Chapitre IX : Douce monotonie

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Château de St. Germain-en-Laye, 17 juin 1670

Après cette soirée humiliante pour Louise, la semaine lui parut d'une tranquillité déconcertante. Elle se rappellait encore s'être perdue dans les jardins de Versailles après avoir quitté la grande salle avec précipitation. Elle avait erré toute la nuit et cette fois, personne ne l'avait aidée. Elle avait voulu retrouver le château mais s'était une fois de plus, perdue. Elle fut retrouvée au petit matin, frigorifiée et épuisée, par un jardinier. Celui-ci l'avait reconduite à ses appartements où l'attendaient Charlotte et Adélaïde, terrifiées. Elle n'avait même pas pu dormir car elle devait aller au près de la reine.

Peut-être le déménagement de la cour vers le château de St. Germain-en-Laye aurait pu être éreintant, mais ce ne fut rien en comparaison de cette soirée.

Finalement, au bout d'une semaine d'adaptation, Louise arrivait presque à connaître toutes les habitudes de la reine et commençait même à l'apprécier. Elle pensait aussi que c'était réciproque car la reine la regardait avec plus de douceur qu'auparavant. Elle avait sûrement du pendre pitié de Louise et arrêter de la considérer comme une rivale après cette soirée. Qui voudrait d'une femme comme Louise ? Certainement pas le roi. Au moins ce souper n'avait pas été totalement négatif : il lui avait apporté l'amitié de la reine.

En revanche, si elle avait obtenue celle de la reine, ses dames de compagnie ne semblaient pas prête à lui la donner. Elles la regardaient toutes comme quelqu'un qui n'avait rien à faire ici (elles avaient peut-être raison). Heureusement, il lui restait Elizabeth. Elles passaient tout leur temps libre ensemble. C'était une des seules personnes à la cour à ne pas la considérer comme une bête de foire. Souvent, elles se promenaient dans les jardins et la duchesse guidait Louise pour ne pas se perdre. Elle avait vraiment une fâcheuse tendance à s'égarer.  Elizabeth lui racontait tous les potins qui animaient la cour même si elle essayait de minimiser, par égard pour son amie, les rumeurs la concernant. Mais Louise se doutait que l'histoire de sa nuit dans les jardins était sur toutes les lèvres et le sujet des plus vives moqueries. Elle essayait de ne pas s'en formaliser.

Tout le monde à la cour semblait s'être donné le mot et tous se moquait d'elle en des termes qu'elle n'osait imaginer. Louise essayait de prendre sur elle et de ne rien laisser paraître. Elle ne voulait pas sembler faible. Elle voulait prouver à sa famille et à tous les courtisans qu'elle était assez forte pour ce monde hostile.

Elle n'avait pas recroisé le roi depuis cette soirée et s'en félicitait. Elle avait tout fait pour. Elle refusait toutes les invitations aux soupers ou aux bals - qu'elle recevait d'ailleurs par dizaines, les courtisans voulant la voir se ridiculiser une fois de plus - et s'enfermait dans ses nouveaux appartements, ne sortant que pour aller se promener dans les jardins avec son amie ou pour rejoindre la reine. Elle recevait seulement la visite d'Elizabeth, de Charlotte et d'Adélaïde et de sa sœur. Cette dernière ne venait d'ailleurs que très rarement, étant très souvent sollicitée pour des invitations et des félicitations. Mais le peu de fois où Louise avait vu sa sœur, elle la trouva plus heureuse que jamais. Marie s'était également excusée que cette soirée se soit déroulée comme ça mais Louise la rassura. Ce n'était pas sa faute.

Cependant, si elle avait éviter le roi, elle n'avait pas pu éviter le duc de Bourgogne : Arthur ou Henri-Arthur. Que cela sonnait étrange. Elle l'avait croisé dans un couloir mais Louise fut soulagée qu'il ne lui ai pas accordé un seul regard. En effet, après la soirée où Elizabeth l'avait invité à se méfier de lui, Louise n'avait pas arrêté de se poser des questions. Finalement, son amie anglaise lui avait révélé la vérité. Arthur était un véritable coureur de jupons. De nombreuses femmes tombaient dans ses bras et ils ne les refusaient évidemment pas. Même si Elizabeth avait mâché ses mots lorsqu'elle le lui avait annoncé, Louise l'avait très bien compris. Elle était donc ravie qu'il ne l'ait pas remarquée.

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