Isabelle

18.

Isabelle quitta les cuisines et retourna dans l'entrée du manoir et se dirigea vers les escaliers.

Un rire discret arrêta sa course. Elle tendit l'oreille et entendit à nouveau un bruit étrange. Elle redescendit les trois marches déjà gravit et se dirigea vers un couloir sombre. Un faible « chut » lui fit dresser les poils sur les bras. Elle avança encore de quelques pas avant de se figer face à ce qu'elle réussissait à distinguer dans la pénombre.

Un couple était adossé dans le renfoncement d'une porte. Elle avait déjà vu la servante, une petite blonde aux formes avantageuses, qui se laissait séduire par Mickaël. L'homme qui avait plongé sa tête dans sa nuque pour y déposer des baisers, avait une silhouette étrangement familière. Elle lui rappelait l'homme qu'elle aimait et elle espérait se tromper. Mais quand la servante la défia du regard en l'apercevant, elle sut que c'était bien lui.
Mickaël ne l'aimait définitivement pas. Ce n'est pas elle qui était séduite au détour d'un couloir sombre et désert. Ce n'est pas à elle, qui il déposait de délicat baiser dans le cou. Ce n'est pas sur elle, qu'il posait ses mains brutes pour lui tenir les hanches.

En plus d'une peine immense, une sombre colère provenant de ses entrailles surgissait d'un coup. Toutes ses semaines à subir ses sautes d'humeur, à s'être senti coupable, à renier ses sentiments, à sentir son cœur sauter en tous sens dès qu'elle l'apercevait, à la peur qu'il essayait d'insinuer en elle, tout la brulait de l'intérieur. Elle était plantée face à eux, les poings serrés le long du corps. Ceux-ci prirent feux, sous les cris de surprise et de peur de la servante. Mickaël se retourna à cet instant et bondit sur elle comme pour lui venir en aide. Elle leva la main dans sa direction et souffla « stop ».
Ses jambes se figèrent de lui-même. De l'autre elle maintint la servante à sa place et avança vers elle, sous l'œil plus qu'interrogateur du vampire. Elle lui passa devant sans s'en soucier et arrivé à hauteur de la femme, elle posa la main sur son front. Elle chercha ses souvenirs rapidement jusqu'au moment où elle avait abordé Mickaël au détour d'un couloir. Elle ouvrit les yeux sur la femme terrifiée.

« Oublie » murmura Isabelle avant de cacher ses mains derrière son dos. La servante clignât plusieurs fois des yeux puis fit une petite révérence. Elle avait oublié la petite scène qui s'était joué devant elle.

- Vous m'avez fait demander madame ?

- On vous attend en cuisine, siffla Isabelle.

Sans demander plus d'explication et face au regard mauvais qu'elle lui adressait, la servante déguerpie à toute vitesse. Elle se retourna face au vampire, complètement stupéfait.

- Tu es une sorcière !?

Elle ne lui offrit que pour seule réponse un sourire narquois. Elle s'avança près de lui, ne sachant clairement ce qu'elle allait lui faire pour se venger de tout ce qu'il lui faisait endurer depuis trop longtemps.

- Alors tu m'as envouté !! S'énerva Mickaël.

Sa main toujours tendu se ferma sur son poing et sa flemme s'éteignit, l'empêchant de le paralysé. Elle s'était attendue à ce genre de phrase, le jour où il découvrirait la vérité. Mais cela faisait plus mal que ce qu'elle avait imaginé. Il s'approcha d'elle et lui saisit le poignet à lui faire mal.

- Avoue ! Tu m'as envouté pour que je sois obsédé par toi depuis le début ! Tu m'as fait tomber sous ton charme !

Elle se dégagea de sa prise et fit demi-tour, écœuré par ses paroles. Ce bougre d'idiot avait donc des sentiments pour elle, mais il était trop aveugle pour les reconnaitre. Elle avait le cœur au bord des lèvres. Le fait qu'il préfère croire qu'elle lui avait jeté un sort la mettait mal à l'aise. Elle se sentait pitoyable.