Chapitre 19 : On panse ses blessures.

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Harry attendait depuis dix bonnes minutes, sagement assis sur le lit d'hôpital qu'il avait occupé pendant plus d'une semaine. Remus devait venir le chercher et le ramener chez lui, où Tonks l'attendait avec son «cadeau de convalescence». Il avait protesté devant tant d'attentions et plus encore quand il avait appris que la jeune femme avait pour ambition de nettoyer et ranger son appartement durant son absence, mais Remus et elle semblaient décidés à le dorloter. Harry se doutait que Remus voulait sans doute se faire pardonner pour les échanges houleux qu'ils avaient eu ces derniers temps et il le comprenait, mais il avait encore besoin de temps.

C'est donc avec une certaine apréhension qu'il attendait son ami, anticipant la discussion difficile qu'ils seraient sans doute amenés à avoir un jour ou l'autre. Il aurait préféré prendre le bus, sa blessure n'occasionnant plus qu'une petite gêne de temps à autre, mais Remus voulait absolument l'emmener dans un fauteuil roulant jusqu'aux portes de l'hôpital avant de le mettre dans la voiture garée à trois pas de là. Harry en soupira d'avance à l'idée d'être traité comme un infirme jusqu'à ce que le petit couple décide qu'il était en mesure de se débrouiller tout seul.

«Quoi qu'il en soit, pensa-t-il, ce soir à dix-huit heures tapantes je les mets dehors s'ils ne partent pas d'eux-mêmes.»

Il devait en effet rejoindre Dumbledore à dix-neuf heures pour aller chercher Tom à sa sortie de l'hôpital psychiatrique. Les policiers étant revenus l'interroger dans la semaine et Tom ayant apparemment satisfait à son évaluation psychologique, il était maintenant libre de sortir. Harry avait hâte de le revoir, même si c'était en présence du directeur de l'orphelinat. Malgré tout il s'inquiétait de l'état du jeune homme suite à la tournure qu'avaient pris les évènements. Et Dumbledore qui l'avait prévenu de sa fragilité et lui avait dit qu'il ne voulait pas le voir retourner en hôpital psychiatrique ! Il espérait que celui-ci serait clément avec lui et ne lui interdirait pas de fréquenter Tom. Si, du moins, Tom acceptait toujours de le voir après ce qui s'était passé...

Interrompant ses pensées, Remus arriva alors essoufflé devant la porte de sa chambre, des gouttes de pluie ruisselant le long de ses cheveux trempés.

«Excuse-moi Harry, j'ai eu un mal fou à trouver une place sur le parking !

-Ce n'est pas grave. Il pleut beaucoup ?

-Oui et j'ai oublié mon parapluie en plus.

-Et bien espérons que ça se soit calmé un peu d'ici que j'ai signé les papiers de sortie.

-Tu es sûr que ça va aller aujourd'hui ? Tu sais si on insiste je suis sûr qu'ils te garderont une nuit ou deux de plus, dit Remus avec un air inquiet en le voyant se relever avec lenteur.

-Non, tout va bien. Je fais juste attention à ne pas faire de gestes brusques.

-Oh, d'accord... mais, tu es sûr que ça va ?

-Affirmatif ! Je ne passe pas une nuit de plus à trois mètres du service de maternité, répliqua Harry en roulant ses yeux dans leurs orbites.

-Ah c'est ça les cris qu'on entend ?

-Hé oui, c'est ce qui t'attends si jamais tu mets Tonks enceinte, plaisanta-t-il.»

Remus leva les yeux au ciel et pesta contre les gamins immatures avant de sortir le fauteuil roulant qu'il avait laissé dans le couloir.

«Tu n'as tout de même pas cru que je m'étais résigné à te laisser marcher jusqu'à la voiture ?» dit-il en voyant sa moue dépitée.

Le trajet jusqu'au Square Grimmaurd se passa en silence. Harry se laissa bercer par la chaleur de l'habitacle et l'air d'opéra crachoté par la radio, tout en regardant sans vraiment les voir les essuie-glaces se démener contre le déluge au-dehors. Il ne se souvint pas à quel moment il s'était endormi, mais c'est Remus qui le réveilla en le secouant avec douceur lorsqu'ils furent arrivés devant son immeuble. Il l'attendit dans la voiture, le temps qu'il aille chercher un parapluie, alors que des trombes d'eau continuaient de tomber et commençaient à transformer le chemin en rivière boueuse. Harry espérait que ce n'était qu'une averse et qu'il pourrait quand même aller chercher Tom.

Les lèvres d'un garçon.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant