Chapitre 5 : On se heurte à un passé inconnu.

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Harry se réveilla vers deux heures du matin. Ce n'était pas parce que quelqu'un frappait à la porte cette fois, mais à cause d'une envie d'uriner. Il fut un peu déçu. D'un pas endormi il se traîna jusqu'aux toilettes. Il avait vraiment envie de voir Tom. Pourquoi celui-ci n'était-il pas venu au dernier cours ? Est-ce qu'il aurait du le retenir après ce baiser ? Et de quelle manière voulait-il revoir Tom ? Tout de même c'était un garçon, un homme. Et rien n'était clair avec Ginny. Ne l'aimait-il vraiment plus, ou l'aimait-il mais sans plus pouvoir la supporter ? Il n'était pas sur de faire clairement la différence entre un agacement de passage comme en ont certains couples ou une véritable fin des sentiments. De plus il était partagé entre l'envie de faire un choix décisif en obéissant uniquement à ses désirs, et une culpabilité naissante.

D'ailleurs ce baiser avec Tom, n'était-ce pas une forme de tromperie ? Non, il lui avait volé un baiser sans signes avant-coureurs. Mais avoir envie de voir Tom plutôt que sa femme était peut-être en soi de la tromperie. Accorder du temps à une autre personne au lieu de s'occuper de sa femme, ou au moins de clarifier la situation avec elle, c'était lui mentir et se mentir.

Arrêté en pleine réflexion sur le palier des toilettes Harry laissa son regard couler jusqu'à la porte entrouverte de son bureau. N'avait-il pas un roman en préparation ? Il trouvait soudain la trame sombrement idiote. Il avait eu de bonnes critiques pour son dernier roman, ce qui avait vraiment lancé sa carrière, mais il s'agissait alors de faire aussi bien, et de pondre vite pour ne pas faire oublier sa petite notoriété. A cette réflexion Harry eut soudain envie de ne pas en vivre. De prélever des fonds dans l'héritage de ses parents pour retaper l'ensemble d'immeubles vétustes que lui avait légué un parrain dont il n'avait jamais entendu parler et de louer des appartements afin de vivre comme un pacha jusqu'à la fin de ses jours.

«Si seulement c'était aussi simple» pensa-t-il.

Troublé et à présent parfaitement réveillé il écrivit des poèmes jusqu'à une heure avancée de la nuit. Il imaginait des pamphlets contre le ministère de la culture, contre son éditeur, des quatrains comiques sur sa pauvre vie d'écrivain bientôt ratée, des alexandrins sur la mélancolie. Il fit aussi l'éloge de l'Art, des muses, de l'eau chaude du bain, du beurre salé goûté en Bretagne lors d'un voyage avec la famille Weasley il y avait six ans déjà... Il essaya un poème en prose pour coucher sur le papier son trouble, mais là rien ne jaillit. Juste un décasyllabe orphelin.

L'odeur du thé dans les plis de ma peau...

Il eut peur de devenir niais, et alla se coucher vers six heures du matin alors que pointait l'aube. Son sommeil fut agité, vers dix heures il se leva, relut les écrits de la veille en se traitant mentalement d'adolescent immature et entreprit de boire avec maintes grimaces trois cafés serrés.

A onze heures et demie il commença à échafauder des plans pour revoir Tom. Il entendit alors la sonnette retentir. Si c'était Ginny il n'était pas là, si c'était Tom il se précipiterait pour ouvrir, pensa-t-il en épiant à travers la fenêtre de l'étage.

C'était Dumbledore. Pour le coup Harry ne savait pas s'il voulait ouvrir ou non. Mais comme c'était le directeur de l'orphelinat de Tom ça pouvait avoir un lien avec le jeune garçon...

«Bonjour monsieur... euh Albus.

-Bonjour Harry, eh bien c'est donc ici que Tom s'est réfugié à sa dernière escapade ? interrogea celui-ci d'un air entendu.

-Ah euh...oui. D'ailleurs vous voulez peut-être entrer ?

-Avec plaisir, merci.»

Il le mena jusqu'au salon et leur prépara deux tasses de thé.

Les lèvres d'un garçon.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant