraiment quoi faire pendant ce temps là. Il fallait qu'elle se change, évidemment, mais cela ne lui prendrai pas deux heures entières. La jeune fille décida alors de visiter le château. Pas dans sa totalité car elle ne serait jamais rentrée à temps, mais les alentours de ses appartements. Ne pouvant défaire sa robe sans l'aide d'une domestique, Louise se résigna à garder cette tenue, si inconfortable fut-elle. Elle changea cependant de chaussures et prit de vielles bottes beaucoup plus pratiques dans la malle sur sa droite. Ses talons lui avait blessé les pieds et Louise fit une grimace lorsqu'elle les retira. Elle replaça également la dague que sa mère lui avait donné dans sa chaussure. On ne sait jamais ce qu'il pourrait lui arriver ...  Elle ouvrit ensuite la porte de ses appartements puis se dirigea à l'opposé de l'endroit par lequel elle était arrivée.

Étonnamment, elle ne croisa personne dans les couloirs, pas même un domestique. "Étrange" pensa Louise. Ils devaient surement tous se préparer pour le repas de ce soir.

La jeune fille devait maintenant se promener depuis une vingtaine de minutes dans les couloirs de Versailles. Elle n'avait rien vu de vraiment extraordinaire et tous les couloirs se ressemblaient. Elle avait même fait demi-tour dans une allée car l'odeur était insoutenable. Elle avait du s'approcher des latrines ... C'est donc un peu déçue que Louise décida de rentrer à ses appartements afin de se changer. Elle fit demi-tour et revint sur ses pas.

Mais Louise commença à paniquer lorsqu'elle traversa un endroit qu'il lui était inconnu. Elle n'était pas passée par ici la première fois ... Elle comprit alors avec horreur qu'elle s'était perdue. Elle se maudit intérieurement de ne pas être restée sagement dans sa chambre et de ne pas avoir écouté sa sœur. Pourquoi diable était-elle si curieuse et surtout si idiote?

Sa peur s'intensifiait à mesure qu'elle avançait dans des couloirs inconnus. Il valait peut-être mieux attendre quelque part qu'on la retrouve ? Mais Louise n'était pas du genre à attendre sans rien faire. Elle préférait agir. Cependant, au bout d'une dizaine de minutes d'explorations infructueuses, elle se mit à avoir des pensées sombres. Je vais mourir dans ces couloirs car personne ne m'aura jamais retrouvé. Je vais être dévorée par les rats. On retrouvera mon corps deux semaines plus tard, mais personne ne me reconnaitra car je serais dévorée. Personne ne me pleurera.

- Non ! s'écria Louise, seule dans un couloir sombre.

Elle refusait de se laisser aller à la panique. Il lui suffisait de respirer, de reprendre son calme et de réfléchir. Malgré ces réflexions, le cœur de Louise battait très vite. Elle refusait de se l'avouer mais elle avait extrêmement peur. Louise se sentait si petite face à ce monde, si insignifiante ... et cela l'effrayait. Sans parler de son évidente perte dans ce château immense...

- Puis-je vous aider, Mademoiselle ?

Une voix grave jaillit de derrière le dos de Louise et la fit sursauter. Elle sentit tout son corps se tendre. La jeune fille se retourna lentement face au propriétaire de cette voix masculine, sans arrêter de penser à la dague contre sa cheville. Elle ne savait pas s'en servir mais n'hésiterait pas à la sortir si la situation devenait délicate.

L'homme a qui appartenait la voix était plutôt grand, un mètre quatre-vingt cinq à vue d'œil. Il semblait jeune, la vingtaine environ. Il avait les épaules larges et on apercevait sous sa chemise trempée le tracé de muscles dessinés. Sa peau était mate, ce qui fit penser à Louise que c'était un domestique. Ses cheveux d'un brun foncé, presque chocolat lui arrivaient aux épaules mais ils n'étaient pas coiffés. Eux aussi étaient mouillés. Les vêtements de l'homme cependant firent douter Louise. Était-ce vraiment un domestique ? En effet, il portait une chemise blanche qui bien qu'humide semblait luxueuse. Par dessus, un baudrier rouge vif servait à maintenir son épée dont on voyait la garde. En bas, un pantalon en soie noir dans lequel sa chemise était rentrée.

Versailles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant