La vue était si belle. Je pouvais absolument tout apercevoir de là où j'étais. Le soleil s'instillait à demi feu sur la mer, l'eau calme, presque cotonneuse et reposante, avec par fracas léger des vagues qui venaient s'écraser doucement comme si elles avaient honte d'y déranger le sable encore tiède de la journée écoulée. C'était ici que je me sentais en sécurité, assis en tailleur à l'abri des regards, en confiance. Je me sentais libre, libre d'exister ! Je me rappelle, j'entendais les branches d'arbres autour de moi qui basculaient lentement, comme voguant sur l'air et sans bruit. La brise, fraiche, m'enveloppait de son parfum tendre et enivrant. C'était il y a des années maintenant, lorsque je pouvais admirer ce paysage unique, indescriptible l'où on respire la vie, le vent contre notre visage, cette sensation de liberté dont certain n'ont en aurait jamais la chance d'y goûter, ne serait-ce qu'une infime seconde éternelle. J'étais à l'époque jeune garçon, je rentrais de la plage à vélo comme tous les jours où j'avais pris mes seconds quartiers, comme n'arrêtait pas de dire mon père. Ce soir-là j'étais rentré à la maison un peu plus tôt ou un peu trop tard, à vous de voir. J'étais arrivé au portail qui menait à l'allée de la maison, et des voix inhabituelles. Celle de ma mère. Sa voix calme, presque tremblotante je pouvais encore l'entendre dire qu'elle n'y était pour rien, qu'elle avait essayé de lutter mais avait échoué, n'avait pas réussi. Que l'histoire était terminée, terminée pour toujours. Je m'étais approché, ne comprenant pas, perdu, confu, tel un livre rangé sur une étagère poussiéreuse ne trouvant pas sa place. Mon cœur s'était mis à battre de plus en plus vite, laissant l'impression que l'oxygène me manquait comme s'il avait décidé de ne pas entendre cela. Mon père comme à son habitude avait eu l'air impassible de là où il était, près de la fenêtre de la cuisine. Il ne disait rien, il ressemblait à un pantin à qui on avait oublié de remettre les ficelles. Il fixait un verre vide trônant sur la table, vidé de son contenue, comme la vie dans cette pièce, vidé de sens. Ce verre devait lui rappeler tant de choses, s'ils ne les oubliaient pas au lendemain. J'étais rentré. Ma mère s'était arrêtée en me voyant, surprise, déçu de ne pas avoir pu tout dévoiler de ce que portait son cœur. Ma mère je la respectais, je l'aimais, mais ce soir-là, ce que j'avais vu de mes yeux d'enfant ne comprenant pas ce qu'il se passait, ce qu'il s'était passé, était d'un regard éteint d'affection ; c'était le regard vide, triste, sans vie, sans amour. Où toute la vie semble devenue noire dans un simple regard, comme les étoiles scintillantes absorbées par l'Univers tout entier. C'était terminé, le chapitre de mon enfance heureuse, je pouvais le refermer, maintenant. Il est amusant comme dans la vie, un simple petit moment peut paraître inoubliable et qu'une seconde d'après que l'on ferait tout pour un sourire qui signifie tant de choses, pour un mot, pour un geste qui symbolise tant de belles histoires, pour tout simplement, je crois, être heureux encore une fois. Ma mère était partit ce soir-là, et c'était la dernière fois que je la voyais avant de nombreuse années. Ici, le temps s'était arrêté, comme restant bloqué sur une pendule ne donnant l'heure que deux fois par jours. Lamentablement, refusant de se mouvoir, perplexe.
Mon père, lui, je ne l'avais pas compris. Pourquoi n'avait-il rien fait ? Il m'avait répondu que parfois il valait mieux arrêter de se battre lorsque les dégâts sont trop importants. Il fallait être un peu lâche. Heureusement que mon père avait été là, malgré tout ce qu'il était. Il avait admirablement joué son rôle, entre deux bouteilles qu'il dissimulait tant bien que mal, caché entre deux mensonges. A force il ne s'en rappelait plus où ils les mettaient. Mon père, était de ces personnes froides de l'extérieur, il vivait sa vie comme il l'entendait, sans craindre le jugement des autres, un peu comme un vieil ermite du fond de sa maison attendant sa libération d'une solitude prisonnière. Depuis cette nuit où le temps s'était arrêté et ne voulait repartir, mon père avait tout fait pour moi. Il avait travaillé dur pour pouvoir subvenir à mes besoins, il avait travaillé d'autant plus fort et réussis même à prendre un petit travail à l'auberge du village ; et était même apprécié pour ses plats qui était bien meilleurs que l'ancien cuisiner. Les jours passaient tranquillement, ils se ressemblaient un peu. Cependant j'allais davantage à mon endroit qui lui était toujours aussi beau et n'avais pas changé du moins du monde. C'est d'ailleurs sur cette colline que j'y ai construit ma vie, ou du moins que j'y ai façonné mes rêves, uns à uns et que je me suis promis, non pas de tous les réaliser, mais de tout faire pour y parvenir et de vivre ma vie d'une façon qui fera mon bonheur.
VOUS LISEZ
Living Memory
RomanceIl se redressa de son dos courbé, me regarda de ses yeux brillants, et me souris, enfin ce n'était pas le grand sourire où l'on distingue toute les dents et qui remonte à la moitié du visage, mais juste le sourire qui signifie merci. Il se raclait l...