Chapitre 4 : On attend après ce beau visage.

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Harry se réveilla avec un air de déterré. Il n'avait dormi qu'une heure cette nuit et devait assurer deux heures de cours aujourd'hui. Il alla directement se doucher, prit trois cafés forts pour essayer de se tirer de sa léthargie, mais dut finalement se rendre à l'évidence : ça se verrait. Et surtout Tom le verrait. Tom... que faire ? Toute cette situation était tellement bizarre. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, il avait renoncer à adopter, ne pensait plus passer le restant de ses jours avec Ginny, et ce jeune orphelin l'embrassait. Que voulait-il ? Une relation ou juste coucher avec lui ?

«Oh! Mais pourquoi je pense à ça moi, je suis hétérosexuel jusqu'à preuve du contraire. Je lui dirais que je n'aime pas les hommes et le problème sera réglé», se serina-t-il.

Harry arriva un peu en retard à son premier cours et du mettre dix minutes à ramener le calme dans la classe de première. L'heure finie il était vanné, et il se sentait à deux doigts de mourir en pensant qu'il allait avoir celle de Tom à présent. Il se rendit anxieux à la salle, et attendit à l'intérieur que les élèves arrivent. Au bout de quelques minutes presque tous étaient là, presque. Il manquait deux trois élèves, dont Tom. Peut-être ne voulait-il pas se montrer après ce qui s'était passé hier ? Il laissa s'écouler encore quelques instants, puis fit l'appel. Harry était soulagé, mais un peu déçu aussi. Ce ne fut pas aussi palpitant que la première fois. C'était son dernier cours dans l'orphelinat et il se demandait s'il reverrait Tom un jour.

«Après tout c'est aussi bien, sans doute...»

Pas de Slughorn à la sortie. Ni de Tom. Personne ne l'attendait à la fin du cours, et personne ne l'attendait chez lui. Harry se sentit soudain très désœuvré. Il prit machinalement la direction du parking, puis une fois dans la voiture il se demanda que faire. Il regardait l'orphelinat, et en particulier le bâtiment où les cours se déroulaient. Ça lui rappelait l'université. Contrairement à ce qu'on aurait pu croire d'un écrivain un peu connu et ayant réussi à être publié à un aussi jeune âge, il n'avait jamais fait de grandes études. Après son baccalauréat il s'était essayé au théâtre, à l'histoire de l'art, et aux lettres. Il avait validé une année de-ci de-là, quand il n'avait pas abandonné en cours de route, mais il n'avait même pas atteint le niveau de la licence. A dix-huit ans il clamait qu'il voulait être écrivain, se prenait pour un jeune intellectuel et voulait refaire le monde de la culture. A vingt-quatre ans il s'était dit qu'il avait raté sa vie, bien sûr tout n'était pas encore joué, mais il sentait bien qu'il ne parvenait pas à finaliser ses projets.

Il était devenu un touche-à-tout qui ne rentrait jamais dans le détail, qui restait toujours à la surface des choses. Il s'en haïssait lui-même d'être devenu ainsi, mais que pouvait-il faire ? Il ne se sentait à sa place nulle part. Ginny l'avait alors incité à reprendre l'écriture et à terminer le roman qu'il avait commencé. Quand il y réfléchissait, depuis qu'elle était entrée dans sa vie en tant que petite amie et ensuite en tant que femme Ginny l'avait toujours incité ou influencé. Elle était toujours là pour lui souffler un bon conseil, une solution... Au fond c'est elle qui lui avait permis d'avoir un tant soit peu d'estime de lui-même. D'avoir une situation et de se sentir à peu près bien. Et il savait au fond qu'elle l'avait fait pour son bien. Malgré le fait que cette forme de bienveillance soit insupportable à Harry, il ne pouvait pas renier qu'elle avait fait beaucoup pour lui. Devait-il la rappeler et la supplier de revenir ? A dix-huit ans il avait eu besoin d'une mère, d'un substitut, mais aujourd'hui ?

Harry secoua la tête et sourit tristement. Décidément il ne saurait donc jamais ce qu'il voulait. Il avait l'impression que les autres se débattaient entre céder ou résister à leurs envies, tandis que lui angoissait de se noyer entre de faux désirs.

Il se souvint soudain en pensant à Ginny qu'il devait appeler Molly au plus tard ce soir. Tout compte fait il allait vite rentrer chez lui pour s'acquitter de cette tâche dès à présent, elle n'était jamais très patiente dans ce genre de situation.

Les lèvres d'un garçon.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant