16.

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La lune est presque pleine. Encore quelques jours et Elena pourra se ressourcer. Elle en a besoin plus que tout. Cette belle blonde avait un pouvoir sur la gente masculine, elle le savait. Mais elle avait jeté son dévolu sur Sylvain, le prêtre qui a uni sa sœur Isabelle avec le comte.

Elle a facilement retrouvé sa trace et lui a fait porter un billet pour lui demander de la retrouver sur la place du village à minuit. Elle espère qu'il va venir, poussé par la curiosité. Elle a un plan bien précis en tête et elle a besoin de lui pour le réaliser. La vengeance l'appel de tout son être, elle ne supporte pas l'idée que sa sœur lui est infligée une correction. C'est elle l'ainé, elle n'a aucunement de justification à lui fournir. Si elle veut forniquer avec le mari de sa propre sœur, elle le fait et elle n'a de compte à rendre à personne. Elle déteste et voue une haine sans limite à sa sœur depuis sa venu au monde. Elle n'a jamais supporté qu'elle soit née, qu'elle développe ses pouvoirs avant elle-même, qu'elle soit plus puissante, qu'elle ait fait éclater leur famille, qu'elle épouse un comte riche, qu'elle dispose de tas de privilège qu'elle n'aura pas elle-même. Elena était d'une jalousie maladive qui l'avait poussé à lancer quelque sort, sans graviter au début, sur sa cadette avant de tenter de la supprimer définitivement. Et elle haïssait encore plus sa mère, qui s'était laissé affaiblir par l'amour d'un ange. Leur vie en avait été détruite par sa faute. Elle ne supportait plus ni l'une, ni l'autre.

Il était grand temps pour elle, d'agir.


- Quelle étrange surprise !


Elle ne sursauta pas en reconnaissant sa voix. Elle était maitresse de ses émotions, la plupart du temps, et savait masquer ses sentiments. Elle se retourna en le détaillant des pieds à la tête. Il ne portait pas ses habits d'homme d'église. Sans doute pour ne pas attirer l'attention. Il était habillé comme un gentil homme modeste. Elle trouvait qu'il était bel homme avec ses beaux yeux indigo et ses cheveux châtain. Son visage était angélique, il émanait de lui une certaine douceur alors qu'il semblait tout aussi malsain qu'elle même.


-    J'étais sûr que vous viendriez, sourit-elle.


-    Je ne sourirais pas si j'étais toi, dit-il sans une trace d'humour, qui te dit que je ne suis pas venu t'éradiquer, sorcière ?


-    Je ne sais pas en effet... répond Elena en haussant les épaules.


Elle se met à tourner autour de lui nonchalamment.


-    Peut-être parce que nous voulons la même chose tous les deux, parce que la curiosité vous a poussé me rencontrer malgré que vous détestiez les sorcières ou parce que j'ai bien vu comment vous me regardiez lors du mariage de ma sœur et que je ne vous laisse pas indifférent...


Elle ne chercha pas à cacher son sourire vainqueur quand il la fusilla du regard. Oui, elle lui plaisait et contre toute attente, elle ne le trouvait pas mal non plus. Mais pour lui, c'était un réel dilemme. Aimé une femme qu'on est destiné à anéantir toutes celles de son espèce, c'est comme contre nature. Cela le répugne d'avoir des sentiments pour elle, mais il ne peut s'en empêcher et Elena en a parfaitement conscience. Elle s'approche alors de lui et de son index, vient lui caresser la joue.


-    Que veux-tu exactement ? Demande Sylvain, plein de mépris.


Elena retire sa main et lui chuchota à l'oreille.


-    Je veux faire disparaitre ma chère sœur ainsi que ma mère.


Sylvain la détaille de bas en haut, méfiant.


-    Qui me dit que je peux te faire confiance ?

-    Ma parole ? Dit-elle avant de rigoler en se plaçant face à lui, plantant son regard dans le sien. Qui pourrait bien te dire de me faire confiance ? Surement pas ton oncle, il a dû t'enseigner qu'on accordait jamais sa confiance à une femme et encore moins à une sorcière.


Un rictus déforma le coin de sa lèvre, mais Elena n'en pris pas ombrage. Elle savait que les hommes, en général, étaient des misogynes.


-    Tu devras suivre ton instinct Sylvain. Je veux t'aider à tuer Isabelle et à livrer ma mère à ton oncle.

-    Pourquoi ferais-tu une telle chose ? Demanda le jeune homme en fronçant les sourcils.

-    J'ai mes raisons...

-    Qu'il faudra m'expliquer si tu veux que je te croie, ordonna le jeune homme.


Elena souffla d'agacement. Soit, s'il veut savoir, ce n'est après tout pas un secret.


-    Tout simplement parce que je les déteste. Dit-elle calmement. Je les hais au plus profond de mon cœur !

-    Qu'on-t-elles fait ?


Ce fut au tour d'Elena d'avoir un rictus amer.


-    Ma mère a été assez stupide pour tomber amoureuse d'un satané ange. Elle a détruit ma vie en laissant sa faiblesse prendre le dessus, et ma sœur est simplement venue au monde. C'est suffisant pour la haïr. Elles m'ont chacune gâché la vie. Vois-tu, contrairement à ce que ton oncle t'a appris, toutes les sorcières ne sont pas mauvaises. J'ai certes fait de mauvaise actions, mais je ne suis pas le mal incarné. Nous avons tous une part sombre en nous. Disons que la mienne à une légère tendance à prendre le dessus. Mais je ne devrais pas vivre ainsi, à me cacher du monde par peur d'être bruler sur un bucher. Elisabeth et Isabelle on déclencher cette guerre que le roi à déclarer aux sorcières. Il est temps d'en finir avec elles, pour ma part.


Sylvain, se rapproche d'elle. Elle ne bouge pas mais quand elle tente de caresser à nouveau son visage il lui saisit l'avant-bras de manière brutale. Encore une fois elle n'esquisse aucun geste de surprise. Au contraire elle sourit de manière provoquante.


-    Qui te dit que je ne te livrerai pas au lieutenant de la police en même temps que ta mère.


Elle sourit d'avantage en plissant les yeux.


-    Je vais devoir te faire confiance. A deux, nous serons plus forts pour les piéger.

-    Et qu'est-ce que j'y gagne dans tout cela ?

-    Tu auras la reconnaissance éternelle de ton oncle.


Elle s'approcha un peu plus de lui, son corps frôlant le sien.


-    J'ai une meilleure idée, dit-il.


Il l'embrassa alors, sans crier gars. De sa main libre, Elena passa sa main dans les cheveux de Sylvain. Son cœur battait à tout rompre et une immense chaleur se diffusait dans tout son corps. Aucun homme ne lui avait fait autant d'effet, jusqu'à présent. Il se décolla d'elle, et tous les deux tentaient de reprendre leur souffle.


-    Es-tu une sorcière puissante ? Demande-t-il. Et surtout jusqu'où es-tu prête à aller ?

-    Qu'entends-tu par-là ?

-    J'ai une idée pour faire tomber De Plessis et s'approprier sa fortune. Nous pourrions vivre dans l'opulence jusqu'à notre mort ! Nous devons nous débarrasser de ta sœur, pour que tu prennes sa place auprès du comte. Puis nous nous débarrasserons de lui aussi et à nous sa fortune !

Elena sourit méchamment. Décidément cet homme lui plaisait énormément. Et il était très clair, que ce n'était pas un homme de dieu. Ceux-ci passent leur temps à prêcher sur le bien et le mal, en invitant à la piété et à la confession. Ils ne réfléchissent pas à des plans pour devenir riche en assassinant des gens pour y arriver, ni à séduire de jeune femme.


-    Je suis assez puissante et très motivé, lui dit-elle de façon aguicheuse.


Ils s'embrassèrent à nouveau avant de se diriger d'un pas précipité derrière une maison, dont les occupant semblait tous endormi.

Ils se donnèrent l'un à l'autre dans la plus grande discrétion, celant ainsi leur pacte et leur amour naissant.

IsabelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant