J'appuyais sur le petit bouton, mes doigts tremblaient un peu sous la pression. Pendant quelque instant, rien, sauf le bruit de la sonnette ancienne qui résonnait encore dans ma tête. Un bruit de pas, une voix, une voix de femme, aigue et grave à la fois se fit entendre. Elle disait qu'elle arrivait. Un son de clef tournant dans la serrure, puis un deuxième. Des cliquetis métallique tournèrent eux aussi, la poigné ronde au milieu de cette porte rouge tournait, la porte s'entrouvris, lentement, laissant apparaître une dame âgé, aux cheveux blanc. Ce n'était pas ma mère. Je ne savais pas qui était cette dame, je venais de penser que je m'étais peut-être trompé de lieu, d'adresse, de personne. Laure me regardais de ses grands yeux blanc et semblait en confiance. Je ne savais pas plus quoi faire, partir me semblait la meilleure solution car je m'étais attendu à revoir ma mère et je pensais que ça allais être elle qui allait ouvrir cette vielle porte, qu'elle allait me reconnaître et que tout serait redevenue comme avant. Mais rien de tout ça. La dame nous regardait surpris de ces yeux qui voyaient deux étrangers que nous étions. Laure lui disait, que nous venions de la part de Jack Haydenower, la dame laissa entendre un son étouffé, une respiration bloqué et nous regardais, maintenant comme deux êtres inventés qui ne pouvait exister en vrai, un songe raconté tant de fois, oublié par tous, sauf de cette dame aux cheveux blanc tenant la porte de sa main habillé d'une peau laissant voir ces veines usées et devenue bleus, à force de laisser un liquide apportant la vie, circuler. Elle laissa entendre dans un souffle un entrez, et ouvrait la porte de toute son envergure. Je rentrais en premier, Laure me suivait et regardais l'entrée de cette maison, elle était tellement lumineuse contrastant avec l'extérieur, qui lui était terne et sans vie. La femme âgée nous amenait dans une salle à manger, les murs tapissés de papier peints coloré et de motifs anciens, avec des cadres laissant entrevoir des paysages peints à l'aquarelle. Je m'en souviens d'un en particulier, il était accroché près d'une armoire où était entassé des bibelots de toute une vie. Il y avait une multitude de tortue, en terre cuite et peinte elles aussi de somptueuses couleurs. Certaines était verte, d'autre d'un jaune étrange mêlé à du rouge et une touche d'un bleu nuitée. Ce tableau représentait une plage, peut-être sur une île, je n'avais jamais su. Au fond de cette plage, il y avait la mer, déchainé mais il y avait aussi aux alentours une forêt vaste, de conifères, de pins et les mouvements du pinceau avaient laissé distinguer le souffle du vent dans les branches d'arbres, étendue de tous leurs êtres. Ce tableau je l'avais fixé, pendant un long moment et lorsque la dame nous avait dit de nous assoir sur son canapé mou, mais je me rappelle très confortable, j'avais dû détourner le regard. Pourtant c'était un tableau normal, simple mais je ne sais pas je l'ai tout de suite aimé, et c'était bizarre de ressentir cela pour une peinture, pour de l'art. Elle nous demandait si nous désirions boire quelque chose, et je venais de remarqué que j'avais terriblement soif, car je n'avais pas bu depuis mon arrivé dans ce nouveau pays. J'avais répondu que nous prendrions de l'eau, pour Laure et moi. Elle partit à la cuisine, et était quelques minutes plus tard avec deux grands verre d'eau mais également une petite boîte vernis et lorsqu'elle l'avait déposé sur la table basse, devant nous, ses mains avait tremblé, comme hésitant. Elle me regardait, souriait, je ne savais pas si c'était un sourire heureux ou un sourire triste, celui où se remémore les moments qui n'existerons plus jamais, envolé avec le temps. Elle disait avec un accent anglais et parlant français qu'elle savait qui j'étais et qu'elle était très heureuse de me revoir, que j'avais changé pendant toutes ces années. Maintenant je pouvais savoir que son sourire qu'elle affichait sur son visage fatigué était un sourire de quiétude et peut-être même d'apaisement. Je lui demandais comment elle pouvait me connaître, car je lui disais que je ne l'avais jamais vue et que j'habitais à des centaines de kilomètres d'elle. Elle regardait Laure, et me dit, que j'avais de la chance de l'avoir rencontré, qu'elle me correspondait. Laure et moi, avions échangé un coup d'œil puis la dame ouvrait le petit coffre qui était disposé devant nous. Elle en sortit une photo, et me la tendis. C'était un petit un petit garçon, âgé de deux ans. Il semblait jouer avec des petits cubes en bois, où était indiqué des chiffres dessus, écrit en gros. Elle me dévisagea, puis me dit que le petit bonhomme comme elle disait si bien, était rien d'autre que moi sur la photo. Elle me racontait que c'était elle qui avait pris cette photo. Je la regardais sans comprendre, et je venais de penser que la plupart des personnes que je rencontrais en ce moment me connaissait mais que je n'avais aucune idée de qui ils étaient eux. C'était assez étrange comme impression, vivre dans un monde qui n'est pas le vôtre. Cette dame s'appelait en réalité Anita, elle travaillait pour ma mère à l'ambassade d'Angleterre en Afrique du Sud. Anita, c'était occupé de moi, elle m'avait ramené en France, car à cette époque la tension était devenue trop dangereuse pour les Anglais, et ma mère avait dû rester pour continuer à aider à lutter avec son mari et sauver des milliers d'enfants voué à une vie d'esclavage et de racisme pourtant interdit depuis longtemps dans le pays. Elle m'avait ensuite confié à Jack(*) jusqu'à mes quatre ans et ma mère était revenue en France, avait rencontré mon père. Enfin, je venais de réaliser que si j'étais né avant que ma mère rencontre mon père c'est que ce n'était pas lui. Je venais de réaliser que mon père, n'était pas mon père. Il ne l'était pas. Je décidais de sortir de la pièce, d'aller dehors, de respirer de l'air, de l'air frais, de voir le ciel, quelque chose d'autre que cette femme, que cette vielle femme assise en face de moi qui maintenant ne souriait plus. Laure avait décidé de me rejoindre mais Anita lui avait dit qu'il fallait que je reste seul. Oui rester seul, ça devait être ça la solution, la solitude, la solution à tous les problèmes. Foutaise. J'avais besoin de Laure, avec moi, dehors, que l'on respire l'air frais ensemble, que l'on voit le ciel ensemble. Je n'avais que Laure pour moi, je n'avais qu'elle.
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Living Memory
RomanceIl se redressa de son dos courbé, me regarda de ses yeux brillants, et me souris, enfin ce n'était pas le grand sourire où l'on distingue toute les dents et qui remonte à la moitié du visage, mais juste le sourire qui signifie merci. Il se raclait l...