Chapitre 9

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Au soir, nous étions rentrés à la maison ; les lumières jaune de l'intérieur y laissaient apercevoir de la vie, telle une preuve de l'existence, marquant un territoire. Une odeur émanait de la cuisine et je pouvais la sentir de là où j'étais avec Laure. Cela sentait bon, et cette odeur mélangé à celle de la brousse, de l'humide offrait un mélange si particulier, presque unique. C'était ma mère et Anita qui avait fait à manger ce soir-là, et nous nous étions tous installé dans la véranda éclairé et faisait voir les fenêtres jaunis à cause de l'ampoule suspendu et vacillant parfois, tel un phare éclairant par vague identique humanisant l'horizon de sa présence. Ma mère avait rapporté un plat, le Tamatie bredie c'était la seule fois que j'en avais mangé mais je m'en rappelle encore de ce que c'était ; un ragoût d'agneau avec des tomates. Ma mère ne cuisinait pas aussi bien que mon père mais elle cuisinait quand même bien, en tout cas je venais de le voir. Son plat avait eu un succès fou, et ce même auprès de Jo qui était là ce soir-là, lui l'enfant du pays. Le lendemain nous avions prévu de faire le rassemblement ; les personnes qui devaient être présente étaient en chemin. Au départ, il n'y aurait que Jack, Anita, Monica, Jo et son groupe maintenant de près d'une dizaine de personnes. Ensuite nous devions nous regrouper et nous rejoindre à la place de l'hôtel de ville, et là des cars tout justes affrétés viendront nous rejoindre. Il devait y avoir près de deux cents personnes au total, dont les deux journalistes anglais inclus. Ces cars permettaient d'emmener des familles noirs, des femmes, des enfants et des travailleurs des fermes occupées par les riches colons. Je le trouvais tellement courageux de se lever contre les lois, de clamer en ceux qu'ils voulaient, en ce qu'ils croyaient, en ce que nous croyions tous ici, la liberté et surtout l'égalité de chacun. Il est ironique dans l'histoire de l'humanité, l'Homme n'a cessé de se comparer et cela a amener la différence. Cette différence, si elle est accepté en fait un des plus beau avantages, mais si elle en exclu et en prône l'unicité, elle fait face aux pires horreurs que nous avons connus, peur de la différence, peur de ne pas être comme tout le monde. Or l'anormal, s'il existe, est tout simplement des plus normal, l'anormalité naît de la normalité. C'est ce que m'avais dit Jo, ce soir-là, lorsque nous étions tous deux sortis dehors, sur la pelouse humide du soir tombé et lavé par le soleil chaud. Il fumait le cigare, et la fumé s'envolait loin dans le ciel, ce laissant éclairer par ces étoiles sonnant l'incroyable magie de l'Univers. L'odeur, en revanche sonnait plutôt l'envie de s'en écarter, mais cela ne me dérangeai pas trop. Il me raconta ensuite lorsqu'il était plus jeune, il avait toujours eu l'envie de faire quelque chose de sa vie, quelque chose que beaucoup n'ont pas le courage de faire, de faire de sa vie la sienne, et de changer le monde. Il voulait changer le monde et je pense que c'est en changeant notre façon de penser, je veux dire en lui permettant de s'ouvrir aux autres et de l'en orienter vers de belles choses que nous pouvons commencer à changer le monde. Ce sont les plus petits détails qui nous permettent de réaliser les plus grande choses, en continuant chaque jours, pour en former l'impossible. Jo était rentré ensuite, et j'étais resté là, ainsi, seul, devant ces étoiles qui me regardaient de leur lumières ancienne puis je n'avais pensé à rien. J'avais laissé place un à vide dans ma tête et j'avais fermé les yeux, pour me concentre encore plus à sentir le vent m'effleurer, cette chaleur nocturne envelopper mon corps et respirer l'air pur de ces terres si riches. Ne rien penser. Oublier de penser. C'était tout.

Quelque minutes plus tard j'étais partis rejoindre Laure, qui était dans la chambre au fond du couloir mal éclairé et aux murs parfois décrépis et ou la peinture beige commençait à s'en aller. Elle était assise sur le lit, regardant une photo entre ses mains si douces, et ses cheveux lui tombant presque sur le visage ; je me demandais toujours comment faisait-elle encore pour voir lorsque ces yeux bleu en était caché par ses blonds cheveux aux reflets parfois roux lorsque le soleil venait s'y mêler. Je m'étais assis à côté d'elle, et je n'avais rien dit. Je l'avais laissé commencer, et finalement aucun mot n'était sorti d'entre ces lèvres, mais elles en avaient dessiné un sourire des tout autres. Elle avait ensuite déposé sa photo d'entre ces mains pour la laisser sur la table de nuit, et cette photo représentait son père et elle, sur un bateau qui était amarré à un port, il me semble. C'est parent lui manquait sûrement, et je ne savais pas trop comment faire pour l'apaiser, la rassurer, être présent pour elle. Mais parfois, les paroles que l'on peut dire en sont insuffisante, et il n'y qu'un simple geste qui peut tout enlever, comme une éponge sur un tableau noir enlevant les traces de craie blanche. Je l'avais prise dans mes bras, je l'avais serré aussi fort que des milliers de photos l'auraient pu faire si cela avait été possible, et je lui avais pris ses mains frêles et je les avais serré entres les miennes, certes un peu moins douce. Nous étions resté ainsi de longue minutes, tel que la constellation d'Apodis en eu presque rejoint Orionis, prenant notre temps à apprécier notre présence respective, et à s'aimer chacun plus fort que le temps le permettait. Nous nous étions ensuite laissés tomber sur le lit, comme une pluie de pétale de rose rouge. Nous avions savouré notre passion respective, sous le regard attendrissant des étoiles et du ciel bienveillant des plaines d'Afrique.

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