19.

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Antoine avait, comme promis, préparer le départ de sa femme, non sans un pincement au cœur. Il s'était attaché à elle, bien plus qu'il ne voulait le reconnaitre. Au cours de ses semaines passés avec elle, il avait appris à la connaître, à rire avec elle, à se confier ou simplement à apprécier sa présence apaisante. Mais elle devait partir un temps, pour réfléchir et prendre une décision. Mais quelle décision exactement ? Antoine n'en savait réellement rien. Il avait ressenti sa souffrance, qui l'avait ému et lui avait fait de la peine. Il avait un jour éprouvé cela lui aussi, quand il s'était senti impuissant pour venir en aide à son frère et à sa femme. Il comprenait donc parfaitement qu'elle est besoin de respirer, même s'il désapprouvait de ne pas l'accompagner. Il s'était habitué à passer ses nuits avec elle, à la tenir dans ses bras. Il aimait le fait d'être protecteur, il se sentait utile pour quelqu'un. Mais Mickaël avait gâché cela, et son comportement avait dépassé les limites. Après sa querelle bruyante d'avec Isabelle, il avait tenté de lui parler, mais Antoine n'était pas disposé à l'écouter. Il ne reconnaissait plus son ami, lui qui avait toujours été quelqu'un de fort et réfléchi, était réellement fou d'amour pour elle et préférait l'accusé de l'avoir envouté plutôt que d'affronter ses sentiments pour la jeune femme. Antoine attendrait qu'il se soit complètement calmé avant de lui parler.

N'ayant pas trouvé le sommeil, il avait beaucoup réfléchi cette nuit-là. Le mieux serait d'attendre qu'Isabelle soit partie, pour enfin lui avouer toute la vérité. Il avait, après tout, eu l'accord de sa femme. Certes, parce qu'elle était lasse de cette quête de la vérité qu'il lui réclamait, mais il espérait qu'elle ne changerait pas d'avis. Il s'en voulait encore, lui aussi, de s'être donné à Elena sans qu'il en ait le moindre souvenir, à part les quelques images qu'Isabelle avait bien voulu lui révéler. Et il aurait aimé porter ce fardeau avec son ami car au fond de lui, il n'était pas certain d'avoir eu le total pardon de sa femme, et il savait que celle-ci ne pourrait avancer tant que Mickaël n'aura pas fait ses excuses. De plus, ce dernier avait souvent les bons mots pour le pousser à avancer. Il n'avait jamais connu d'homme aussi courageux. Même si celui-ci devenait stupide en poussant l'amour de sa vie à la jalousie en forniquant avec des servantes. Antoine était bien évidemment au courant, mais que pouvait-il y faire ? Il avait maintes fois tenté de lui faire entendre raison sur les sentiments qu'il éprouvait, mais son ami n'avait fait que nier l'évidence. C'est pourquoi il était quelque peu fâché contre lui. Un seul mot de sa part, aurait suffi à ce que ce mariage soit finalement annulé, il se serait de bonne grâce effacé pour leur laissé vivre leur amour. Mais il n'avait cessé de nier encore et toujours en trouvant des excuses. Et maintenant, s'est lui qui éprouvait de la peine à la laisser partir. Il espérait ne pas tomber amoureux d'Isabelle, car son cœur se gonflait d'appréhension face à la séparation, mais aussi aux retrouvailles et à la décision que la jeune femme allait prendre.
Et si elle décidait de ne jamais revenir et de s'enfuir pour ne plus supporter cette situation ? Non, il ne devait pas pensé ainsi ! Elle avait promis de revenir. Allait-elle arrêter sa relation avec Mickaël, ou au contraire, allait-elle la vivre pleinement ? Et lui serait-il mis de côté ?

Antoine sorti de ses pensées, quand Isabelle descendit les marches du perron. Il l'attendait en bas pour l'aider à monter dans le carrosse. Dix gardes étaient présent, trois devant le cortège, trois à l'arrière et deux cavaliers chevaucheront sur chaque côté.

- N'est-ce pas un peu trop ? Demanda Isabelle. Cela n'a rien de très discret.

David était présent lui aussi, comme elle l'avait voulu. Il montait un cheval blanc tacheté de marron et tenait, par la bride, celui d'Isabelle. Celle-ci détaillait, d'un œil septique, l'étendu de la garde.

- C'est pour ta sécurité, dit-il en lui proposant sa main.

Elle y déposa la sienne délicatement, et ils avancèrent d'un pas lent et assuré.

IsabelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant