Ghost Lover

Chapitre 17

Je ne sais pas si vous connaissez cette sensation, ce vide qui prend possession de votre corps. Avoir l'impression que nos organes se sont tous soudainement volatilisé, que vous êtes une simple coquille vide. Que le monde autour de vous s'est écroulé avec fracas, avec une violence inouïe. Que votre cœur à été arraché à main nu. Plus vous comprenez la situation, plus vous avez l'impression de sentir les ongles s'enfoncer dans votre peau. Puis les doigts se fraient un passage et viennent chatouiller le cœur. La paume de la main creuse son trou et finis par toucher le cœur entier. Et puis, d'un coup, d'un seul, on vous l'arrache, laissant un trou béant dans la poitrine. Le souffle court, les yeux écarquillés, et le cerveau qui refuse cette réalité.

Adam gisait dans son sang, juste sous mes yeux, et pourtant je refusais de comprendre. Mon cerveau refusait cette possibilité. C'était impossible.

A quatre pattes, je m'approchais du corps, trainant mon corps dans le sang, mais je m'en fichais, il était tout ce qui m'importait. Les tremblements de mon corps étaient tellement violent, que je vacillais à chaque avancée.

Je ne pouvais détacher mon regard de ce visage pâle et sans vie. Aucun mot, aucune pensée, rien. Tout n'était que néant, comme le trou qui venait de prendre la place de mon cœur.

Arrivée à quelques centimètre de lui, je m'asseyais sur mes genoux. Lentement, je levais mes mains ensanglantée devant mon visage. Rouge.

L'air se bloqua au fond de ma gorge. Je suffoquais. Les larmes ruisselèrent sur mes joues, se mélangeant au liquide rouge qui m'entourait. Je portais mes mains à mon visage, les doigts légèrement écartés pour ne pas avoir à quitter le visage d'Adam des yeux.

Je secouais lentement la tête de gauche à droite. Je refusais d'y croire. Il ne pouvait pas... Il n'avait pas le droit... Le vide qui m'avait envahi plus tôt se transforma en une peine immense qui paralysa tout mon corps. Mon cœur venait de retrouver sa place, il battait et fonctionnait correctement. Mais chaque battement déversait des litres de poison dans mes veines. Il se propageait partout, et les brulures internes qu'il causait me paralysait tellement que même mes tremblements avaient cessé. L'intérieur de mon corps était en feu, et ce poison me réduisait en cendre petit à petit.

- Adam...

Ma voix se brisa. L'entente de son prénom transformait mon cœur en poupée vaudou que l'on transperçait de toute part.

Et là, je reçus comme un électrochoc. Mon corps entier frissonna, et je me jetais sur son corps sans vie. Je le secouais violemment, appelant son nom encore et encore, ma voix se brisant un peu plus chaque seconde. Il ne se réveillais pas. Et j'étais en train de devenir folle. Je martelais son corps de mes petits poings, en lui hurlant d'ouvrir les yeux, et laissant les larmes noyer mes joues. Il allait ouvrir les yeux. Il allait forcément finir par les ouvrir, Adam ne pouvait pas être... Je me refusais de prononcer ce mot ne serait-ce que dans mon esprit.

Luke était arrivé, je n'avais toujours pas remarqué sa présence, mais il était bel et bien là, le sourire aux lèvres, appuyé contre le mur, se délectant de la scène et de ma douleur.

Enfin, mes poings arrêtèrent de marteler le corps de mon meilleur ami. J'étais avachis sur son torse, ma tête entourée de mes bras, et mon corps se soulevant régulièrement à cause des hoquettements et tremblements.

Le rire sonore de Luke raisonna dans le couloir, et pour la première fois de ma vie, une véritable pulsion meurtrière prit possession de moi. Luke allait mourir. Et je serais celle qui le tuerait. Je me délecterai de voir la douleur lui engourdissant les membres et la vie quitter son visage.