Château de Versailles, 10 juin 1670
Louise restait encore stupéfaite devant ce qu'il venait de se passer. Avait-elle vraiment l'allure d'une domestique ? Il avait même cru qu'elle avait volé cette robe ! Mais quel culot !
Elle n'était certes pas maquillée ni coiffée, n'ayant pas voulu s'encombrer pour le long voyage mais tout de même ! Ses longs cheveux bouclés, brillants et soyeux auraient du lui faire comprendre qu'elle en prenait soin, qu'elle était une noble. Et même si elle portait de vielles bottes, sa façon de se tenir droite aurait du lui montrer son rang.
Louise était tellement choquée qu'elle ne se rendit pas compte qu'elle était debout en plein milieu de l'aile des domestiques sans rien faire. Ici, le monde s'affairait et grouillait. On entendait des cris et des ordres donnés à tout bout de champ et des cloches qui sans arrêt sonnaient.
Comment allait-elle rentrer à ses appartements ? Elle se sentait peut-être plus en sécurité, parmi tout ce monde, que tout à l'heure, mais elle n'en était pas plus avancée. Elle ne savait pas comment rentrer. Et le repas ... Elle ne serait jamais à l'heure ! Elle allait rater sa première apparition à la cour.
C'est perdue dans de sombres pensées que Louise se fit bousculer par une domestique, visiblement paniquée venant de droite. La femme s'apprêtait à exprimer son mécontentement lorsqu'elle vit qu'elle avait à faire à une noble.
- Mademoiselle ? Que faites-vous ici ? Ce n'est pas un endroit pour les demoiselles comme vous.
Enfin quelqu'un qui reconnaissait qu'elle était noble. Puis Louise pensa que cette femme avait du être entraînée et habituée depuis sa naissance à reconnaître ce genre de choses.
- Je me suis perdue ... Pourriez-vous m'aider à ...
- Morbleu ! Mademoiselle de brissac !
La domestique, assez petite et plutôt ronde, fit une rapide révérence puis informa Louise d'une voix rapide :
- Vôtre camériste vous cherche de partout depuis plus d'une heure ! Vous avez un diner ce soir et vous n'êtes même pas prête !
Louise ne comprit pas comment la jeune femme l'avait reconnue. Cette dernière jura puis reprit :
- Venez vite mademoiselle, il faut se presser ! Le château est en ébullition et nous avons peu de temps pour vous préparer.
Louise suivit cette domestique, qui lui sembla sympathique malgré son ton bourru. Elles prirent une nouvelle fois de nombreux couloirs et Louise remarqua que le chemin fut étonnamment long jusqu'à ses appartements. En effet, l'aile des domestiques était à l'opposé de sa chambre. Arthur ne l'avait vraiment pas aidée en l'emmenant là-bas.
Sur le chemin, elle décida de l'interroger :- Comment m'avez vous reconnue ? Comment savez-vous que je suis mademoiselle de Brissac ?
- J'étais présente lors de votre arrivée. Vous ne vous en souvenez pas ? J'ai d'ailleurs trouvé ça drôlement courageux de votre part d'envoyer bouler ... (elle se rendit compte de son erreur et reprit :) de passer au dessus des convenances de cette cour si stricte.
Louise, un peu honteuse de ne pas avoir remarqué la femme, s'excusa :
- Oh, je suis désolée, je ne vous avais pas vue.
La servante, surprise de recevoir des excuses, rigola.
- Ne vous en faites pas. C'est notre rôle de ne pas nous faire remarquer. Si vous ne m'avez pas vue, c'est que j'ai bien travaillé.
VOUS LISEZ
Versailles
Historical Fiction1670, le roi Louis XIV gouverne le royaume de France. Pour exposer sa grandeur, il installe de plus en plus régulièrement sa cour au château de Versailles, qui n'est au départ qu'un modeste pavillon de chasse. Il y fait de nombreux travaux et ce châ...