Chapitre X : Le cavalier

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Jardins du château de St-Germain en Laye, 19 juin 1670

Marie-Thérèse d'Autriche, reine de France, étant partie la veille au matin, Louise avait eu toute la journée pour se reposer. Elle s'était alors levée à midi et avait passé l'après-midi à flâner dans les jardins. Elle les appréciait énormément, et en passant devant les écuries, elle avait eut une idée. Elle avait fait appeler Charlotte pour lui exposer sa requête. Celle-ci en fut fort étonnée mais obéit.

Aujourd'hui, elle se leva donc à l'aube et sonna Charlotte, qui arriva une dizaine de minutes plus tard. Louise questionna :

- As-tu ce que je t'ai demandé ?

- Oui, Mademoiselle. Mais j'ai été obligée de mentir à vôtre couturière pour ne pas heurter sa sensibilité. Mais enfin Mademoiselle, que vous est-il passé par la tête ? Pourquoi vouloir un pantalon ? C'est un vêtement réservé aux hommes ! Vous n'allez tout de même pas porter cette ... horreur !

Louise, amusée devant l'expression horrifiée de sa femme de chambre, rigola et répliqua :

- Mais bien sûr que je vais le porter ! Sinon pourquoi l'aurais-je demandé à mes mesures ?

Charlotte fut encore plus choquée par cette réponse et bégaya :

- Mais, mademoiselle, vous... vous n'allez pas sortir comme ça ! Si l'on vous voyait ...

- Bien sûr que non, répondit Louise face à la détresse de son amie, je vais le mettre sous mes jupes.

- Mais pourquoi mademoiselle ?

- Ne t'en fait pas personne ne me verra ! J'aurais un autre service à te demander. Connaitrais-tu le palefrenier du château ?





Environ une heure plus tard, Louise était devant les écuries, habillée d'une simple robe beige, sans ornements, sans corset, et dont les jupes s'enlevaient facilement. Elle portait en dessous son pantalon en coton noir qui enrobait les courbes de ses jambes. Elle portait également ses vielles bottes en cuir noires si pratiques. Elle avait cependant laissé sa dague dans sa chambre. Elle n'en aurait pas besoin à cheval.

Charlotte la conduisit discrètement dans l'écurie en passant par des couloirs très peu fréquentés du château. Une fois arrivées à destination, Charlotte se dirigea vers un homme qui était en train de nettoyer un enclos. Louise supposa qu'il s'agissait du palefrenier. Sa femme de chambre lui avait expliqué qu'elle le connaissait très bien mais qu'ils n'étaient plus en très bon terme. Louise avait cru comprendre qu'il y avait eu une vielle histoire d'amour entre eux mais que cela n'avait pas fonctionné.

Pourtant, à voir l'expression de l'homme, qui avait relevé la tête et qui regardait Charlotte, cette histoire n'était pas du passé et loin de là. Cela se voyait à deux milles lieux qu'il était toujours amoureux d'elle. Il faudra que nous ayons un petite conversation, Charlotte et moi, pensa Louise.

Ils parlèrent tous les deux un court instant et Charlotte revint vers Louise.

- Il est d'accord pour que vous laissiez vos jupes ici et pour que vous preniez une monture. Mais mademoiselle, souhaitez-vous vraiment le faire ? Si quelqu'un vous voyait, ce serait la fin ...

- Ne t'en fait pas Charlotte ! Je me ferais discrète. Et puis c'est tellement plus pratique de monter en pantalon. Je sais très bien monter en amazone mais c'est beaucoup moins distrayant. Je préfère de loin monter comme les hommes.

- Bon, si vous y tenez vraiment, ... Louis m'a juste demander de vous dire de choisir une autre monture que celle-ci (elle montra du doigt un magnifique étalon pur-sang anglais gris, appartenant sûrement au roi) et celui-là ( elle déplaça son bras et pointa une sublime jument pur-sang arabe noire. Louise ignorait à qui appartenait celui-ci mais son propriétaire était chanceux). Vous pouvez prendre tous les autres. Je vous en conjure, faites attention mademoiselle !

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